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Économie - Audit juricomptable de la BDL

Alvarez & Marsal confirme son retrait du Liban

Le cabinet justifie la résiliation de son contrat par le refus du ministre sortant des Finances et de la BDL de lui fournir les documents requis « dans un futur proche », ce que dément Wazni.

Alvarez & Marsal confirme son retrait du Liban

Un homme passant devant le siège de la Banque du Liban à Beyrouth, le 12 novembre 2020. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

Le cabinet de conseil international Alvarez & Marsal a confirmé jeudi l’abandon de l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban (BDL), en raison du refus du ministre sortant des Finances Ghazi Wazni et de la Banque centrale de lui fournir « dans un futur proche » les documents requis pour mener à bien cette mission. Ghazi Wazni avait annoncé vendredi dernier le désistement du cabinet américain et ce dossier doit faire l’objet d’une séance plénière du Parlement vendredi.

Une réunion des principaux acteurs concernés par cet audit était d’ailleurs attendue en début de semaine, mais elle a été annulée lundi soir, alors que le représentant d’Alvarez & Marsal, James Daniell, a quitté le Liban. Une source gouvernementale avait estimé que la société allait revenir sur sa décision de retrait pour accepter la suspension de trois mois, décidée le 5 novembre, mais le communiqué du cabinet, rapporté jeudi par Reuters, semble mettre un terme à cette hypothèse, tout en ajoutant qu’il reste « disponible si le gouvernement libanais envisage d’engager à nouveau Alvarez & Marsal, dans des conditions plus propices pour mener à bien cette mission ».

Démenti de Wazni
L’audit de la BDL, et plus précisément son volet juricomptable, vise à remonter à la source des transactions passées par l’institution bancaire pour détecter d’éventuelles fraudes. Il constitue l’une des principales réformes réclamées par les pays donateurs. Son lancement effectif est l’une des clés du déblocage de l’assistance financière que le pays a sollicitée du Fonds monétaire international (FMI) en mai, sans succès pour l’instant, alors que le Liban traverse une grave crise économique et financière et a impérieusement besoin d’injection de fonds. La Banque centrale avait toutefois refusé d’envoyer certains des documents et des informations demandés par Alvarez & Marsal, au prétexte du secret bancaire. Le cabinet en avait donc conclu qu’il ne parviendrait pas à mettre la main sur ces documents, même à l’issue du délai supplémentaire de trois mois.

Peu après la publication du communiqué d’Alvarez & Marsal, le ministre Wazni a démenti les informations selon lesquelles les documents ne pourraient être envoyés « dans un futur proche ». « Le texte de la déclaration faite par le ministre des Finances lors d’une réunion au palais présidentiel était clair concernant le fait qu’un délai supplémentaire de trois mois était accordé pour fournir tous les documents à la société », précise le bureau de presse du ministre.

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Dans sa lettre adressée au Parlement mardi, où il demande la tenue d’une séance consacrée au dossier de l’audit, le chef de l’État, Michel Aoun, avait souligné que si cette procédure n’était pas menée le Liban risquait de devenir un pays « failli » aux yeux de la communauté internationale.

Sur le terrain, des manifestants issus de la société civile ont tenu un sit-in jeudi après-midi devant le siège de la BDL à Beyrouth pour réclamer la mise en œuvre de l'audit juricomptable. Un important dispositif sécuritaire a été déployé sur les lieux. Les participants ont dénoncé les « pillards » des fonds libanais et les « corrompus » qui ont mené le pays là où il est aujourd'hui. Ils ont réclamé « le retour de l'argent volé et la protection des comptes des déposants libanais, menacés de perdre les économies de leur vie, notamment pour ceux dont les revenus sont limités », en référence aux restrictions bancaires aussi drastiques qu'illégales dont les Libanais pâtissent depuis plus d'un an et aux menaces récurrentes de « haircut » sur les avoirs en banques.

Une « assistance technique » de la BDF
Par ailleurs, Salem Zahran, journaliste et directeur du Media Focal Center, a annoncé mercredi soir au site d’information LebanonOn, que la Banque de France (BDF) allait entamer un audit des comptes de la BDL, « à condition que les résultats soient communiqués au Fonds monétaire international ». Selon nos informations, la BDF n’a toutefois pas été contactée pour cette mission, mais a en revanche proposé son « assistance technique » à la BDL, validée par le gouvernement libanais peu après la visite du président français Emmanuel Macron début septembre et parallèlement à la signature des audits de la BDL par les cabinets internationaux, Alvarez & Marsal (aspect juricomptable), Olyver Wyman (spécialiste des banques centrales) et KPMG (aspect comptable).

Dans ce cadre, la BDF, qui doit jouer le rôle de « tiers de confiance » entre ces cabinets et la BDL, met à disposition du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, des experts devant « faciliter » le déroulement des audits. Cette « assistance technique » n’a pas cependant encore débuté en l’absence d’avancées concrètes des audits – aucune source n’a pu expliquer à L’Orient-Le Jour où en étaient les audits d’Oliver Wyman et de KPMG – et suite au désistement d’Alvarez & Marsal.

Le cabinet de conseil international Alvarez & Marsal a confirmé jeudi l’abandon de l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban (BDL), en raison du refus du ministre sortant des Finances Ghazi Wazni et de la Banque centrale de lui fournir « dans un futur proche » les documents requis pour mener à bien cette mission. Ghazi Wazni avait annoncé vendredi dernier le...

commentaires (5)

"... Démenti de Wazni ..."- Voyons, entre un cabinet d'audit à la réputation internationale et un ministre libanais, qui croire? Dur dur dilemme...

Gros Gnon

14 h 32, le 27 novembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • "... Démenti de Wazni ..."- Voyons, entre un cabinet d'audit à la réputation internationale et un ministre libanais, qui croire? Dur dur dilemme...

    Gros Gnon

    14 h 32, le 27 novembre 2020

  • IL Y A DES PRESSIONS SURTOUT DE GOUPIL AMALIEN DE NE PAS FOURNIR LES INFORMATIONS REQUISES SOUS MAINTES EXCUSES. AUX MAINS DE QUI ETAIT LE MINISTERE DES FINANCES CHIITE ET RESISTANT POUR PLUS D,UNE DECENNIE ? GOUPIL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 42, le 26 novembre 2020

  • Tergiversations inutiles... Soit que les documents sont disponibles ou ne le sont pas/plus par magie politique... Secret bancaire, secret de polichinelle, il faut arrêter de fouiner dans les poches des politiciens, des voleurs, et de tous ceux/celles qui longtemps durant, ont profité de cet état de fait surréaliste... Triste et désolant... Et nos vaillants politiciens continuent de palabrer en parlement du sexe des anges, espérant que le vent tourne et éloigne cette tempête qui s'abattra sur l'ensemble de la classe dirigeante, (politique, bancaire, etc.) si les fouineurs arrivent dans leur audit au fond des poches!

    Christian Samman

    12 h 31, le 26 novembre 2020

  • Entre le communiqué de la boite et le démenti du ministre y a pas à hésiter: le ministre est le menteur dans cette histoire.

    Fadi Chami

    11 h 56, le 26 novembre 2020

  • Pourquoi 3 mois? Dans mon métier, quand on est audité et qu’on nous demande des documents existants, on doit les fournir en quelques heures pas en quelques mois? On essaie encore de gagner du temps ou de camoufler des preuves.

    Bachir Karim

    11 h 22, le 26 novembre 2020

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