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Moyen-Orient - Israël/États-Unis

Biden met fin à la lune de miel américaine avec Bibi, mais reconduit l’alliance entre les deux pays

Le nouveau président américain s’est entretenu pour la première fois avec le Premier ministre israélien mercredi, plusieurs semaines après son investiture.

Biden met fin à la lune de miel américaine avec Bibi, mais reconduit l’alliance entre les deux pays

Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Nouvelle-Orléans, le 7 novembre 2010. Matthew Hinton/Archives AFP via Getty Images

C’était un appel très attendu. De ceux que l’on guette comme pour se rassurer que tout va bien. Les observateurs l’ont souligné, certains s’en sont inquiétés, d’autres ont ironisé. Puis le coup de fil est venu. Mercredi soir, le président américain a effectué son premier entretien téléphonique, pendant près d’une heure, avec Benjamin Netanyahu. Au programme, les principaux dossiers d’intérêts communs entre les deux pays : la question iranienne, la paix au Moyen-Orient, ou encore la coopération sécuritaire entre les deux États.

Mais c’est le timing, davantage que le contenu de la conversation, qui a retenu l’attention. Joe Biden a fait attendre M. Netanyahu plusieurs semaines, le faisant passer après des dizaines d’autres chefs d’État, alors que ses prédécesseurs avaient coutume d’appeler le Premier ministre israélien dès les premiers jours de leur mandat. En 2017, Donald Trump avait appelé M. Netanyahu deux jours après son investiture.

Pour certains observateurs, le délai de plusieurs semaines serait le reflet de la volonté de la nouvelle administration de se démarquer de l’amitié Trump-Netanyahu. Celle-ci s’était manifestée au cours des dernières années par une série de « cadeaux » très politiques comme la reconnaissance américaine de la souveraineté israélienne sur le Golan, l’installation de l’ambassade américaine à Jérusalem ou encore les accords de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes. « L’ancien président avait donné à M. Netanyahu un chèque en blanc sans rien demander en retour », estime Joe Macaron, expert à l’Arab Center à Washington. « Mais les urnes ont parlé, et désormais Netanyahu devra vivre avec les conséquences de l’ère Trump », poursuit ce dernier. Alors que le Premier ministre israélien avait affiché en couverture de son compte Twitter une photo en compagnie du président Trump jusqu’au 11 janvier, le retard de l’appel de Joe Biden apparaît comme une mise à distance symbolique.

Fin de la « ligne directe »

Pour Washington comme pour certains observateurs, on aurait pourtant tort d’y voir un quelconque message politique. Aucune trace de tensions ne ressort de l’entretien : Joe Biden se félicite d’une « bonne conversation » avec son homologue israélien et le communiqué de la Maison-Blanche évoque une « relation personnelle de longue date » entre les deux dirigeants. « Les inquiétudes (relatives au retard, NDLR), qui ont été largement exagérées, sont probablement plus le reflet des angoisses du gouvernement de Netanyahu face au départ de Trump », soutient Khaled Elgindy, directeur du programme Israël/Palestine au Middle East Institute basé à Washington. Le changement, s’il a lieu, se jouera donc plus sur le style que sur le fond. « L’alliance stratégique entre les États-Unis et Israël va rester solide, mais la ligne directe et le soutien inconditionnel dont bénéficiait Netanyahu sous Trump, souvent aux dépens des intérêts américains, va prendre fin avec Biden », estime Joe Macaron.

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Les dossiers prioritaires de Joe Biden au Moyen-Orient

C’est donc au-delà des relations interpersonnelles qu’il faut lire le calendrier Biden. Le nouveau président a notamment manifesté son intention de réagencer ses priorités et de reprendre le contrôle de sa politique. « L’administration Biden n’est pas intéressée par le fait de voir Netanyahu lui dicter sa politique iranienne », note Joe Macaron. Si Joe Biden avait fait savoir que le Premier ministre israélien serait le premier dirigeant de la région qu’il appellerait, c’est également que le Moyen-Orient, dans son ensemble, n’occupe pas une place prioritaire dans l’agenda de la nouvelle administration.

