Rechercher
Rechercher

Politique - Focus

Diab rejette la « proposition » de Nasrallah et renvoie la balle dans le camp du Parlement

Le Premier ministre démissionnaire appelle à une « interprétation constitutionnelle » de la notion d’expédition des affaires courantes. 

Diab rejette la « proposition » de Nasrallah et renvoie la balle dans le camp du Parlement

Hassane Diab adressant un message aux Libanais, le 6 mars 2021. Photo d’archives Dalati et Nohra

Le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, n’en démord pas. De plus en plus impatient de quitter son poste, il veut surtout éviter de subir les conséquences d’une aggravation de la crise actuelle. Il multiplie donc les appels à la formation d’un nouveau gouvernement, tout en réduisant son devoir d’expédition des affaires courantes au minimum alors que ses principaux parrains, dont le Hezbollah, prônent le renflouement de son cabinet. Pour le chef du gouvernement sortant, cette éventualité requiert une interprétation de la Constitution. La balle est donc dans le camp de la Chambre, qui devrait s’acquitter de ses responsabilités sur ce plan.

C’est ce message que le Premier ministre démissionnaire a voulu véhiculer à travers le communiqué qu’il a publié hier. « La formation du gouvernement est une priorité absolue », a souligné M. Diab, déplorant le fait que huit mois après la démission de son équipe, le 10 août dernier dans la foulée de la double explosion au port de Beyrouth six jours plus tôt, « les efforts menés pour former un nouveau cabinet n’aboutissent pas ». « Cette situation a dépassé les limites de la logique et de la raison. Et la formation du gouvernement s’est transformée en une crise nationale, ce qui exacerbe la souffrance des Libanais », a-t-il ajouté, évoquant un « cercle vicieux politique effrayant ». Conscient du fait que l’échec à former une équipe ministérielle signifie que son gouvernement devrait continuer à expédier les affaires courantes, Hassane Diab s’est voulu clair à ce sujet, estimant que « cette question des prérogatives de son cabinet doit faire l’objet d’une “interprétation constitutionnelle”. Cette interprétation, qui doit être donnée selon lui par le Parlement, doit définir les limites et le rôle du gouvernement démissionnaire à la lumière de la réalité actuelle, due au retard mis à former le cabinet ». Défendant naturellement l’action de son cabinet, M. Diab a déclaré que celui-ci « n’a jamais hésité à s’acquitter de ses tâches dans la mesure du possible » et a souligné que le travail n’a été suspendu dans aucun ministère, ni au niveau de la présidence du Conseil. « La formation d’un nouveau gouvernement est aujourd’hui une priorité absolue, et toutes les parties concernées doivent coopérer pour mener à bien cette mission nationale », a-t-il exhorté.

Lire aussi

Baabda cherche à se débarrasser de Hariri, sans le reconnaître

Sauf que le Parlement, dont le président, Nabih Berry, soutient les efforts de Saad Hariri pour former un cabinet de spécialistes non affiliés aux partis politiques, ne semble pas disposé à se lancer dans le chantier de l’interprétation constitutionnelle. Et si la Chambre tiendra une séance plénière au palais de l’Unesco à Beyrouth, l’ordre du jour ne prévoit que le vote d’une loi accordant une avance du Trésor à Électricité du Liban, ainsi que l’examen d’une proposition de loi portant sur le recouvrement des fonds dilapidés.

Messages politiques

Les déclarations de Hassane Diab interviennent un peu plus de deux semaines après un message qu’il avait adressé à la nation, le 6 mars. Il s’était alors dit prêt à « s’abstenir de remplir (ses) fonctions si cela contribue à la formation du gouvernement, même si cela va à l’encontre de mes convictions », avait-il précisé. En janvier dernier, le Premier ministre sortant avait tenté, en vain, de rapprocher les points de vue entre le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri. Une façon pour lui d’accélérer les tractations gouvernementales.

Mais c’est le timing du tout dernier communiqué du Premier ministre sortant, qui lui confère toute sa dimension politique. Et pour cause : au-delà de son forcing pour la mise en place d’une équipe ministérielle, M. Diab a adressé plusieurs messages aux parrains de son accession à la présidence du Conseil, notamment le Hezbollah. En renvoyant la balle dans le camp du Parlement, Hassane Diab a, d’une part, réitéré son refus d’élargir le concept d’expédition des affaires courantes et affiché son soutien à Saad Hariri, en appelant « toutes les parties » à collaborer avec lui pour la naissance du cabinet. Une flèche implicitement décochée en direction du tandem Baabda-CPL que M. Hariri, soutenu par le club des anciens Premiers ministres (Fouad Siniora, Tammam Salam et Nagib Mikati), accuse de bloquer sciemment le processus, afin de s’assurer du tiers de blocage au sein de la future équipe.

