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Moyen-Orient - GRAND ANGLE

Dix ans après la révolution, le cinéma égyptien « dans une logique de survie »

Autocensure et contrôle de l’État policier, manque de moyens et dépendance aux financements étrangers... Une décennie après une révolution qui avait ouvert toutes les vannes de la création, le cinéma égyptien indépendant peine à s’épanouir.

Dix ans après la révolution, le cinéma égyptien « dans une logique de survie »

Un homme passe devant l’emblématique cinéma Metro, rue Talaat Harb, au Caire, le 24 mai 2020. Samer Abdallah/AFP/ via Getty Images

Rendez-vous est pris dans le centre-ville du Caire, au cinquième étage d’un grand bâtiment gris. Trois petits coups sur la porte en fer, un grincement, un visage : celui du réalisateur Maged Nader, gardien des clefs de la Cimatheque, un centre dédié au cinéma alternatif. « Et voici notre salle de projection », sourit-il en entrant dans une grande pièce aux murs noirs. En un instant, le bruit infernal de la circulation s’évanouit. « Nous avons 35 places assises et on peut monter à 45 en ajoutant des chaises. Mais pour le moment, à cause du coronavirus, nous ne pouvons pas projeter de films. On pourra peut-être recommencer en février », espère le cinéaste.

Si la pandémie a forcé ce centre culturel à fermer ses portes en mars 2020, le virus est loin d’être le seul nuage à l’horizon. Il vient s’ajouter à une longue liste de contraintes qui viennent sérieusement compliquer l’essor du cinéma indépendant dans un pays pourtant célébré depuis plusieurs décennies pour la richesse de son industrie cinématographique. « Vivre en Égypte est déjà un obstacle en soi », lâche Maged Nader avec un rire jaune. « Bien sûr, le premier défi, c’est le manque de financements. Un autre problème, c’est l’absence de moyens techniques suffisants. Puis il y a bien sûr la question de la censure. Maintenant, on constate un contrôle énorme du gouvernement sur le cinéma, à la fois sur les histoires que l’on raconte, les permis de tournage et même les financements », résume le trentenaire en grattant sa barbe de trois jours. « Et il y a aussi une forme d’autocensure. Si tu as une idée pour un long-métrage, mais que tu te dis que tu n’obtiendras jamais les permis pour tourner et que le film sera peut-être interdit, alors tu n’essaies même pas. » « Et ça, ça arrive souvent », soupire le cinéaste.

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Si le cinéma est un miroir de la société, que reflètent les films égyptiens, dix ans après une révolution qui a transformé le pays ? L’Orient-Le Jour a posé la question à une vingtaine de réalisateurs, producteurs, acteurs et scénaristes qui tentent de naviguer entre les obstacles pour proposer un cinéma indépendant reconnu et apprécié dans le monde entier.

En quittant la Cimatheque, il suffit de descendre les rues Talaat Harb (le fondateur des célèbres studios Misr) et Kasr al-Nil – en longeant les cinémas Radio, Metro, Odéon et Miami – pour finalement arriver sur la (désormais) si mal nommée place Tahrir ( « libération » en arabe). Le 25 janvier 2011, c’est ici que des milliers d’Égyptiens s’étaient rassemblés pour réclamer le départ de Hosni Moubarak, à la tête du pays depuis trente ans. Le soulèvement populaire embrase Le Caire et se propage aux quatre coins du pays. Les caméras de télévision du monde entier et les caméscopes brandis par la foule sont braqués jour et nuit sur ce cratère en éruption qu’est devenue Tahrir.

Dix-huit jours plus tard, Moubarak annonce sa démission. Cela aurait pu être l’avènement d’une nouvelle République, mais après quelques soubresauts, l’espoir démocratique s’éteint en 2013 avec l’ascension au pouvoir du maréchal Abdel Fattah al-Sissi. Sur la place, les manifestants ont été remplacés par une armada de policiers en uniforme et en civil. Les slogans et les chants, par les klaxons de la circulation. Et les tentes érigées au milieu du rond-point, par un obélisque rose datant de l’époque de Ramsès II, flanqué de quatre sphinx à tête de bélier. Une « éradication de la mémoire de la révolution », décrypte l’historien Khaled Fahmy. Surtout, il est désormais interdit d’y filmer sans autorisation.

« Nous pouvions enfin sortir dehors avec nos caméras »

Le cinéma égyptien est mythique, valant même au pays le sobriquet de « Hollywood du monde arabe ». De Tunis à Bagdad, la culture cinématographique née sur les rives du Nil a longtemps dominé les écrans du Moyen-Orient. Des millions de cinéphiles ont ri aux larmes en découvrant Kit Kat (1991), frissonné en regardant Gare centrale (1958) et rêvé devant Méfie-toi de Zouzou (1972), encore et encore. Puis, au début des années 2010, une nouvelle génération de cinéastes égyptiens fait son apparition, proposant un cinéma plus intimiste, expérimental, souvent plus grave et sans doute moins grand public. Une nouvelle vague née en plein soulèvement.