Plusieurs dossiers, au premier chef desquels la renégociation de l’accord sur le nucléaire iranien, semblent donc être des sources probables de tension entre les deux dirigeants. « Mais la relation ne sera pas aussi tendue que ce qu’elle était avec Obama, notamment parce que Biden ne va probablement pas insister sur d’autres points de désaccord, comme la question palestinienne qui n’est pas une priorité pour la nouvelle administration », nuance Khaled Elgindy.

Pour mémoire

Téhéran au menu du premier échange (tardif) entre Biden et Netanyahu

En modérant son élan envers le dirigeant israélien, au moins sur la forme, le président Biden fait également le choix de la prudence, à près d’un mois des élections israéliennes, les quatrièmes en moins de deux ans. Briser l’image d’une amitié incarnée par ses dirigeants, renouer avec le langage d’une alliance diplomatique entre les pays et non les personnes, afin de ne pas donner l’impression de soutenir le Premier ministre sortant. « Contrairement à Trump, dont le calendrier des décisions était établi de manière à soutenir Netanyahu à la veille de chaque élection, Biden va retourner à une approche américaine plus traditionnelle qui consiste à garder ses distances avec la politique israélienne en période électorale », estime Joe Macaron.

Au-delà des interprétations du moment, l’épisode pourrait cependant refléter une tendance plus large régissant les relations israélo-américaines. Une tendance aux relations de plus en plus partisanes entre les dirigeants américains et israéliens. « Il y aura des conséquences au fait que Netanyahu et Trump ont personnalisé à ce point les relations entre les deux pays, les transformant en une question partisane à Washington », note Joe Macaron. « Il va être difficile à ce stade pour Netanyahu d’entretenir une relation saine avec les démocrates », poursuit ce dernier, pour qui le parti de Joe Biden se montre de plus en plus critique envers la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens et ne semble pas près d’oublier le coup fatal porté à l’accord sur le nucléaire iranien.

C’était un appel très attendu. De ceux que l’on guette comme pour se rassurer que tout va bien. Les observateurs l’ont souligné, certains s’en sont inquiétés, d’autres ont ironisé. Puis le coup de fil est venu. Mercredi soir, le président américain a effectué son premier entretien téléphonique, pendant près d’une heure, avec Benjamin Netanyahu. Au programme, les principaux...

commentaires (5)

Même si Biden est moins chaleureux avec Israel que Trump, il n'osera pas contrarier le lobby juif qui tire les ficelles de la politique américaine. Et les Européens n'oseront pas contrarier les Américains. En plus ils seraient accusés d'antisémitisme : c'est l'argument qui coupe court à toute recherche de justice!

Politiquement incorrect(e)

15 h 36, le 21 février 2021

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Commentaires (5)

  • Même si Biden est moins chaleureux avec Israel que Trump, il n'osera pas contrarier le lobby juif qui tire les ficelles de la politique américaine. Et les Européens n'oseront pas contrarier les Américains. En plus ils seraient accusés d'antisémitisme : c'est l'argument qui coupe court à toute recherche de justice!

    Politiquement incorrect(e)

    15 h 36, le 21 février 2021

  • comme s'il osait ne pas "reconduire" son alliance avec israel. meme chose pour les europeens d'ailleurs, qui eux sont a l'origine du pretexte sioniste a demander un pays sur pour eux, tellement ils avaient ete persecutes PAR LES EUROPEENS depuis des siecles .

    Gaby SIOUFI

    11 h 03, le 21 février 2021

  • N'oublions pas que les États Unis sont dirigés par les sionistes....

    Eleni Caridopoulou

    18 h 30, le 20 février 2021

  • Bof, rien ne changera dans les relations entre les deux pays et l'appui inconditionnel des États-Unis pour Israël.

    Robert Malek

    16 h 48, le 20 février 2021

  • Petit détail omis! C'est le premier et le seul chef d'Etat du Moyen-Orient à s'être entretenu ce jour avec le nouveau président américain. Pourquoi???

    Saab Edith

    11 h 29, le 20 février 2021

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