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Centenaire Grand Liban : lecture politique

Rien ne pourra jamais éteindre la flamme libanaise

Rien ne pourra jamais éteindre la flamme libanaise

Le général de Gaulle s’entretenant, en 1942, avec le président Alfred Naccache (à gauche) et Riad Solh (troisième à partir de la gauche). Entre la France et le Liban, un lien affectif, un lien d’exception.

Entre la France et le Liban, il y a quelque chose de très profond, de très intime, qui est assez unique. Le Liban est dans le cœur de chaque Français. Il existe en France comme une sorte de « libanophilie », profonde, durable, qui traverse les générations. Quand on prononce le mot Liban, la plupart des Français ne restent pas indifférents. La tragique explosion qui s’est produite au port de Beyrouth le 4 août dernier a provoqué en France une émotion intense. Très peu de temps après le drame, les organisations humanitaires françaises se sont mobilisées et se sont rendues sur place.

J’ai été très fier que le président Emmanuel Macron ait effectué une visite à Beyrouth à peine quarante-huit heures après l’explosion. Il se dégage d’ailleurs une continuité à cet égard au niveau de la présidence française, de François Mitterrand à Emmanuel Macron, concernant l’engagement en faveur du pays du Cèdre. Certains ont estimé que l’initiative du président français était une ingérence. Il s’agit plutôt d’une présence, humaine, affective, affectueuse, et non d’une ingérence. Qu’aurait-on dit si à l’inverse la France était restée indifférente à l’égard de ce qui s’est produit à Beyrouth ?

Le lien affectif, historique, entre le Liban et la France est un lien d’exception. Aucun autre pays n’a noué avec le Liban de tels rapports intimes, profonds, qui se manifestent notamment à travers la diaspora libanaise. Il y a aujourd’hui en France des dizaines de milliers de Franco-Libanais qui apportent leur talent, leur énergie et leur force à la France. Nous sommes redevables aux citoyens libanais et au Liban de beaucoup de choses. Le Liban est l’un des pays qui préservent le mieux la langue française.

Le peuple libanais a surmonté à travers son histoire contemporaine nombre de tempêtes, internes ou externes. Ce que le Liban subit provient le plus souvent de l’extérieur, de pays de la région. Il a été confronté dans son histoire au fil des années à beaucoup trop d’immixtions étrangères qui ont fait beaucoup de mal. Si on avait laissé aux Libanais l’opportunité d’être libanais, dans toute l’acception du terme, les choses n’auraient certainement pas évolué de la même façon.

Ce peuple est ingénieux, inventif, créatif, énergique, combatif. Il est aimé, admiré, redouté aussi peut-être, parce qu’il est très actif partout dans le monde, de l’Amérique latine à l’Afrique, en passant par l’Europe, évidemment, et les autres pays arabes. En ma qualité de président de l’Institut du monde arabe, où que j’aille dans un pays arabe, je rencontre des Libanais qui participent à la vie publique du pays.

Le Liban, ce n’est pas seulement une géographie, c’est un esprit, une « force » qui va, comme aurait dit Victor Hugo. D’une certaine façon, le Grand Liban existe aujourd’hui sous un angle particulier. C’est le Grand Liban de cette diaspora incroyable. Le Grand Liban, c’est ainsi une âme, un esprit, une conception du monde, une conception de la vie, un art de vivre, une manière d’être. Le Liban, c’est d’abord une spiritualité, une façon de penser le monde. On reconnaîtrait un Libanais entre mille. Qu’on soit au Brésil, à Dakar ou à Paris, on reconnaîtrait un Libanais. Cette puissance de l’esprit libanais est incroyable. Ce rayonnement de l’esprit libanais est remarquable.

L’idée du Liban n’est donc pas uniquement une question de frontières géographiques. Malgré toutes les misères que d’aucuns ont voulu infliger au Liban, ce pays vit, survit, combat. Rien ne pourra jamais éteindre cette flamme libanaise. Le Liban, c’est une force d’action, d’invention, de création. Jamais les Libanais ne se sentent vaincus. Même dans les pires circonstances, ils repartent à l’attaque, au combat. Cette spécificité s’est maintenue malgré toutes les vicissitudes de l’histoire. Comme le relèvent certains historiens, il existe bel et bien une incroyable personnalité, ou singularité, libanaise. Et dans cette optique, le Liban est, et restera, une idée magnifique, l’idée splendide d’un pays multiconfessionnel.

Jack LANG

Président de l’Institut du monde arabe

Entre la France et le Liban, il y a quelque chose de très profond, de très intime, qui est assez unique. Le Liban est dans le cœur de chaque Français. Il existe en France comme une sorte de « libanophilie », profonde, durable, qui traverse les générations. Quand on prononce le mot Liban, la plupart des Français ne restent pas indifférents. La tragique explosion qui s’est...