Le patriarche maronite Béchara Raï et le métropolite Élias Audi ont une fois de plus tancé avec virulence les autorités libanaises, « incapables », selon le chef de l’Église maronite, de faire face aux « défis mortels » du pays.
« Nous sommes désormais dans une phase de défis mortels pour notre pays et son peuple. Les autorités politiques et le pouvoir en place sont incapables de régler nos crises internes, qui conduisent à la mort », a souligné Mgr Raï dans son homélie dominicale depuis Bkerké, hier. « Vous, les responsables, réconciliez-vous avec la politique et avec les gens dont vous avez gaspillé l’argent et les espoirs, ceux que vous avez jetés dans la pauvreté, la faim et le chômage.Cette situation (de crise) n’a ni religion, ni confession, ni parti, ni région. Il ne reste au peuple que la rue. Il y est descendu pour réclamer ses droits, avec à leur tête la formation d’un gouvernement », a encore dit le chef religieux.
« Nous espérions que les Libanais seraient égaux dans l’abondance. Avec ce pouvoir failli, ils sont égaux dans la pauvreté. Et il y en a encore qui se demandent pourquoi la colère des gens explose et qui provoque les manifestations », a encore lancé le patriarche.
Évoquant la conférence internationale consacrée au Liban pour laquelle il plaide depuis le 7 février dernier, Mgr Raï a rappelé ses motivations, avant d’ajouter : « Nous ne laisserons personne s’emparer du peuple par la force et le déformer. Nous persisterons et le peuple est plus fort que ceux qui portent atteinte à notre patrie, quels que soient leurs moyens ! »
Le métropolite Élias Audi s’est demandé pour sa part comment les responsables politiques « parviennent à dormir quand le peuple meurt tous les jours ».
Au cours de son homélie dans laquelle il s’est montré très dur vis-à-vis des autorités, il a accusé celles-ci d’avoir « divisé le peuple en factions confessionnelles pour le garder sous leur coupe » . « Si vous aviez travaillé pour les droits des citoyens, pourquoi les avez-vous tués par vos jeux politiques, économiques et financiers, leur ôtant leurs biens et l’espoir en un avenir meilleur ? » « De quels droits parlez-vous, alors que dans le pays les citoyens, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, ne peuvent pas acheter un paquet de pain pour nourrir leurs enfants », s’est interrogé le prélat, dans ce qui sonne comme une pique en direction du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, qui brandit le slogan de la “préservation des droits des chrétiens”... « Je vous le demande au nom du peuple souffrant : comment pouvez-vous dormir alors que les citoyens se meurent chaque jour », a encore lancé le métropolite, estimant que « la vie dans le pays est devenue comme brûler dans le feu de l’enfer ». Il faisait référence aux propos du chef de l’État Michel Aoun, qui estimait fin septembre 2020 que « sans gouvernement, nous irons tout droit en enfer ».
commentaires (2)
Est ce que le Liban existe encore ? Heureusement que nous avons ces deux prelats qu'ils sont des vrais libanais .?????
Eleni Caridopoulou
13 h 05, le 08 mars 2021