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Économie - Manipulation du taux de change

Poursuites contre Salamé pour "négligence professionnelle et abus de confiance"

Bassil salue "le précédent" que constitue l'enquête visant le gouverneur, diligentée par la Suisse.

Poursuites contre Salamé pour

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, à Beyrouth, le 11 novembre 2019. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

La procureure générale près la cour de cassation du Mont-Liban, Ghada Aoun, a engagé des poursuites, jeudi, contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, pour "négligence professionnelle et abus de confiance", dans le cadre de l’enquête sur la distribution controversée de dollars aux changeurs agréés. Maya Dabbagh, la présidente de la Commission de contrôle des banques (CCB), un organe dépendant de la BDL, se voit également poursuivie pour les mêmes chefs d'accusation. M. Salamé avait été interrogé par la procureure Aoun sur cette affaire, dans le courant du mois de décembre 2020. La juge Aoun a par ailleurs engagé des poursuites contre le propriétaire d'une agence d'importation de dollars et un changeur pour "violation de décisions administratives". Elle a ensuite envoyé le dossier devant le premier juge d'instruction du Mont-Liban, Nicolas Mansour, qui sera chargé d'interroger toutes les personnes mises en accusation. Elles seront convoquées dès la semaine prochaine, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).

Riad Salamé est soupçonné d’avoir contribué à manipuler le taux dollar/livre dans les bureaux de change en alimentant les caisses des agents agréés. Depuis le début de la crise financière et économique au Liban, à l'été 2019, la monnaie nationale, indexée sur le dollar, a connu une forte dévaluation. Il faut dernièrement en moyenne 8.800 livres pour un dollar au taux du marché noir. Toutefois, le taux de change officiel, en vigueur avant la crise, n'a pas bougé et reste de 1.507 livres pour un dollar. Des dollars, distribués par la BDL, sont par ailleurs disponibles au taux de 3.900 livres auprès de changeurs agréés, mais seulement à certaines conditions très limitées. Cette dépréciation a entraîné une envolée vertigineuse des prix des produits alimentaires dans un pays où, selon l'ONU, plus de la moitié de la population vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté et près du quart dans l'extrême pauvreté.

Mme Aoun a pris cette décision après avoir constaté des irrégularités dans l'application d'un mécanisme mis en place en mai par la Banque centrale pour fournir des dollars aux importateurs de produits alimentaires et limiter l'inflation, selon une source judiciaire citée par l'AFP. "Les dollars n'ont pas tous atterri au bon endroit", échouant notamment dans les poches d'agents de change qui les ont revendus au marché noir, a-t-elle ajouté. "Le montant qui a fini dans les poches d'agents de change et d'institutions financières dépasse les cinq millions de dollars" (environ 4,1 millions d'euros), selon la source judiciaire.

Cette source fait un lien entre le mécanisme de subventions aux importations alimentaires mis en place à partir de mai par la BDL et celui que cette dernière a mis en place le même mois pour tenter de contrôler le taux de dollar /livre sur le marché des changes. La source explique en effet qu'une partie des dollars qui étaient destinés aux importateurs concernés a fini dans les poches de certains changeurs.

Lire dans Le Commerce du Levant

Affaire Riad Salamé : « La coopération des autorités libanaises n’est pas nécessaire pour que l’enquête se poursuive »

Depuis le soulèvement populaire du 17 octobre 2020, Riad Salamé, qui dirige la BDL depuis 1993, est une figure particulièrement conspuée par les protestataires, qui l'accusent d'avoir couvert pendant des années la corruption des responsables libanais, un fléau pointé du doigt comme étant l'une des causes de l'effondrement économique et financier du Liban.

Enquête suisse
M. Salamé fait en outre l'objet d'une enquête lancée par la Suisse pour "blanchiment d’argent aggravé en lien avec de possibles détournements de fonds au préjudice de la Banque du Liban". Dans ce cadre, une demande d'entraide judiciaire avait été envoyée par Berne à Beyrouth et le gouverneur a été entendu par le procureur général, le juge Ghassan Oueidate. Aucun élément de ce dossier n’a été officiellement communiqué, ni par la Suisse ni par le Liban. Si certaines sources évoquent des transferts incriminés de 240 ou 400 millions de dollars vers la Suisse, des montants qui auraient été gelés par les autorités helvétiques, Riad Salamé, a rejeté à plusieurs reprises depuis mardi dernier toute implication. Le gouverneur de la BDL a estimé qu’il s’agit d’une campagne lancée pour lui porter préjudice. Il aurait toutefois décidé de répondre directement aux autres questions posées par les autorités suisses, selon certaines sources.

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Le député Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), a à ce propos estimé jeudi que l'enquête diligentée par la Suisse constituait "un précédent" pour le Liban, espérant que d'autres pays lanceraient des procédures similaires sur des versements effectués à partir du Liban. M. Bassil, qui fait partie, à l'instar de Riad Salamé, des figures les plus conspuées par la rue, a encore appelé la justice libanaise à "suivre l'exemple" de la justice suisse et à ne pas rester un "simple spectateur". "Toutes les personnes impliquées (dans des affaires de corruption, ndlr) seront poursuivies", a-t-il affirmé, indiquant que les Libanais "comptent sur certains juges courageux pour récupérer les fonds qui leur ont été volés". L'ancien ministre des Affaires étrangères a dès lors appelé le gouvernement à "agir diplomatiquement" et à charger des avocats d'effectuer un suivi de ces affaires éventuelles tout en réitérant l'importance de l'audit juricomptable de la BDL. Le leader du CPL a encore demandé à la Chambre de se pencher sur différents textes de lois présentés par le groupe aouniste, et relatifs notamment au contrôle des virements effectués à l'étranger, à la récupération des fonds transférés après le 17 octobre 2019 et à la création d'un tribunal spécial pour les crimes financiers.

