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Campus - Architecture

Pour son master, Maria Yared réhabilite l’hôtel Saint-Georges en maison de la citoyenneté

Soutenu fin septembre à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, le projet de fin d’études de Maria Yared, intitulé « Sawa » (ensemble en arabe), lui a valu une mention très bien et les félicitations unanimes du jury.

Pour son master, Maria Yared réhabilite l’hôtel Saint-Georges en maison de la citoyenneté

La maison de la citoyenneté conçue par Maria Yared comprendra une bibliothèque, des bureaux, des lieux de réflexion, un café-restaurant, un espace hôtel ou encore des amphithéâtres inspirés de la disposition des groupes de discussion improvisés lors de la révolution du 17 octobre. Crédit photo Carla Yared

Si le projet de fin d’études de Maria Yared, Sawa, a été applaudi lors de sa soutenance à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, fin septembre, c’est qu’il s’ancre bien dans la réalité sociopolitique du Liban d’aujourd’hui et que son concept architectural exprime une vision de la reconstruction de la citoyenneté. D’ailleurs, Sawa porte bien son nom. Car c’est « ensemble » que Maria Yared rêve le Liban de demain. À travers son regard d’architecte, elle a transformé l’emblématique hôtel Saint-Georges en maison de la citoyenneté. Un espace au cœur de Beyrouth dont la mission est de réunir tous les Libanais pour réfléchir, penser, débattre et agir, en dehors de toute considération politique et confessionnelle. Cette plateforme « permettrait enfin de passer du débat à l’action. C’est la maison d’un pays en reconstruction », souligne la jeune architecte.

En entamant son projet de master en 2018, Maria Yared avait déjà l’intuition qu’un lieu devait accueillir cette reconstruction de la citoyenneté et du citoyen, et ce bien que le mouvement de contestation n’ait démarré qu’en octobre 2019. « C’est là où l’architecture rejoint le politique. C’est là que le politique va chercher l’architecte », assure-t-elle. À l’origine de son projet de fin d’études, sa curiosité d’apprendre l’histoire du Liban et de comprendre la complexité de son système politique. La jeune femme réalise alors que « le chaos né en 1975 avec la guerre civile libanaise continue de régner » et compare le Liban à « une pelote de laine dont les fils sont inextricables ». Pour elle, il s’agit alors de « défaire ces nœuds afin de reconstruire une citoyenneté, seule garante de la restauration des droits et devoirs basiques de tous ». Au fur et à mesure de son travail, Maria Yared repère les problèmes auxquels les Libanais font face et propose une solution, « le programme politique de (son) projet architectural, la maison de la citoyenneté Sawa ».

Le Saint-Georges, à l’image des Libanais

Le choix de l’hôtel Saint-Georges pour incarner l’idée de la jeune architecte libanaise ne relève pas du hasard. Dans ce lieu, Maria Yared voit un témoin de l’histoire moderne du Liban et le compare au Beyrouth de l’après-guerre. « Lors de la période de la reconstruction, l’hôtel Saint-Georges (…) est resté en ruine comme une épave de guerre qui prouverait que la reconstruction ne peut s’accomplir sans la réparation des esprits », remarque-t-elle.

Au cours de son travail sur les archives photographiques de ce lieu abandonné, Maria Yared saisit les changements architecturaux et identifie les différentes périodes qui ont modelé l’évolution du Saint-Georges depuis 1930 jusqu’à nos jours. « Ce processus permet de comprendre visuellement la métamorphose du bâtiment en fonction des événements politiques et historiques du Liban. Ainsi, l’histoire architecturale de l’hôtel et son imaginaire collectif sont intrinsèquement liés à l’histoire politique du pays. Le projet Sawa prolonge alors cet aspect, entre architecture et politique », explique-t-elle encore.

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Tout en respectant l’histoire de ce lieu et en sauvegardant sa mémoire, Maria Yared a conçu l’architecture de Sawa « comme un dialogue avec l’existant en s’y intégrant tout en affirmant sa présence ». Sa maison de la citoyenneté comprend ainsi une bibliothèque, des bureaux, des lieux de réflexion, un café-restaurant, un espace hôtel ou encore des amphithéâtres inspirés de la disposition des groupes de discussion improvisés lors de la révolution du 17 octobre.

Le programme architectural, tel qu’elle le conçoit, s’articulerait autour de quatre axes : s’instruire, penser, débattre et agir, avec des actions organisées par un collectif de personnes dénuées de toute affiliation politique ou religieuse. Sous un thème différent chaque mois, ce collectif rassemblerait les différentes problématiques soulevées par les citoyens. Ces derniers se verraient proposer des conférences afin de débattre et de proposer des solutions publiées par une cellule du collectif Sawa. « L’objectif est de constituer un ensemble structuré de données rassemblant des propositions de lois ou des projets soumis par les Libanais. Par la suite, ce collectif tentera de faire appliquer ces solutions en contactant les personnes adéquates, que ce soit des entreprises privées, des ONG ou même les commissions parlementaires », estime Maria Yared. Avec son ambitieux projet de master, la jeune architecte souhaite transformer ce lieu de rassemblement et d’échange en « un vecteur de changement mené par les citoyens eux-mêmes ». Aujourd’hui, elle souhaite entrer en contact avec le propriétaire de l’hôtel Saint-Georges afin de passer, éventuellement, à une autre étape : la réalisation de son projet.



Si le projet de fin d’études de Maria Yared, Sawa, a été applaudi lors de sa soutenance à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, fin septembre, c’est qu’il s’ancre bien dans la réalité sociopolitique du Liban d’aujourd’hui et que son concept architectural exprime une vision de la reconstruction de la citoyenneté. D’ailleurs, Sawa porte bien son...

commentaires (3)

Bravo ! Quel bonheur que de découvrir le formidable imaginaire de cette jeune architecte visionnaire d'un futur meilleur.

ASSAF Milka

12 h 24, le 07 décembre 2020

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Commentaires (3)

  • Bravo ! Quel bonheur que de découvrir le formidable imaginaire de cette jeune architecte visionnaire d'un futur meilleur.

    ASSAF Milka

    12 h 24, le 07 décembre 2020

  • A l'image de cet oiseau mythique, le Phénix, qui renait toujours de ses cendres. Les jeunes Libanais, faisant fi de toutes les vicissitudes imposées par nos "responsables", réussissent à briller dans tous les domaines...

    C…

    23 h 54, le 03 décembre 2020

  • Sans compter que l'Hôtel Saint-Georges a été la victime du projet Solidère puis le témoin direct de l'assassinat de Rafic Hariri et qu'il continue à porter les stigmates de cet attentat.

    Georges Airut

    01 h 50, le 03 décembre 2020

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