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Économie - Crise

Baisse du prix du pain, une première depuis mai 2020

Le prix de l’essence, désormais ajusté deux fois par semaine, a également diminué.

Baisse du prix du pain, une première depuis mai 2020

Le grand paquet de pain blanc arabe pèse désormais 905 grammes, pour un prix de 2 500 livres libanaises. Photo M.A.

Le prix du pain arabe, ajusté de manière très fréquente par le ministère de l’Économie et du Commerce depuis mai 2020, a enregistré cette semaine sa première baisse depuis près d’un an, sur fond de crise, de blocage dans la formation du gouvernement et de rationalisation à venir des mécanismes de subventions dont bénéficient certaines importations, notamment celle de blé.

Depuis hier, le prix du grand paquet de pain blanc arabe (rabta) pèse désormais 905 grammes, pour un prix de 2 500 livres libanaises, contre 3 000 livres les 960 grammes lors du dernier ajustement à mi-mars, soit une baisse de 11,58 % en tenant compte de la différence de poids, selon nos calculs. Le paquet de 430 grammes coûte, lui, désormais 1 750 livres, au lieu de 2 000 livres pour 385 grammes deux semaines plus tôt. La baisse depuis mi-mars est de 21,15 %, en intégrant là aussi la différence de poids.

Dans un communiqué transmis à la presse mercredi soir, le ministère a lié cette baisse à celle des cours mondiaux du blé, à l’appréciation relative de la livre sur le marché parallèle au cours des deux dernières semaines. Le taux de change est passé de près de 15 000 livres pour un dollar à moins de 12 000 livres hier en début de soirée. Mais le facteur le plus décisif a été la hausse du ratio de couverture des factures des importateurs de blé par le mécanisme de subventions dédié, qui passe de 85 à 100 %. La Banque du Liban a appliqué cette hausse à la demande du ministère pour une durée qui n’a pas été déterminée.

Durée indéterminée

Les importations de blé font partie, comme celles de carburant ou de médicaments, des produits ciblés par la circulaire n° 530 de la Banque du Liban adoptée en octobre 2019. Ce texte qui permet aux importateurs concernés d’échanger leurs livres contre des dollars au taux officiel (1 507,5 livres pour un dollar, plus une marge autorisée d’une poignée de livres) pour payer les factures de leurs fournisseurs. Les dollars en question proviennent des réserves de devises de la BDL et sont fournis via les banques des importateurs, à charge pour eux de fournir la portion restante des montants exigés en dollars « frais ». Cette expression désigne les espèces ou les billets transférés de l’étranger, dont l’équivalent en livres se calcule en fonction du taux du marché parallèle, ce qui influe donc sur le prix final du blé, de la farine et enfin du pain. Les dollars frais s’opposent aux dollars des dépôts des clients dans les banques libanaises dont l’accès a été restreint dès le début de la crise, en l’absence de toute loi instituant un contrôle de capitaux et qui peuvent être retirés à un taux de 3 900 livres pour un dollar.

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Pour en revenir aux subventions, la hausse du ratio de prise en charge signifie que la BDL va devoir débloquer plus de dollars pour les importateurs de blé. « La BDL a tenu compte de l’impact social de la mesure et du fait que le montant des subventions couvrant les importations de blé restait modeste par rapport à d’autres catégories de produits », a expliqué une source proche du dossier. Selon les données existantes, qui ont notamment été présentées au Parlement en décembre, les subventions sur les importations de blé coûtent moins de 150 millions de dollars en moyenne par an contre plus de 2 milliards de dollars par exemple pour l’ensemble des carburants importés, à l’exception de ceux consommés par les centrales d’Électricité du Liban qui ne sont pas englobés dans la circulaire n° 530.

