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Politique - Liban-Golfe

Une percée sécuritaire à résonance politique

Grâce à une médiation de Abbas Ibrahim, dix Libanais détenus aux EAU seront de retour aujourd’hui à Beyrouth.

Une percée sécuritaire à résonance politique

Le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim : l’homme des médiations délicates. Photo Dalati et Nohra

Dix détenus libanais aux Émirats arabes unis sont attendus aujourd’hui au Liban, en provenance de Dubaï. Leur libération est le résultat d’efforts soutenus déployés par le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, pour régler cette question qui revêt en partie un aspect humanitaire. Un premier ex-détenu, Zaid el-Dika, est arrivé dimanche à Beyrouth dans un avion de MEA en provenance de Dubaï. Il y était détenu depuis quatre mois (et non depuis 2016, comme indiqué par erreur dans notre édition de lundi). Au total, 30 Libanais de confession chiite étaient emprisonnés par les Émirats arabes unis. Dix- neuf d’entre eux resteront détenus, puisqu’ils sont soit condamnés, soit que leur procès est en cours. Ces Libanais sont tous accusés par les EAU d’être affiliés au Hezbollah, inscrit par l’État émirati sur la liste des organisations terroristes.

Cette percée sécuritaire a également une signification politique, assure notre correspondant Mounir Rabih et la visite a permis à l’officier d’aborder avec ses interlocuteurs le dossier libanais dans son ensemble, dans le prolongement de l’élection du président américain Joe Biden et du réchauffement des relations entre Washington et Paris.

Pour le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, c’est en prenant leur distance à l’égard de la diplomatie saoudienne que les EAU se sont mis en phase avec l’initiative française au Liban, dont les détails leur avaient été communiqués déjà par le Premier ministre désigné Saad Hariri lui-même, qui a effectué, avant le général Ibrahim, deux déplacements à Abou Dhabi. Selon le journal cité, l’ancien ambassadeur de France au Liban, Bernard Emié, qui est aujourd’hui à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) de la France, pourrait se rendre incessamment à Abou Dhabi, pour des entretiens en partie axés sur le Liban.

Un dossier qui remonte à 2016

L’arrestation de Libanais, principalement des chiites, remonterait à 2016. Cette vague avait été précédée d’expulsions de familles libanaises chiites soupçonnées d’être liées au Hezbollah dans divers États du Golfe. La dégradation des rapports entre les pétromonarchies arabes et le Liban remonte à de nombreuses années, Beyrouth ayant choisi de s’abstenir, au sein de la Ligue arabe, de prendre franchement position aux côtés de ces États contre l’Iran.La crise des rapports s’était aggravée avec les tensions à Bahreïn et le déclenchement de l’opération militaire de l’Arabie saoudite au Yémen. En réponse aux mesures d’expulsion, le secrétaire général du Hezbollah était sorti de son silence et avait critiqué la monarchie saoudienne, qu’il avait nommément citée pour la première fois. En réaction, le Koweït avait expulsé onze Libanais et trois Irakiens, tous chiites.

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Mais après les expulsions étaient venues les arrestations. Ainsi, une dépêche de l’AFP datée de mars 2016 signalait « l’arrestation (par les Émirats) de huit chiites libanais inculpés pour terrorisme ».

L’ONG Human Rights Watch (HRW) avait à l’époque condamné les EAU dans un communiqué pour n’avoir pas respecté « le droit des inculpés à l’assistance d’un avocat ». Les chefs d’accusation n’avaient pas été rendus publics alors, mais les familles des huit accusés, cités par HRW, avaient indiqué qu’ils avaient été inculpés pour « terrorisme ».Le 13 février 2016, le quotidien anglophone Gulf News avait rapporté qu’un tribunal d’Abou Dhabi avait mis en examen 11 « Arabes », dont trois par contumace, pour « la mise en place d’une cellule terroriste et la préparation d’attaques aux Émirats arabes unis sur les ordres du Hezbollah libanais ». Tous les inculpés vivaient et travaillaient aux Émirats depuis plus de 15 ans et sept d’entre eux étaient employés par la compagnie aérienne Emirates de Dubaï, avait rapporté HRW, cité par l’agence. Selon leurs familles, « aucun d’entre eux n’aurait d’appartenance politique connue et leurs aveux auraient été faits sous la contrainte ».

Détenus entre décembre 2017 et février 2018, les huit Libanais ont ensuite été placés en détention pendant un an avant l’ouverture de leur procès le 13 février, selon HRW. Ils ont été maintenus à l’isolement pour une durée prolongée, n’ont pas eu le droit à un avocat ni de recevoir des visites de leurs familles, ont indiqué ces proches à HRW.

Dix détenus libanais aux Émirats arabes unis sont attendus aujourd’hui au Liban, en provenance de Dubaï. Leur libération est le résultat d’efforts soutenus déployés par le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, pour régler cette question qui revêt en partie un aspect humanitaire. Un premier ex-détenu, Zaid el-Dika, est arrivé dimanche à Beyrouth dans un...

commentaires (2)

Merci Hezbollah

Eleni Caridopoulou

17 h 27, le 02 février 2021

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Commentaires (2)

  • Merci Hezbollah

    Eleni Caridopoulou

    17 h 27, le 02 février 2021

  • Et les libanais qui moisissent dans les geôles syriennes personne n’en parle. Le deux poids deux mesures commence à irriter plus d’un et les méthodes utilisées avec efficacité alors qu’il s’agit de pays loin d’être des alliés à Hezbollah cèdent aux négociations pendant que la Syrie amie proche de ces derniers fait la sourde oreille et on se demande si, ne serait ce que des pourparlers ont eu lieu dans ce sens où si ces libanais prisonniers ne représentent aucune valeur puisqu’ils ne sont pas affiliés au HB. On dirait que ce Monsieur Ibrahim a le bras long alors pourquoi joue t-il aux bras cassés lorsqu’il s’agit de Assad et des prisonniers libanais dans ses geôles. On attend une réponse claire de sa part avant de le féliciter pour ses prouesses univoques.

    Sissi zayyat

    11 h 12, le 02 février 2021

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