Lire aussi

Entre Amal et le Hezbollah, une arête nommée Michel Aoun

Hassane Diab a surtout répondu hier au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pourtant perçu comme son principal parrain. Dans son discours télévisé, jeudi dernier, le numéro un du parti chiite avait proposé la « réactivation du gouvernement de Hassane Diab », lequel « ne doit pas poser de conditions à une telle éventualité ». Une idée que le Hezbollah et la présidence de la République n’ont pas voulu commenter dans les médias, pour ne pas creuser davantage le fossé avec M. Diab. Hassan Nasrallah avait également dans ce même discours « conseillé » à Saad Hariri de « revoir sa formule », disant favoriser la mise sur pied d’une équipe « techno-politique », au sein de laquelle toutes les parties seraient représentées et se partageraient les responsabilités. Il avait souligné qu’un cabinet qui sera amené à prendre des « décisions impopulaires » aura besoin du soutien de tous les partis vis-à-vis de leurs bases, afin de ne pas « tomber dans deux semaines ou deux mois sous la pression de la rue ». Si, hier, le bloc parlementaire du Hezbollah s’est dit attaché au discours de Hassan Nasrallah, il n’a pas évoqué un cabinet « techno-politique », insistant sur le fait que c’est le soutien politique dont bénéficierait le gouvernement qui compte, et non sa forme et sa composition. « Le discours du secrétaire général du Hezbollah montre les moyens de sortir le pays de la crise gouvernementale (…) », peut-on lire dans un communiqué publié à l’issue de la réunion hebdomadaire du groupe parlementaire de la formation chiite. Soulignant que la région est sur le point de connaître des changements importants, le bloc a déclaré qu’il mise sur « un gouvernement qui bénéficierait de la plus large assise parlementaire, pour que soit préservée la souveraineté du Liban (…) ». Il reste que les divergences autour de la forme du cabinet et l’appui politique dont il devrait bénéficier ne semblent pas surmontables dans un avenir proche. La période d’expédition des affaires courantes risque donc de se prolonger, contrairement à ce qu’espère Hassane Diab.

Le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, n’en démord pas. De plus en plus impatient de quitter son poste, il veut surtout éviter de subir les conséquences d’une aggravation de la crise actuelle. Il multiplie donc les appels à la formation d’un nouveau gouvernement, tout en réduisant son devoir d’expédition des affaires courantes au minimum alors que ses principaux...

commentaires (5)

HN ou trouve t il les dollars pour payer ses missionaires ? Le traffic de drogue ?

Eleni Caridopoulou

17 h 07, le 26 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • HN ou trouve t il les dollars pour payer ses missionaires ? Le traffic de drogue ?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 07, le 26 mars 2021

  • " Soulignant que la région est sur le point de connaître des changements importants, le bloc a déclaré qu’il mise sur « un gouvernement qui bénéficierait de la plus large assise parlementaire, pour que soit préservée la souveraineté du Liban (…) " La phraser la plus importante de tout l'article ! Le Hezbollah se rend compte que ces changement se feront a ses dépends et cherche a voir former un gouvernement qu'il contrôlera pleinement et qui pourra le couvrir . C'est le moment d'augmenter la pression le plus possible pour qu'il accepte de lâcher prise sinon c'est tout le pays qui trinquera au lieu du parti iranien seul. Depuis 2005 le compte a rebours pour la fin du Hezbollah avait débuté. Plus le temps passe plus il s’emballe et plus sa fin est proche... La patience est mère de toute les vertus.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 36, le 26 mars 2021

  • Votre Béatitude vous savez qui bloque tout le système ? c’est Gibran ! La damnation et le purgatoire au lieu de la nation et de l’histoire!

    PROFIL BAS

    20 h 57, le 25 mars 2021

  • IL N,Y AURA PAS DE NOUVEAU GOUVERNEMENT COMME LE VEULENT LES INTERNATIONAUX, A CAUSE DES BOYCOTTEURS BIEN CONNUS ET DE LEURS INTERETS PERSONNELS, MEME SI LE PAYS S,EFFONDRE TOTALEMENT ET LES CITOYENS AFFAMES MEURENT DANS LES RUES. LIBANAIS, VOUS LES CONNAISSEZ. SOULEVEZ-VOUS EN TSUNAMI ET BALAYEZ-LES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 45, le 25 mars 2021

  • Il se révèle de jour en jour Diab. Pourvu que ça continue. Les libanais ne devraient pas adopté plusieurs discours pour éviter la cacophonie , seule la constitution et les lois libanaises doivent être respectées, le reste n’engage que ceux qui y croit. On ne peut que les encourager à persévérer.

    Sissi zayyat

    17 h 27, le 25 mars 2021

Retour en haut