« Un an et un mois après le début de la crise, le secteur bancaire continue d’exister, aucune banque n’a fait faillite et les dépôts sont encore là », s’est félicité récemment le gouverneur de la Banque du Liban sur la chaîne al-Hadath. Une version pour le moins édulcorée de la réalité, qui tranche avec le vécu des Libanais et l’avis de la plupart des experts. Dans une interview réalisée quelques jours auparavant, l’économiste et ancien banquier, Freddie Baz, dressait, lui, un tableau beaucoup plus sombre.

D.R.

Comment qualifiez-vous la situation du secteur bancaire?

Les banques au Liban sont en situation de faillite technique. Si la faillite n’est pas officielle, c’est parce qu’il y a des relations incestueuses entre le monde de la finance, la politique et la justice. Les juges des référés, sur la base des centaines de requêtes qui leur sont adressées chaque jour, devraient pouvoir déclarer les banques en cessation de paiement en se basant sur le préambule de la Constitution, mais ils ne le font pas. De son côté, la banque centrale pratique ce qu’on appelle la « forbearance », c’est-à-dire que dans ses exigences de reporting aux banques, elle passe outre les normes internationales pour ne pas contraindre ces dernières à reconnaître leur incapacité. La crise est tellement grave de par son ampleur que personne ne veut assumer la responsabilité d’une telle déclaration. Mais la capacité du secteur à survivre est clairement mise en cause comme en témoignent les rapports des commissaires aux comptes sur l’exercice 2019.

Fin août, les dépôts s’élevaient à 142 milliards de dollars, dont 28 milliards en livres libanaises et 114 milliards en devises. Si l’on s’

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