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Société - Écoles

L’enseignement hybride : sauver l’année scolaire, mais à quel prix ?

La décision est contestée par des parents qui mettent l’accent sur le danger de contamination au Covid-19.

L’enseignement hybride : sauver l’année scolaire, mais à quel prix ?

Des élèves de retour sur les bancs de l’école, munis de leur masque, au Sacré-Cœur de Gemmayzé, un établissement endommagé, de surcroît, par la double explosion du port. Photo Marc Fayad

Dans le cadre du déconfinement progressif qui a débuté hier après une décision en ce sens par le comité ministériel en charge du suivi du coronavirus, le ministre de l’Éducation, Tarek Majzoub, a décidé la réouverture des écoles afin de sauver l’année scolaire, malgré une crise sanitaire qui perdure. Interrompus durant trois semaines, les cours en hybride, alternant le présentiel et les cours en ligne, ont donc repris. Pour expliquer le mécanisme de fonctionnement, M. Majzoub a tenu hier avec son homologue de la Santé, Hamad Hassan, une conférence de presse lors de laquelle l’accent a été mis sur « la nécessité de gagner la bataille de l’éducation ». Les deux ministres ont assuré que la reprise des classes tient compte « de considérations sanitaires, éducatives, sociales et psychologiques ». La décision divise toutefois les parents, entre ceux qui s’en félicitent, persuadés que les enfants ne sont pas transmetteurs du virus, et ceux non convaincus par les mesures prises par les responsables, qui craignent pour la santé des leurs et préfèrent s’en tenir à l’enseignement en ligne.

Dans son intervention, M. Majzoub a affirmé que la décision de son ministère se fonde sur « des références » en matière de santé, à l’instar de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et le comité interministériel chargé du suivi du Covid-19. Dans le même esprit, Hamad Hassan a indiqué que son ministère et celui de l’Éducation ont mis en place « un plan sanitaire et éducatif en vue de répondre aux appréhensions des parents d’élèves ». Il a demandé aux directeurs d’école, aux membres du corps enseignant et aux parents, de veiller au respect des recommandations de l’OMS liées aux mesures d’hygiène (port du masque, distanciation, lavage des mains, nettoyage des surfaces et désinfection des toilettes…), ainsi que de « garantir une bonne ventilation des espaces scolaires ». Les deux ministres ont fait état d’un mécanisme de « coordination étroite » entre eux, notamment en vue d’éviter la propagation du Covid-19 dans le cas où une école enregistrerait un cas de contamination.


Les ministres de l’Éducation, à gauche, et de la Santé, lors de leur conférence de presse conjointe. Photo Hussam Shbaro


« Des tests gratuits aux élèves aussi »

Des efforts seraient ainsi actuellement déployés pour développer une plateforme sur laquelle devraient être annoncés « en toute transparence » le nombre de cas de coronavirus dans les établissements scolaires. Des tests antigéniques rapides seraient mis à disposition des enseignants présentant les symptômes du Covid-19, lesquels pourraient également passer gratuitement des tests de dépistage PCR. En même temps, a affirmé M. Hassan, « des visites d’inspection seront faites dans les différentes écoles à travers le territoire ». Toutefois, les règles de distanciation et du port du masque sont inégalement respectées, dépendamment des régions et des écoles, indique l’agence al-Markaziya. Dans les localités où les cas de contamination se sont multipliés, comme à Baalbeck, Nabi Chit, Ras Baalbeck, Hermel, Jdeidet Fakeha, Taraya et Tawfiqiyé, les autorités ont décidé de maintenir les écoles fermées.

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Les mesures invoquées par les deux ministres ne convainquent pas le coordonnateur de la Fédération des comités de parents dans les écoles privées, Kohtan Madi. « Non seulement les enseignants, mais tous les élèves devraient bénéficier de tests gratuits », martèle-t-il à L’Orient-Le Jour, doutant en outre que «des patrouilles dans les nombreuses écoles du pays puissent être effectuées ». Dimanche, l’organe qu’il représente avait publié un communiqué dans lequel il réclamait « le report de l’enseignement en présentiel jusqu’au début de l’année prochaine ». « Avant de prendre une décision de réouverture, il aurait fallu mesurer l’évolution de la pandémie pendant la période des fêtes, en même temps qu’évaluer les résultats de l’enseignement en ligne dispensé depuis le début de l’année scolaire », tonne M. Madi. Selon lui, « la présence des élèves dans les écoles constitue un danger pour eux et pour leurs proches, en l’absence de mesures gouvernementales dignes de confiance ». « Même asymptomatiques, les enfants risquent de transmettre le virus », soutient-il. Et de se demander si « la décision de réouverture n’a pas été prise sous la pression de propriétaires d’établissements scolaires désireux d’encaisser les scolarités, sachant que certains parents d’élèves ne paient pas les frais d’écolage lorsque leurs enfants suivent des cours à distance ».

La liberté de choix

Tout en saluant la reprise, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Boutros Azar, souhaite que « l’État donne à l’enseignement à distance la même importance que celui en présentiel ». « Il faudrait donner aux écoles privées la liberté de mesurer la possibilité d’ouvrir en présentiel, sachant qu’elles seules sont juges de leur situation », suggère-t-il, avant d’expliciter : « Si une école se trouve dans une région très contaminée ou si elle a dans son corps enseignant des personnes atteintes par le coronavirus, elle préférerait maintenir l’enseignement numérique. Si un autre établissement pâtit de problèmes d’électricité, ou si nombre de ses élèves n’ont pas accès à internet, il voudrait opter pour les cours en présentiel. » En dehors de ces réserves, le secrétaire général des écoles catholiques approuve la décision du ministère de l’Éducation, « à condition de se conformer au protocole sanitaire ». Il se félicite par exemple d’avoir noté la mise en place d’un contrôle de température pour les enseignants et les élèves devant la porte d’entrée d’une école de Aïn Saadé (Metn).

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Commentant la décision ministérielle, la présidente du Comité de parents d’élèves du collège Saint-Grégoire et membre d’un collectif de comités de parents, Maya Geara, s’en félicite. « Durant les deux semaines de confinement écoulées, la capacité d’accueil des hôpitaux s’est améliorée », observe-t-elle. Elle rapporte en outre « la satisfaction de jeunes parents de voir leurs enfants retourner à l’école car il faut dire que l’apprentissage en ligne dans les petites classes n’est pas des plus facile pour les parents ». D’un autre côté, Mme Geara appréhende la perspective d’« une deuxième vague du coronavirus, qui surviendrait à cause de réunions de familles et d’amis durant les fêtes de Noël et du Nouvel An ». « En attendant, chaque jour d’enseignement en présentiel est un jour de gagné », ajoute-t-elle.


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