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Lifestyle - Architecture

Lina Ghotmeh consacrée « Femme aux réalisations exceptionnelles »

Le prix « Tamayouz », que la Franco-Libanaise vient de recevoir après de nombreuses autres récompenses glanées ces dernières années, sacre l’excellence des femmes architectes du Proche-Orient et d’Afrique du Nord.

Lina Ghotmeh consacrée « Femme aux réalisations exceptionnelles »

Lina Ghotmeh vient de remporter l’Award Woman of Outstanding Achievement 2020. Photo Gilbert Hage

L’Award Woman of Outstanding Achievement 2020 (Femme aux réalisations exceptionnelles) vient d’être attribué à Lina Ghotmeh par Tamayouz. Ce prix a été créé en 2012 par l’Irakien Ahmad al-Mallak, architecte et professeur de design et d’urbanisme à l’Université de Coventry au Royaume-Uni et primé par le Cecil Angel Prize.

Ses projets n’ont cessé, au cours de ces années, de rafler les récompenses. Notamment celui qui l’a mise au devant de la scène architecturale internationale : le musée national d’Estonie. Ce bâtiment de 34 000 m2 est devenu « emblématique d’une architecture avant-gardiste alliant pertinence et beauté du geste », note l’historienne de l’art Christine Blanchet. Salué unanimement par la presse internationale, le musée, conçu par Ghotmeh avec son agence DGT, remporte le Grand Prix AFEX 2016 (Architecture française à l’export) et se voit même nominé pour le Mies van der Rohe Award 2017.

La nouvelle manufacture et sellerie de la Maison Hermès, en Normandie, se déploie sur 6 700 m2. Photo Lina Ghotmeh-Architecture

« J’ai senti le partage d’une histoire commune avec l’Estonie et ce rapport ambivalent à l’histoire et à la guerre », avait confié l’architecte à L’Orient-Le-Jour. La même année, elle reçoit le prix de « toutes les catégories » du Lebanese Architect Award. Enfin, en 2018, le musée est récipiendaire du prix Kenneth Hudson attribué par le Forum européen du musée sous l’égide du Conseil de l’Europe, en reconnaissance de « la réalisation la plus insolite et audacieuse qui remet en question les perceptions communes du rôle des musées dans la société ».

Sur la voie d’un avenir prometteur

Par ailleurs, la fondatrice de l’atelier pluridisciplinaire Lina Ghotmeh-Architecture (LG-A) a suscité en 2016 la curiosité des médias de la profession, en gagnant le concours « Réalimenter Masséna », lancé par la ville de Paris. Le projet comprend la réhabilitation de la gare Masséna dans le XIIIe arrondissement et la construction d’une tour écologique de 50 mètres de haut entièrement en bois, qui abritera un programme dédié à l’alimentation durable : agriculture urbaine sur le toit, logements, laboratoire de recherches agronomiques, résidence de jeunes chefs…

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D’autres succès vont lui permettre d’asseoir une réputation qui va grandissante. Pour n’en citer que quelques-uns, elle remporte avec le cabinet britannique Rogers Stirk Harbour & Partners, fondé par le célèbre architecte londonien sir Richard Rogers, la réhabilitation du socle de la tour Montparnasse. « Un projet de 100 000 m2 situé en plein cœur de Paris, qui vise à connecter le quartier et le transformer en un poumon vert de la ville », explique l’architecte.

Le travail de Lina Ghotmeh séduit par « le génie de la simplicité et l’élégance de la sobriété ». « Son architecture est prometteuse des formes de demain », souligne la presse spécialisée. Ses constructions sont « une archéologie du futur, sous un angle tant historique qu’écologique. Les questions du rapport à la mémoire, à la matière, à la nature et à l’humain sont primordiales dans la relation qu’elle entretient à l’architecture ». Une approche qu’elle applique à toutes ses constructions, parmi lesquelles le Stone Garden, situé à quelques encablures du port de Beyrouth et dont les solides façades sont restées intactes après la double explosion du 4 août 2020. Sa peau texturée est peignée à la main avec une matière terrestre qu’elle a conçue et développée avec des artisans locaux, « une technique vernaculaire réinventée pour relier le passé au futur », souligne Lina Ghotmeh. Commandité par le photographe Fouad el-Khoury associé au promoteur Rachad Dernaika RED Development, l’ouvrage de 4 200 m2, qu'elle a conçu dans ses ateliers LG-A et DGT, émerge avec « ses espaces creux où le vide laisse la nature retrouver sa place », dit-elle.