« Ce fut une période tellement intéressante. La révolution nous a offert beaucoup plus d’espaces de liberté. Nous pouvions enfin sortir dehors avec nos caméras », se remémore, sourire aux lèvres, le réalisateur et scénariste Mohammad Fawzy, 34 ans. « La révolution a également coïncidé avec un développement technique. Pour la première fois, nous pouvions sortir filmer dans la rue avec de petits appareils photo qui permettaient de tourner des vidéos de bonne qualité. Notre école, ça a été de descendre dans la rue et de filmer tout et n’importe quoi, relate M. Fawzy. Aujourd’hui, quand on regarde ces vidéos, le résultat est un peu gênant, mais cette période fut un véritable tremplin pour nous. »

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Avant 2011, le cinéma égyptien avait déjà été influencé par deux autres révolutions : 1952, avec le coup d’État du Mouvement des officiers libres, dirigé par Gamal Abdel Nasser, précédé par la révolte de 1919 contre l’occupant anglais. « Avec la révolution de 1952, il y a eu beaucoup de films très célèbres produits après la crise du canal de Suez, qui ont été promus par l’État pour établir une certaine version des faits. Des récits rétrospectifs anticoloniaux qu’aujourd’hui on qualifierait péjorativement de propagande », analyse Chihab el-Khachab, chercheur postdoctoral à l’Université de Cambridge et auteur d’un livre à paraître en mars, Making Film in Egypt.

« En 1919, le cinéma est un média populaire et commercial, et pas spécialement le lieu pour montrer les grandes histoires de la nation. Les représentations de cette révolution dans le cinéma n’apparaîtront que bien plus tard, dans les années 30 et 40, et ce sont souvent des adaptations de romans. Donc, en 1919 comme en 1952, on constate un décalage entre la production des films et les évènements qu’ils dépeignent. Un décalage qui s’explique par des contraintes techniques et politiques. À ce titre, 2011 est un événement cinématographique unique en raison de l’immédiateté de la représentation de la révolution à l’écran, grâce notamment à la récupération d’images vernaculaires. »

Qu’ils étaient déjà à l’époque des talents confirmés ou encore des artistes émergents, la plupart des cinéastes interrogés par L’OLJ parlent de la période de la révolution avec nostalgie, évoquant l’émergence d’une liberté de parole et d’une énergie créative. De cette période de transitions naît notamment Rags and Tatters (2013), écrit et réalisé par Ahmad Abdalla, ou encore le drame Akher ayyam el-madina (Les derniers jours de la ville), de Tamer el-Saïd, considéré par la plupart de nos interlocuteurs comme le meilleur film égyptien de la décennie.

« À l’époque, nous avions très peu de moyens, il fallait donc improviser, et on avait tous plusieurs casquettes. Il fallait être à la fois directeur de la photographie et ingénieur du son. Je me souviens d’un tournage où j’étais réalisateur, et nous n’avions trouvé personne pour jouer un mort, donc c’est moi qui ai fait le rôle du cadavre », raconte Mohammad Fawzy avec un petit rire. Aujourd’hui encore, beaucoup de cinéastes égyptiens indépendants multiplient les jobs, s’essayant à la réalisation, la production, l’écriture et la photographie. Moins par choix que par nécessité.

« On travaille en équipe, on s’entraide. Quand je réalise un film, je peux compter sur d’autres réalisateurs pour gérer la photographie, et vice versa. On se prête aussi notre équipement. On improvise, on essaye de trouver des solutions intelligentes pour faire du cinéma avec des moyens limités », témoigne Mina Nabil, un jeune producteur et réalisateur originaire d’Alexandrie. Et quand le septième art ne suffit pas à joindre les deux bouts, lui comme d’autres prêtent leur talent au secteur de la publicité ou au cinéma commercial. « Il est impossible de gagner sa vie en faisant uniquement du cinéma d’auteur. Alors, je préfère de temps en temps réaliser des pubs plutôt que de travailler dans un café. Au moins, je reste plus ou moins dans le même milieu », argumente-t-il.

