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L'armée accuse le directeur éthiopien de l'OMS de soutenir le Tigré

L'armée accuse le directeur éthiopien de l'OMS de soutenir le Tigré

Des réfugiés éthiopiens au Soudan ayant fui la région du Tigré, le 18 novembre 2020. Photo d'archives AFP / Ebrahim HAMID

L'armée éthiopienne a accusé jeudi le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, originaire du Tigré, de chercher soutiens et armement pour cette région dissidente, ce qu'il a démenti, l'ONU réaffirmant pour sa part son plein soutien à ce responsable.

M. Tedros "a oeuvré dans les pays voisins à condamner la guerre" que mène le gouvernement fédéral éthiopien aux autorités régionales du Tigré (Nord) depuis le 4 novembre, "il a oeuvré pour leur obtenir des armes", a affirmé le chef d'état-major de l'armée fédérale éthiopienne, le général Berhanu Jula.

Le directeur de l'OMS n'a "négligé aucune piste" pour aider le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région du Tigré et défie depuis plusieurs mois l'autorité du gouvernement fédéral, a-t-il ajouté. "Ce type est lui-même membre de cette équipe" du TPLF, a accusé le général Berhanu, en parlant de M. Tedros qui fut ministre de la Santé de 2005 à 2012 dans le gouvernement de Meles Zenawi, chef historique du TPLF, à l'époque parti tout-puissant et détenteur de tous les leviers de pouvoir à Addis Abeba.

Le porte-parole de la cellule de crise gouvernementale pour le Tigré, Redwan Hussein, a aussi séparément fait part du "mécontentement" des autorités d'Addis Abeba envers de M. Tedros. "Le gouvernement est au courant qu'il s'est beaucoup agité, a appelé des dirigeants et (...) institutions pour leur demander (...) d'imposer au gouvernement de négocier", a-t-il déclaré, "le gouvernement attend plutôt de lui qu'il s'adresse à lui pour lui demander (...) ce qu'il peut faire pour l'aider". M. Tedros a démenti ces accusations dans un tweet. "Certains rapports suggèrent que je prends parti dans cette situation. Ce n'est pas vrai et je tiens à dire que je ne suis que d'un seul côté, celui de la paix", a-t-il écrit.

A New York, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a réaffirmé le plein soutien du secrétaire général Antonio Guterres au responsable de l'OMS. "Le secrétaire général a le plus grand respect pour le docteur Tedros qui est un serviteur civil international exemplaire", a-t-il dit. "Nous avons tous vu le travail qu'il fait à la tête de l'OMS" et "il est toujours concentré avant tout sur le besoin urgent de renforcer la santé publique mondiale", a ajouté le porte-parole.

Scientifique spécialiste en immunologie et maladies infectieuses, M. Tedros, 55 ans, est le premier Africain à diriger l'OMS, poste qu'il occupe depuis 2017.

Avant de prendre la tête de l'OMS, il a également été de 2012 à 2016 ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'Hailemariam Desalegn, dauphin choisi par Meles, qui a succédé à ce dernier à son décès brutal en 2012.

"Trahison"

Premier ministre depuis 2018 et prix Nobel de la paix l'année suivante, M. Abiy a lancé le 4 novembre une opération militaire au Tigré contre les forces du TPLF, qu'il accuse de chercher à déstabiliser le gouvernement fédéral et d'avoir attaqué deux bases militaires éthiopiennes dans la région, ce que nient les autorités régionales. Aucun bilan précis de l'offensive militaire, entrée dans sa troisième semaine et impliquant notamment des bombardements aériens, n'est disponible, et la région est quasiment coupée du monde. Mais les combats ont fait plusieurs centaines de morts et, selon le chef de la Commission soudanaise des réfugiés, ont contraint au moins 36.000 Ethiopiens à fuir au Soudan voisin. M. Abiy a récemment affirmé que l'offensive militaire entrait dans sa phase finale.

Jeudi, M. Redwan a affirmé que l'armée fédérale "se rapprochait de Mekele", capitale régionale du Tigré, et avait pris la localité de Shire, dans le Nord du Tigré, où des combats intenses étaient signalés ces derniers jours, ainsi que plusieurs autres dans le Sud de la région. Ces affirmations sont impossibles à vérifier de source indépendante.

Après avoir dominé durant 15 ans la lutte armée en Ethiopie contre le régime militaro-marxiste du Derg, renversé en 1991, le TPLF a contrôlé d'une main de fer durant près de trois décennies l'appareil politique et sécuritaire du pays, jusqu'à ce que Abiy Ahmed en prenne les rênes sur fond de contestation populaire inédite contre le pouvoir.

Progressivement écartés des postes-clés et visés par des poursuites judiciaires, ses responsables se sont retranchés dans leur fief du Tigré, d'où ils ont défié ces derniers mois l'autorité du gouvernement fédéral.

Le 13 novembre, le gouvernement éthiopien avait affirmé détenir des "preuves crédibles" que des agents du TPLF travaillaient au sein d'organisations locales et internationales, et en avoir notamment transmis une liste au Programme alimentaire mondial (PAM).

Le même jour, un responsable de l'Union africaine (UA) avait confirmé que l'organisation, dont le siège est à Addis Abeba, s'était séparée de son directeur de la sécurité, originaire du Tigré, après un signalement du gouvernement éthiopien mettant en doute son "honnêteté".

Depuis le début de l'offensive, des centaines de personnes ont été arrêtées, soupçonnées de conspirer avec le TPLF, et 34 hommes d'affaires sont privés d'accès à leurs comptes en banque en raison de liens supposés avec le parti tigréen. Mercredi, la police fédérale a annoncé avoir émis 76 mandats d'arrêt contre des officiers de l'armée, certains à la retraite, accusé de "trahison" au profit du TPLF.

L'armée éthiopienne a accusé jeudi le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, originaire du Tigré, de chercher soutiens et armement pour cette région dissidente, ce qu'il a démenti, l'ONU réaffirmant pour sa part son plein soutien à ce responsable.M. Tedros "a oeuvré dans les pays voisins à condamner la guerre" que mène le...