Les projets en cours

Lina Ghotmeh travaille en ce moment sur de nombreux projets, parmi lesquels trois remportés lors de concours l’année dernière. Comme par exemple celui de la nouvelle manufacture et sellerie de la maison Hermès, en Normandie. Actuellement en cours d’exécution, ce bâtiment de 6 700 m2 à hautes ambitions environnementales, passif et à faible impact carbone, comporte des aspects techniques très pointus. La construction est en brique artisanale issue de la terre du site. À la suite d’un entretien avec l’architecte, Philippe Trétiack, écrivain, essayiste, journaliste et architecte français, décrit dans le numéro printemps-été du magazine Le Monde d’Hermès une architecture qui émerge du tracé exact de son site.  « Entre structure et organicité, l’architecture de cet édifice se fait discrète, elle se fond avec la poétique du  paysage. Ses grands sauts d’arches suivent la trame des ateliers. Forme manifeste de la construction brique, l’arche incarne inévitablement le mouvement, les sauts du cheval. Les sauts confectionnant de grandes baies. La lumière naturelle se fait précise, confortable, abondante, diffuse. Les ouvertures en toiture s’alignent vers le nord et invitent un éclairage précisément muséal à pénétrer l’espace (…). »

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En cours de construction également, le nouveau Centre chorégraphique national de danse de la ville de Tours, dont la livraison est prévue pour 2022, ainsi que les logements de 15 000 athlètes à Saint-Denis, au cœur du chantier gigantesque qui abritera le Village olympique et paralympique de 2024. Après les Jeux, le village sera transformé en un nouveau quartier de ville de 300 000 m² de construction qui accueillera 6 000 habitants et 6 000 salariés.

Le cabinet britannique Rogers Stirk & Partners et Lina Ghotmeh, lauréats de la réhabilitation du socle de Montparnasse. Photo Lina Ghotmeh-Architecture

De l’architecture à la mise en scène

Outre l’architecture, Lina Ghotmeh réalise des scénographies qui répondent aux enjeux artistiques et transportent les visiteurs au cœur d’une expérience spatiale propre à ouvrir le champ de leur curiosité. Elle signe ainsi la scénographie de l’exposition parisienne du grand maître japonais Hokusai, au Grand Palais, en 2015. En 2017, au musée national de Tokyo, elle met en scène, sur 1 200 m2, les créations de 15 maîtres d’art français, artisans d’exception, porteurs d’un patrimoine immortel. La manifestation, qui se tiendra également au musée national de Pékin, est considérée comme « la meilleure exposition de l’année » par le Tokyo Weekend et lui vaut le prix DSA japonais.

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Forte de ses expériences multiculturelles et bien engagées dans les problématiques de son temps, l’architecte est régulièrement invitée à donner des conférences à l’École de design de Rhode Island (États-Unis), à la Royal Academy of Arts (Londres), à la University of Columbia (New York) ou encore à la Parsons School. Cette année encore, Lina Ghotmeh est nominée pour le prix de la Fondation Erich Schelling pour sa contribution à l’histoire de l’architecture. Les premiers Schelling Architecture Awards avaient été attribués à l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au en 1992 et à Zaha Hadid, en 1994, avant d’avoir connu une notoriété internationale.

Bio express

Née à Beyrouth, Lina Ghotmeh a fait ses études d’architecture à l’Université américaine de Beyrouth avant de poursuivre sa formation à l’École spéciale d’architecture de Paris où elle devient professeure associée entre 2008 et 2015.

C’est à Londres qu’elle collabore avec les ateliers Jean Nouvel et Foster & Partners et qu’elle décide en 2005 de participer au concours international du musée national estonien.

En 2006, elle cofonde l’agence Dorell Ghotmeh Tane (DGT Architects), à Paris, et mène le projet du grand musée national à sa réalisation. En octobre 2016, la DGT est dissoute et Lina Ghotmeh enregistre au Tableau des architectes d’Île-de-France sa nouvelle société, Lina Ghotmeh-Architecture.Sélectionnée dans la revue European Architects parmi les « 10 architectes visionnaires pour la décennie 2010 » et sur la liste 2018 – 2019 des 100 designers d’objets et d’espaces qui font rayonner le French Design à l’international, elle a décroché le prix AJAP (Albums des jeunes architectes et paysagistes) décerné par le ministère français de la Culture et de la Communication, et celui de Rassegna Lombarda di architectura under 40, attribué par l’ordre des architectes de Milan.

Elle enchaîne avec l’Architizer A+Awards 2014 pour The Bump (un nouveau concept de stand Renault) et le prix Dejean de l’Académie d’architecture française ainsi que le prestigieux prix d’architecture et de design Europe 40 Under 40. En 2018, LeFooding lui attribue le Prix du meilleur décor pour le restaurant Les Grands Verres du palais de Tokyo dont elle a dessiné aussi bien l’architecture que le mobilier.

En 2019, l’Académie des beaux-arts lui remet le prix Pierre Cardin et Londres la nomine pour le Moira Gemmill Prize for Emerging Architecture des moins de 45 ans. Moira Gemmill, décédée en 2015, a été responsable du design et des expositions au Museum of London et directrice du design au Victoria and Albert Museum, avant d’être nommée directrice des programmes d’immobilisation au Royal Collection Trust.

L’Award Woman of Outstanding Achievement 2020 (Femme aux réalisations exceptionnelles) vient d’être attribué à Lina Ghotmeh par Tamayouz. Ce prix a été créé en 2012 par l’Irakien Ahmad al-Mallak, architecte et professeur de design et d’urbanisme à l’Université de Coventry au Royaume-Uni et primé par le Cecil Angel Prize. Ses projets n’ont cessé, au cours de ces années, de...

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Bravo Lina!

DINAH DIWAN

13 h 29, le 19 janvier 2021

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Commentaires (1)

  • Bravo Lina!

    DINAH DIWAN

    13 h 29, le 19 janvier 2021

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