« Pour 100 millions de personnes, il y a 400 salles »

Dix ans après la révolution, à quoi ressemble le cinéma indépendant ? « Aujourd’hui, il ressemble à rien, selon moi. Il est inexistant », lâche Youssef Chazli, le directeur de Zawya, le seul cinéma d’art et essai du Caire. « Si on regarde le programme de notre cinéma, on constate que l’on diffuse très peu de films égyptiens. Il y a peut-être un ou deux films qui sortent par an, alors qu’avant il y en avait beaucoup plus. C’est un problème. Les choses ont changé », se désole Youssef Chazli, en prenant toutefois soin de choisir chaque mot avec précaution – un impératif dans un pays où les opinions dissidentes sont tues au cachot. « Là, on est beaucoup plus dans une logique de survie. On n’est plus porté par cette énergie qui faisait que tout était possible. »

Se pose aussi la question de l’audience. « Quand on parle de cinéma, il faut parler de salles de cinéma. En Égypte, pour 100 millions de personnes, il y a 400 salles. C’est très peu. Et ces 400 salles, c’est pour le cinéma égyptien commercial et les blockbusters américains. Du coup, les films indépendants ont souvent du mal à sortir sur grand écran », analyse la cinéaste Marianne Khoury qui fut aussi pendant plus de 30 ans une proche collaboratrice du réalisateur culte Youssef Chahine. « Nous avons besoin de plus de cinémas comme Zawya », plaide l’acteur égypto-britannique Amir el-Masry, 30 ans, qui s’est fait connaître grâce à son rôle de réfugié syrien dans la tragi-comédie Limbo, en plus d’apparitions dans Star Wars ou les séries anglaises Industry et The Night Manager (dans laquelle il joue un commis de cuisine pleurant de joie en apprenant la démission de Moubarak). « C’est l’endroit parfait pour découvrir de jeunes cinéastes égyptiens. Nous avons besoin de tels espaces et plus encore », martèle-t-il avec enthousiasme.

Fondé en mars 2014, Zawya a déménagé en septembre 2018 dans un cinéma du centre-ville doté de deux écrans avec une capacité totale de 387 places. Dans la ville la plus peuplée du continent africain avec plus de 20 millions d’habitants, le monopole de Zawya en tant que seul cinéma d’art et essai du Caire aurait dû, en théorie, lui assurer de faire salle comble. En pratique, lorsque L’OLJ a visité les lieux, les rares spectateurs chuchotaient en français, anglais et arabe, perdus au milieu d’un océan de sièges vides. Avec une moyenne de 70 000 entrées par an, le cinéma reste en deçà de son objectif, qui est de vendre entre 80 et 100 000 tickets annuellement. Et à cause du coronavirus, « on devrait faire bien moins que la moyenne cette année », précise Youssef Chazli.

Célébré à l’étranger ; méconnu à domicile ?

Bien sûr, dans un pays où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, une place de cinéma qui oscille entre 50 et 100 livres (3-6$) est un luxe inabordable pour de nombreuses familles. « Ce qui explique pourquoi le nombre d’entrées global est très bas par rapport à la taille du pays », résume Mohammad Hefzy. Celui que l’on décrit comme l’un des plus grands producteurs du Moyen-Orient nous a donné rendez-vous dans un hôtel du très chic quartier de Zamalek. « Pour ce qui est du cinéma indé, c’est de toute façon un public très niche. J’ai produit des films qui sont allés à Cannes, mais qui, ici, font très peu d’audience. Aujourd’hui, ça ne nous surprend plus : le fossé entre ce cinéma et le grand public est immense. Mais je pense que l’écart va petit à petit se résorber », veut croire celui qui a notamment produit Yomeddine, en compétition pour une Palme d’or en 2018.

Ainsi vit le septième art : célébré par la critique de la Mostra à la Berlinale, ignoré par le grand public à domicile. « Ça semble difficile pour un film d’auteur d’être un succès commercial en Égypte. La meilleure opportunité pour le cinéma indépendant, ce sont les festivals étrangers. Et en même temps, je pense que c’est en train de changer. Être reconnu à l’international, ça aide quand on revient ici », assure Marianne Khoury. Mais il ne fait aucun doute que de nombreux réalisateurs se tournent avant tout vers l’étranger pour faire vivre leur cinéma. Projections, prix prestigieux et subventions : une tournée des capitales européennes est souvent une étape obligatoire pour obtenir le soutien dont ces cinéastes ne bénéficient pas chez eux.

La dépendance aux investissements étrangers n’est toutefois pas sans conséquence sur le choix des histoires racontées. « Les plateformes qui offrent des fonds veulent surtout des histoires sur la révolution, ou les droits des femmes et des minorités. Des récits qui sont bien sûr importants, mais un peu clichés. Si on veut raconter autre chose, alors les financements sont plus difficiles à décrocher », estime un réalisateur un brin amer. « Ça donne des films qui ne sont pas authentiques », confirme Maged Nader. Certains cinéastes proposent-ils un regard simpliste – pour ne pas dire orientaliste – de leur propre pays afin de « cocher les cases » pour plaire à l’étranger ? C’est la question que se posent certains cinéphiles du Caire qui découvrent parfois avec perplexité les films égyptiens qui font carrière en Occident. Certaines critiques considèrent ce cinéma-là comme « hors sujet » dès lors qu’il s’adresse plutôt aux étrangers qu’aux Égyptiens.

