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Moyen-Orient - Éclairage

Pourquoi les cours du pétrole sont à la hausse

Alors que le prix du baril de Brent a de nouveau brièvement passé la barre des 70 dollars hier, la prudence reste de mise du côté des investisseurs.

Pourquoi les cours du pétrole sont à la hausse

Une installation d’extraction de pétrole imprimée en 3D devant le logo de l’OPEP, le 14 avril 2020. Dado Ruvic/Photo d’archives Reuters

Le vent d’optimisme qui souffle depuis le début de l’année sur les marchés pétroliers ne faiblit pas. Enregistrant des cours du pétrole similaires à ceux de l’année dernière avant la pandémie de Covid-19, le cours du Brent a de nouveau brièvement passé la barre des 70 dollars hier pour livraison en mai, oscillant entre 67,83 et 70,03 dollars dans la journée. Un seuil symbolique qui avait déjà été atteint lundi dernier, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire mondiale.

Cette remontée est le résultat des efforts réalisés par les producteurs de pétrole à l’échelle internationale pour limiter la production suite à la chute vertigineuse de la demande chinoise, puis mondiale, dans le sillage de la propagation du coronavirus au début de l’année 2020. Des complications supplémentaires avaient ensuite émergé en mars dans le cadre de la guerre des prix du pétrole, déclenchée par l’incapacité de l’Arabie saoudite et de la Russie à s’entendre sur une limitation de la production pour maintenir des cours élevés. Alors que Moscou espérait infliger un coup à Washington, dont la production de pétrole de schiste nécessite des prix du baril élevés pour être rentable, Riyad avait pour sa part fait le choix d’inonder le marché. Le prix du baril, qui s’élevait à 60 dollars en janvier 2020, avait alors atteint les 22,89 dollars deux mois plus tard, soit son niveau le plus bas depuis 17 ans. Conséquence de la pression américaine pour stabiliser les marchés, un accord avait été finalement conclu entre les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et une dizaine d’autres producteurs de pétrole, dont la Russie (format OPEP+), et les États-Unis, sur une réduction « historique » de leur production.

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« La pression à la hausse sur les prix a été maintenue car l’OPEP+ a retardé les augmentations de production convenues précédemment », souligne Carole Nakhlé, fondatrice et PDG de Crystol Energy, interrogée par L’Orient-Le Jour. « Les perspectives économiques mondiales se sont également considérablement améliorées par rapport à l’année dernière, en particulier avec le déploiement de la vaccination, ce qui a stimulé la demande de pétrole », poursuit-elle. La hausse des prix de l’or noir résulte également de la tempête de froid au Texas en février, qui a fait chuter la production américaine de pétrole de schiste de 10 %, et des récentes attaques contre les installations pétrolières saoudiennes par les rebelles houthis au Yémen, appuyés par l’Iran, alimentant les tensions régionales.

Pression à la baisse

Si les membres de l’accord ont récemment permis à la Russie et au Kazakhstan d’augmenter sensiblement leur production pour le premier trimestre de 2021, l’Arabie saoudite, qui est le plus grand producteur de l’OPEP, a notamment maintenu une production presque stable en décembre. « Les Saoudiens ont de gros déficits budgétaires et un baril entre 65 et 70 dollars leur permet d’atteindre un seuil de rentabilité sans trop de problèmes, même s’ils produisent moins », remarque Jean-François Seznec, chercheur au Middle East Institute, contacté par L’OLJ. « Ceci devrait aider l’économie et les réserves fiscales saoudiennes. En termes politiques, cela ne devrait pas changer grand-chose : il y aura plus de facilités à réaliser les grands projets du prince héritier Mohammad ben Salmane et Saudi Aramco aura peut-être moins besoin d’emprunter de l’argent pour payer les dividendes », observe-t-il.

Selon le rapport mensuel de l’OPEP, le rebond de la demande mondiale de pétrole devrait se concentrer sur le deuxième semestre de 2021, prévoyant une augmentation de 5,89 millions de barils par jour (mbj) cette année pour atteindre au total 96,3 mbj. « La croissance de la demande de cette année ne sera pas en mesure de compenser le déficit majeur de 2020, car la mobilité devrait rester réduite tout au long de 2021 », nuance le rapport. L’organisation a en outre revu ses prévisions pour la croissance économique mondiale pour 2021 à la hausse à 5,1 %, l’activité devant s’accélérer à la fin du premier semestre.

La prudence reste toutefois de mise du côté des investisseurs alors que la tendance actuelle des cours est favorable à une augmentation de la production de pétrole de schiste aux États-Unis et pourrait finir par pousser d’autres producteurs à revoir leurs quotas à la hausse si elle s’inscrit dans la durée, à l’instar de l’Arabie saoudite. « Du point de vue des consommateurs, en particulier pour les pays dont la facture d’importation de pétrole est élevée, les prix élevés du pétrole peuvent ralentir ou retarder leur reprise économique – un point sur lequel l’Inde a récemment alerté », indique Carole Nakhlé. « Dans les deux cas, la pression serait à la baisse des prix », ajoute-t-elle.

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Autre facteur crucial, la reprise de l’économie chinoise s’annonce également plus rapide qu’elle ne l’était anticipée par les analystes. Selon les statistiques officielles publiées par Pékin hier citées par Reuters, la production industrielle a augmenté de 35,1 % en janvier-février par rapport à la même période l’an dernier, après une progression de 7,3 % en rythme annuel en décembre. Les ventes de détail ont également augmenté de 33,8 %, signe de la hausse de la consommation intérieure. La semaine dernière, le Premier ministre chinois Li Keqiang avait déjà indiqué à la presse que la Chine s’était fixé pour objectif d’enregistrer au moins 6 % de croissance de son produit intérieur brut (PIB) pour 2021, en dépit des « pressions » sur le marché de l’emploi résultant de la pandémie de Covid-19.

Le vent d’optimisme qui souffle depuis le début de l’année sur les marchés pétroliers ne faiblit pas. Enregistrant des cours du pétrole similaires à ceux de l’année dernière avant la pandémie de Covid-19, le cours du Brent a de nouveau brièvement passé la barre des 70 dollars hier pour livraison en mai, oscillant entre 67,83 et 70,03 dollars dans la journée. Un seuil symbolique...

commentaires (1)

C'est un peu dingue que le monde accepte que ce cartel fasse augmenter les prix par des artifices scandaleux. A l'échelle d'un pays si 2 ou 3 industriels se mettent d'accord sur les prix ils iront en prison !

Shou fi

17 h 13, le 16 mars 2021

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Commentaires (1)

  • C'est un peu dingue que le monde accepte que ce cartel fasse augmenter les prix par des artifices scandaleux. A l'échelle d'un pays si 2 ou 3 industriels se mettent d'accord sur les prix ils iront en prison !

    Shou fi

    17 h 13, le 16 mars 2021

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