La crise a particulièrement affecté l’activité commerciale de la rue Hamra. En l’espace de quelques mois, les loyers ont chuté, les franchises internationales ont mis la clé sous la porte et les locaux vacants se sont multipliés. L’agence de conseil immobilier Ramco estime qu’il y aurait environ 8 000 m2 de surfaces commerciales à la location.

Après une année 2020 très difficile pour les commerçants de la rue Hamra, le confinement de 2021 aggrave encore la situation.
Après une année 2020 très difficile pour les commerçants de la rue Hamra, le confinement de 2021 aggrave encore la situation. Photo : Joseph Eid/AFP

L’année 2020 fut très difficile pour les commerçants de la rue Hamra. Le secteur a été particulièrement touché par la crise économique, la dévaluation de la livre, les confinements liés à la pandémie du Covid-19 et la baisse du pouvoir d’achat des Libanais qui ont entraîné une vague de fermetures sans précèdent.

La crise n’a pas épargné les franchises internationales qui ont été pénalisées par les restrictions imposées sur le dollar.

Plusieurs franchises (Body Shop, Charles & Keith, Addidas, Mothercare, American Eagle, H&M, Aldo, Bobby Brown), dont certaines appartenaient au groupe koweïtien Alshaya, ont quitté le quartier aux cours des derniers mois. L’ancienne vitrine des marques internationales au Liban ne compte désormais plus qu’une poignée de grandes enseignes comme Dunkin Donuts, LC Waikiki, Nike, Jack & Jones, Geox, La Senza, Bata, Starbucks.

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Quelques cafés et restaurants (Roadster Diner, Mado, Sam’s) ont également fermé au cours de 2020. Les célèbres Malek el Batata et Classic Burger viennent récemment de mettre la clé sous la porte.

«La demande est quasi nulle. Qui va ouvrir ou démarrer un commerce dans la situation actuelle ?», s’interroge Walid Eido, un agent immobilier implanté à Hamra.

En effet, les nouvelles ouvertures ne comblent pas les derniers départs. Les confinements à répétition ne faisant qu’aggraver la situation. 

Ainsi, il y a actuellement une trentaine de locaux vacants à la location. Ce chiffre présente environ 10% des locaux le long de la rue. Même durant la guerre civile, l’ancien Champs-Elysées du Liban n’avait pas connu une telle déprime.

Selon l’agence de conseil immobilier Ramco, environ 8 000 m2 de surfaces commerciales sont à louer actuellement, le double de 2018.

Baisse des loyers

Cette crise s’est traduite par une chute des loyers. Quel que soit le mode de paiement (en lollars ou en dollars frais), la moyenne des loyers a baissé, selon Ramco Real Estate Advisers, d’environ 20% au cours de 2020.

Il y a bien quelques propriétaires qui demandent encore des montants surréalistes mais les dernières locations confirment la tendance.

«J’ai une boutique d’environ 100 m2 au centre de la rue Hamra avec deux vitrines. Le loyer est de 50 000 dollars en chèque bancaire c’est 50% de moins qu’en 2018. Et je n’ai pas de clients potentiels», avoue Walid Eido.

Autre exemple : un local de 470 m2 sur trois niveaux à proximité du théâtre Saroulla, loué à la fin de l’été 2020 sur la base de 460 dollars le m2 par an au rez-de-chaussée, soit moitié moins qu’en 2017. Un emplacement de 80 m2, affiché à 85 000 dollars en 2019 a également été loué fin 2020 à 120 millions de livres libanaises par an, soit 79 000 dollars au  taux officiel, mais seulement  31 000 dollars au taux de 3 900 LL le dollar.

Les loyers des meilleurs emplacements se situeraient ainsi entre 600 et 700 lollars le m2 par an. À l’opposé, les locaux les moins intéressants, c’est-à-dire à l’entrée et à la sortie de la rue Hamra ne devraient pas dépasser les 450 à 500 lollars le m2 annuel.

«Les seules enseignes qui résistent sont celles qui bénéficient toujours d’un ancien loyer. Elles sont majoritaires le long de la rue Hamra. En revanche, la rue Verdun est quasiment vide parce que les locaux sont récents et quasiment tous sous la loi des nouveaux loyers», ajoute Walid Eido.

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Heureusement, quelques téméraires (Awada Optic, Pet Zone et Souk Okaz qui a repris le local de Cottonil et Chocolate Bar) ont ouvert le long de la rue Hamra au cours des dernières semaines.

«Certains locaux sont loués plus ou moins légalement, sans contrat. Plusieurs vendeurs de fruits secs, pistaches et cacahouètes ont ainsi fait leur apparition à partir de 2018. Certains ont fermé depuis, mais avec tous ces changements, Hamra ressemble désormais à une petite rue de Damas », déclare, sous couvert d’anonymat, un commerçant du quartier.