Mais il n’y a pas que le prix du pain qui a baissé cette semaine. En hausse quasi constante depuis le début de l’année, le prix des 20 litres d’essence à 95 octanes a diminué de 300 livres, passant à 39 400 livres, tandis que celui à 98 octanes (qui n’est quasiment plus proposé sur le marché local) a baissé de 200 livres, et donc vendu à 40 700 livres. Le prix des 20 litres de mazout a, pour sa part, baissé de 700 livres, à 27 300 livres, tandis que le prix de la bonbonne de gaz est maintenant de 26 900 livres, en baisse de 900 livres. Selon le représentant des distributeurs de carburant Fadi Abou Chakra, « une baisse supplémentaire des prix aura également lieu la semaine prochaine », en raison selon lui de la baisse des cours mondiaux du pétrole et de l’appréciation légère de la livre par rapport au dollar.

L’avenir des subventions

Habituellement ajustés les mercredis par le ministère de l’Énergie et de l’Eau, les tarifs de ces carburants sont désormais modifiés deux fois par semaine afin de suivre au plus près les fluctuations des différentes variables servant à les déterminer (cours moyen du brut, fluctuations de la livre et marges des distributeurs, notamment). Tous ces produits bénéficient de plus du même mécanisme de subvention instauré par la circulaire n° 530, pour un ratio de couverture atteignant 90 %. Mais la baisse des prix est, elle, principalement liée à la baisse relative du taux dollar/livre sur le marché parallèle, une tendance qui se poursuit depuis le pic atteint au-dessus de 15 000 livres courant mars, et dont les facteurs sont toujours aussi difficiles à identifier compte tenu de l’opacité de ce marché. « Une des explications qui circulaient hier dans les cercles qui suivent activement le taux est que cette baisse qui survient aux environs du début du mois est artificiellement provoquée par les agents de change pour pousser ceux qui encaissent des dollars à les échanger en livres », confie une source financière.

Enfin la livre et l’avenir des subventions sur les achats de dollars pour les importateurs restent plus que jamais le point focal de ce début de printemps. Face à la baisse des réserves de la BDL, les mécanismes existants couvrant le blé, le carburant, les médicaments, mais aussi le matériel médical, les matières premières destinées à l’industrie pharmaceutique locale et certaines denrées alimentaires doivent en effet être supprimés ou rationalisés d’ici à juin, comme l’ont exprimé plusieurs responsables au cours des dernières semaines. Répondant au Daily Star, le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, a indiqué hier que « le gouverneur de la BDL Riad Salamé avait informé Hassane Diab que la banque centrale ne pourra pas continuer à subventionner les produits, n’ayant plus que 1,5 milliard de dollars environ de réserves restantes dans ce but », un chiffre déjà évoqué dans la presse. Toujours selon le ministre, le gouvernement planche toujours sur un système de cartes prépayées réservé aux plus vulnérables pour remplacer les subventions.

Présenté par le ministre sortant de l’Économie et du Commerce Raoul Nehmé en décembre 2020 et préparé avec le concours de la Banque mondiale, ce système prévoit par exemple de fournir 50 dollars pour chaque adulte libanais de plus de 23 ans, et 25 dollars aux plus jeunes, avec l’ambition de subventionner la consommation de près de 75 % des Libanais, sans toutefois inclure les étrangers et les réfugiés pris en charge par l’aide internationale. Le ministre avait en outre rappelé que les différents systèmes de subvention coûtent 6 milliards de dollars par an, dont une partie est détournée soit par des commerçants qui tentent discrètement de gonfler leurs marges, soit par la contrebande de produits à destination de la Syrie.

Le prix du pain arabe, ajusté de manière très fréquente par le ministère de l’Économie et du Commerce depuis mai 2020, a enregistré cette semaine sa première baisse depuis près d’un an, sur fond de crise, de blocage dans la formation du gouvernement et de rationalisation à venir des mécanismes de subventions dont bénéficient certaines importations, notamment celle de...

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Quand on nous annonce une baisse des prix un premier avril, on se demande si ce n'est pas une blague de mauvais goût...

Gros Gnon

17 h 48, le 02 avril 2021

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Commentaires (1)

  • Quand on nous annonce une baisse des prix un premier avril, on se demande si ce n'est pas une blague de mauvais goût...

    Gros Gnon

    17 h 48, le 02 avril 2021

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