Contourner la censure

Qu’ils s’adressent à un public local ou international, ou tentent de trouver un équilibre narratif pour s’adresser aux deux – ou qu’ils ne se soucient pas vraiment de l’audience –, les cinéastes égyptiens sont soumis à la censure de la même façon. Officiellement institué en 1914 par le pouvoir colonial britannique, ce contrôle visait non seulement à sauvegarder la « morale publique », mais était surtout perçu par les autorités comme un impératif politique et sécuritaire. Tout au long de la période du protectorat, les réalisateurs égyptiens devaient s’abstenir de toute critique des étrangers, des fonctionnaires, de l’autorité de l’État, des institutions religieuses ou de la monarchie, y compris des monarchies d’autres pays, au passé ou au présent.

En 1938, Lachine devient ainsi l’un des premiers films à être formellement interdit. Réalisé par le cinéaste allemand Fritz Kramp, cette fable des mille-et-une-nuitesque en noir et blanc dépeint un royaume médiéval où un sultan gouverne depuis son somptueux palais un peuple au bord de la famine. L’interdiction du film au lendemain de sa sortie force les studios Misr à tourner une fin alternative : le despote n’est plus assassiné lors d’un soulèvement populaire, mais triomphe sous les applaudissements de ses sujets qui se massent aux portes du palais en scandant « Vive le sultan ! ». La censure ne s’est pas volatilisée en même temps que les Britanniques ou que le roi Farouk. Ce « processus de négociations » entre censeurs et auteurs (pour reprendre les mots de Chihab el-Khachab) est un legs transmis de régime en régime jusqu’à aujourd’hui, où il continue à circonscrire les arts. Les représentations de la politique, de la sexualité et des religions, en particulier, font l’objet d’un examen minutieux.

« En termes de libertés artistiques, la situation est pire aujourd’hui qu’elle ne l’était sous Moubarak. Aucun doute là-dessus », insiste, entre deux gorgées de café, un cinéaste qui souhaite garder l’anonymat. Mais il existe des moyens de contourner la censure, explique-t-il. Celle-ci s’opère systématiquement en deux étapes. Il faut d’abord présenter un script au censeur afin d’obtenir le permis pour commencer le tournage. Ensuite, une fois la production achevée, il faut repasser devant ce même censeur pour lui présenter la version finale. « Mais il suffit, au début, de présenter un faux scénario pour obtenir les autorisations et ainsi pouvoir tourner un film qui, sinon, n’aurait jamais été approuvé », confie notre source. Reste un inconvénient de taille : les films réalisés sur la base d’un script fallacieux ne pourront jamais être diffusés en Égypte, faute d’obtenir le feu vert lors de la seconde étape du processus.

« Le cinéma commercial est dépolitisé, c’est certain. Mais je pense que le cinéma indépendant est… » hésite Marianne Khoury. « On n’a pas besoin de faire du militantisme », finit-elle par lâcher. « C’est sûr que la jeunesse a une voix et qu’elle a envie de dire des choses, même si c’est de façon indirecte. » De toute évidence, le contrôle de l’État n’empêche pas de faire du grand cinéma : « La censure prend une place importante dans notre métier. Il faut faire avec, car nous avons envie que nos films puissent être projetés en Égypte. En même temps, elle nous force à être créatifs car je dois trouver le moyen de dire les choses subtilement, de pouvoir exprimer mes idées – même controversées – tout en évitant que mon film soit interdit », explique Sameh Alaa, qui a reçu en 2020 la Palme d’or du Festival de Cannes pour son court-métrage I Am Afraid to Forget Your Face.

« Je donne souvent l’exemple du réalisateur polonais Krzysztof Kieślowski qui faisait des films sous le régime communiste. Et il disait que le contrôle des autorités lui posait beaucoup de difficultés, mais qu’en même temps, ça le forçait à être créatif. Si vous me demandez si je préfère travailler avec ou sans censure, je vous répondrai évidemment que je préfère travailler sans », continue le cinéaste en ajustant ses lunettes tortoises. « Mais sans censure, conclut-il, je m’imposerais quand même des limites, car les contraintes alimentent mon imagination. »

Rendez-vous est pris dans le centre-ville du Caire, au cinquième étage d’un grand bâtiment gris. Trois petits coups sur la porte en fer, un grincement, un visage : celui du réalisateur Maged Nader, gardien des clefs de la Cimatheque, un centre dédié au cinéma alternatif. « Et voici notre salle de projection », sourit-il en entrant dans une grande pièce aux murs noirs....

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