Une agression vendredi dans une mosquée à Jbeil, où vit une communauté sunnite dans cette ville du caza du même nom, a provoqué un tollé au Liban, divers responsables politiques dénonçant cet incident et appelant à une enquête. Cet épisode a également provoqué une vive tension dans la ville, ainsi qu'à Tripoli, au Liban-nord, où des routes ont été coupées en signe de colère.
L'armée libanaise a publié samedi après-midi un communiqué dans lequel elle explique qu'une patrouille de ses services de renseignement a arrêté un suspect, I. M., après "une dispute personnelle qui a dégénéré en échange de coups entre celui-ci et le gardien de la mosquée, M. B., un ressortissant égyptien". L'armée a indiqué que le gardien a été blessé lors de cette rixe. La troupe a livré le suspect à la police, pour les besoins de l'enquête.
Mais selon le quotidien Al-Liwa', il s'agit d'un groupe de jeunes qui a fait irruption vendredi dans la mosquée Sultan Ibrahim Ben Adham, avant d'agresser le muezzin et de l'insulter. Selon le journal, ces individus sont entrés dans la mosquée, s'en sont pris au muezzin, avant de se moquer du Coran et de l'appel à la prière. La municipalité de la ville a elle aussi fait état d'un groupe de jeunes qui auraient commis cette agression.
Le mufti de Jbeil, le cheikh Ahmad Lakkis, a affirmé que les suspects "sont connus", et a fait état d'une forte tension dans la ville suite à cet incident. Il a réclamé l'arrestation des agresseurs présumés. A Tripoli, au Liban-nord, plusieurs routes menant à la place Al-Nour, ont été coupée par des protestataires en colère, à l'aide de pneus brûlés.
"Coup de poignard"
De nombreux responsables religieux et politiques ont condamné samedi cette agression. Le bureau de presse de Dar el-Fatwa, la plus haute instance sunnite du pays, a ainsi fait savoir que le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, "suit l'incident (...) et a demandé aux services de sécurité de mener l'enquête et de prendre les mesures convenables". Les Wakfs de Jbeil ont également condamné cet incident, d'après l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Du côté des politiques, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, a condamné cet incident, estimant qu'il s'agit d'une "agression contre la paix civile et les valeurs de Jbeil". "Nous avons confiance dans la justice, alors que le suspect principal est entre les mains des forces de l'ordre", a-t-il ajouté. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a lui estimé que "toute agression contre une mosquée ou une église constitue un coup de poignard au Liban". Le député de Jbeil, Simon Abi Ramia, a pour sa part affirmé que l'incident "est d'ordre personnel et n'a pa de motivations confessionnelles". "Il ne faut pas que cet incident soit dépeint de manière disproportionnée", a-t-il ajouté. Même son de cloche de la part de l'ancien député Farès Souhaid, qui a appelé le ministre sortant de l'Intérieur Mohammad Fahmi à ouvrir une enquête immédiate, exhortant toutefois à ne "pas sauter aux conclusions". "S'il s'agit d'une agression contre la mosquée, nous nous y opposons, et s'il s'agit d'une information exagérée, nous sommes également contre cela", a-t-il précisé, cité par al-Liwa'. Les Forces libanaises de Samir Geagea ont également condamné cet incident, de même que la municipalité de Jbeil.
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QUAND CA VIENT DE LEUR PART ALORS C,EST DU TERRORISME QUI N,A PAS DE RELIGION. UN RIEN DE LA PART DES AUTRES ET CE SONT LES MANIFESTATIONS RELIGIEUSES ET SOUVENT LES ATTENTATS.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 55, le 15 novembre 2020