La procureure générale près la cour de cassation du Mont-Liban, Ghada Aoun, a engagé des poursuites, jeudi, contre le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, pour "négligence professionnelle et abus de confiance", dans le cadre de l’enquête sur la distribution controversée de dollars aux changeurs agréés. Maya Dabbagh, la présidente de la Commission de contrôle des...

commentaires (14)

Quel culot ce Gebran, élève de son beau-père mais qui le dépasse considérablement, en matière de populisme, démagogie, et incompétence. Pauvre Liban...

DJACK

16 h 47, le 29 janvier 2021

Tous les commentaires

Commentaires (14)

  • Quel culot ce Gebran, élève de son beau-père mais qui le dépasse considérablement, en matière de populisme, démagogie, et incompétence. Pauvre Liban...

    DJACK

    16 h 47, le 29 janvier 2021

  • Les Américains ne l’ont pas mis sur liste de manière fortuite et Gibran Bassil ne sourcille même pas . La souris accouchera d’un éléphant!

    PROFIL BAS

    20 h 51, le 28 janvier 2021

  • Combien de temps doit on encore supporter les manœuvres à deux sous des fonctionnaires Aounistes qui font semblant de faire leur boulot ? Madame Ghada Aoun, votre sponsor politique a été mis sur la liste noire des Etats-Unis pour blanchiment d'argent et corruption. Qu'est ce que vous attendez pour enquêter sur lui ? Il n'y aurait que Riad Salame dans cette république de m.....?!?

    B Malek

    20 h 33, le 28 janvier 2021

  • Le gendre semble content que la Suisse fasse la lumière sur notre état de choses alors que lui n'a pas réussi à amener le courant 24 hr par ans...

    Wlek Sanferlou

    18 h 17, le 28 janvier 2021

  • Notre troupier comique est de retour avec son nez Orange ... J'ai été à deux doigts de rire ... j'ai fini par pleurer l'enterrement de ce pays par tous les pourris qui se croient honnêtes

    Zeidan

    17 h 05, le 28 janvier 2021

  • Salamé n'a plus rien à perdre. Qu'attend-il donc pour balancer les noms de tous les voleurs qui l'ont soudoyé ?

    Robert Malek

    16 h 40, le 28 janvier 2021

  • Un gamin qui n'a pas su devenir adulte reste un gamin...même si il a déjà fêté plus que 50 anniversaires...- Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 24, le 28 janvier 2021

  • BDL/Riad, banquiers libanaises et État: démerdez- vous et nettoyez vos saletés financières....vous avez fait des TRILLIONS a nos dépends$$$...et nettoyez le secteur public des salaires et salariés fictifs ! et rendez nous notre argent,tout simplement !!

    Marie Claude

    16 h 16, le 28 janvier 2021

  • Gebran Bassil, Gebran Bassil ... ce nom me dit quelque chose...

    Gros Gnon

    15 h 38, le 28 janvier 2021

  • BASSILO SAIT PAR QUI IL FAUT COMMENCER. LE VOLEUR CRIE AU VOLEUR ! L,ASSASSIN CRIE A L,ASSASSIN ! ET LE CORROMPU AUX CORROMPUS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 22, le 28 janvier 2021

  • Il existe un proverbe conseillant à celui dont la maison est en verre de ne pas jeter des pierres. Bassil ne devrait pas se réjouir trop tôt : son tour risque de venir un jour. Du moins, la plupart des libanais l'espèrent.

    Yves Prevost

    15 h 20, le 28 janvier 2021

  • Yalla et une poursuite judiciaire de plus. Très bientôt il va avoir tellement de casseroles qu’il pourra faire la cuisine pour tous les libanais. J’espère qu’il aime les oranges libanaises ou suisses

    Lecteur excédé par la censure

    15 h 17, le 28 janvier 2021

  • LA BONNE NOUVELLE C'EST QUE BASSIL EST SANCTIONNÉ. IL ESSAYE DE RAMENÉ AVEC LUI LES AUTRES. UN ESPOIR EST NÉ.....FAITES VOS PRIÈRES.

    Gebran Eid

    15 h 16, le 28 janvier 2021

  • Pour une fois, Bassil vibre au rythme des gens, qui voient leurs économies en enfer. Cet enfer facilité par Salamé, à qui le monde a fait confiance, tandis que lui se moquait des déposants avec des déclarations très fausses sur les réserves de la BDL, en dépensant, pour stabiliser le dollar à 1500 livres, abusant des dépôts des banques en sa possession. Il n'est pas seul Salamé, mais, avec lui tous ces fonctionnaires inutiles, qu'il faut responsabiliser autant que lui.

    Esber

    15 h 07, le 28 janvier 2021

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