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Siniora depuis Bkerké : Le Hezbollah ne semble pas vouloir de gouvernement à court terme

Siniora depuis Bkerké : Le Hezbollah ne semble pas vouloir de gouvernement à court terme

Le patriarche maronite, Béchara Raï, entouré de l'ex-Premier ministre Fouad SIniora (g), et l'ancien ministre Rachid Derbas, le 28 janvier 2021 à Bkerké. Photo ANI

L'ancien Premier ministre libanais Fouad Siniora, qui s'est entretenu jeudi à Bkerké avec le patriarche maronite, Béchara Raï, a appelé à la formation d'un gouvernement "d'experts non affiliés aux partis politiques", une mission dont est chargé le Premier ministre désigné, Saad Hariri, également chef du courant du Futur. L'ex-chef du gouvernement a dans ce contexte affirmé que le Hezbollah ne voulait pas de gouvernement dans un avenir proche.

"Nous avons évoqué la situation générale dans le pays et la nécessité de former un gouvernement qui puisse répondre aux attentes des Libanais (...)", a affirmé Fouad Siniora, qui était accompagné de l'ex-ministre des Affaires sociales Rachid Derbas. "(...) De grands effondrements ont eu lieu récemment au Liban. La confiance dans le président de la République, le gouvernement, le Liban, et la plupart de classe politique s'est ainsi effondrée. Regagner cette confiance ne peut se faire qu'à travers la formation d'un cabinet d'experts compétents et non affiliés aux partis politiques et qui aient pour première préoccupation d'être au service des Libanais et de la nation, et non des partis politiques", a estimé M. Siniora.

Le gouvernement de Hassane Diab a démissionné le 10 août 2020 dans la foulée de la gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth, six jours plus tôt. L'ambassadeur Moustapha Adib avait été désigné pour lui succéder mais avait finalement remis son tablier sans avoir pu former de gouvernement. Saad Hariri a été désigné le 22 octobre 2020 mais n'est toujours pas parvenu à composer un cabinet, notamment en raison de profondes divergences politiques avec le président de la République, Michel Aoun, et son camp. Parmi les principaux obstacles, la désignation des ministres et la répartition des portefeuilles, tout comme l'interprétation de la Constitution au sujet des prérogatives du président et du Premier ministre désigné à ce sujet.  Le 1er septembre 2020, le président français Emmanuel Macron avait annoncé depuis Beyrouth une feuille de route pour une sortie de crise, mais l'initiative française n'a jusque-là pas abouti. Toutefois, le président français semble vouloir relancer cette initiative après l'élection de Joe Biden à la présidence américaine. 

"L'initiative française s'est perdue en raison des pratiques qui n'ont pas donné de résultats", a affirmé M. Siniora. "Nous assistons actuellement à un déni constant de la part de ceux qui sont au pouvoir, ainsi que de la part du président de la République", a accusé l'ex-Premier ministre. "Je pense que celui qui est derrière ce blocage est le Hezbollah qui ne semble pas vouloir de gouvernement dans l'avenir proche. Il veut que les choses restent telles quelles afin que le parti chiite et l'Iran puissent utiliser le Liban comme levier pour les négociations avec les Etats-Unis. C'est totalement inacceptable", a fustigé M. Siniora.

L'administration Biden devrait reprendre les négociations avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire, après le retrait américain, sous la présidence Trump, de l'accord conclu en 2015. Certains estiment que le Liban pourrait servir de carte de négociations aux protagonistes.

"Sans gouvernement, le Liban ne peut sortir de cet état d'effondrement qui se poursuit", a encore prévenu Fouad Siniora. "Nous avons insisté avec sa Béatitude (le patriarche Raï, NDLR) sur la nécessité de ne pas perdre de temps et celle d'accélérer la formation du gouvernement selon les critères que j'ai mentionné plus tôt. Les Libanais ne peuvent pas attendre le soutien et les aides internationales avant de s'aider eux-mêmes", a-t-il conclu.

Le patriarche Raï a tenté une médiation entre MM. Aoun et Hariri, qui ne se sont plus réunis depuis plus d'un mois en raison de leurs divergences politiques, mais sans succès jusque-là.

L'ancien Premier ministre libanais Fouad Siniora, qui s'est entretenu jeudi à Bkerké avec le patriarche maronite, Béchara Raï, a appelé à la formation d'un gouvernement "d'experts non affiliés aux partis politiques", une mission dont est chargé le Premier ministre désigné, Saad Hariri, également chef du courant du Futur. L'ex-chef du gouvernement a dans ce contexte affirmé que le...