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Société - Explosions de Beyrouth

Blessés le 4 août, ils reviennent sur le chemin d’une « vie normale » grâce au centre Laetitia Hatem

Tendons déchirés, traumas crâniens, fractures des mains... Une centaine de blessés sont traités gratuitement à l’HDF.

Blessés le 4 août, ils reviennent sur le chemin d’une « vie normale » grâce au centre Laetitia Hatem

Lamisse, 10 ans, a eu la main écrasée par une porte à cause de la force des explosions, alors qu’elle était chez elle à Corniche Mazraa.

Abbas, 43 ans, est paraplégique depuis le 4 août. Chef cuisinier au restaurant italien Tavolina, il était sur son lieu de travail à Mar Mikhaël le jour des explosions du port de Beyrouth, qui ont fait près de 7 000 blessés en sus des plus de 200 tués. Touché à la tête et au dos, il a perdu l’usage de ses jambes quelques heures après la catastrophe des suites de ses blessures. « Lorsque la première explosion a eu lieu, nous sommes sortis et nous avons vu la fumée qui s’élevait au-dessus du port, puis la seconde déflagration s’est produite. J’ai été aveuglé par une lumière éblouissante et je me suis évanoui. Quand je me suis réveillé, j’étais couvert de sang mais je pouvais encore marcher. J’ai enroulé un tablier de cuisine autour de ma tête et je suis sorti chercher de l’aide », raconte Abbas à L’Orient-Le Jour, entre deux exercices de physiothérapie.

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Depuis quelques jours, ce chef est pris en charge par le centre de réhabilitation Laetitia Hatem à l’Hôtel-Dieu de France, après avoir passé trois mois au centre hospitalier de Bhannès. Le coût de ses soins est entièrement couvert par la Fondation pour une enfance heureuse (Happy Childhood Foundation-Lebanon). Si la fondation s’occupe originellement des enfants issus de milieux vulnérables, elle offre aujourd’hui ses services aux victimes de la catastrophe du port, dans le cadre du programme « Beirut Blast Rehabilitation Initiative ». Abbas est accompagné à sa séance de soins par son patron, qui s’occupe de lui sans relâche depuis qu’il a perdu l’usage de ses jambes. « Il est père de famille, on ne peut pas le laisser comme cela », confie l’employeur. Père de cinq enfants, dont l’aînée a huit ans, Abbas a eu 40 points de suture à la tête, plusieurs côtes brisées et quatre vertèbres fracturées entraînant sa paralysie. « J’ai fait une centaine de mètres à pied et je suis monté dans un pick-up qui transportait des blessés, se souvient Abbas. Je suis arrivé à l’hôpital en pensant que j’avais juste besoin de points de suture. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir mal au dos et à crier de douleur. » Aujourd’hui, les médecins disent à Abbas qu’il lui faudra encore huit mois de réhabilitation pour pouvoir marcher à nouveau. Tout comme Abbas, une centaine de blessés sont actuellement suivis par l’équipe du centre de réhabilitation Laetitia Hatem. Situé à l’Hôtel-Dieu de France (HDF), ce centre compte 11 physiothérapeutes, un ergothérapeute, deux psychomotriciens et deux orthophonistes qui assurent une prise en charge multidisciplinaire des victimes de la négligence et de l’incurie des autorités. Car trois mois après le drame, aucun responsable politique n’a été inquiété et les résultats de l’enquête ne sont toujours pas connus du grand public.

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Georges Hatem, président de la Fondation pour une enfance heureuse, explique avoir pris la décision de couvrir les frais de traitement « non seulement pour les enfants blessés par l’explosion, mais exceptionnellement aussi pour les adultes ». « Nous acceptons tous ceux qui nous sollicitent, quelle que soit leur nationalité. Nous avons eu des patients libanais, syriens et européens. Les compagnies d’assurances couvrent un certain nombre de séances. Quand leur cas nécessite plus de soins, ils viennent ici », explique-t-il.


Abbas, père de famille de 43 ans, a perdu l’usage de ses jambes. Il devra encore passer 8 mois en réhabilitation. Photos João Sousa


Fractures et traumas crâniens...

Lamisse, 10 ans, se rend au centre Leatitia Hatem plusieurs fois par semaine. Le jour de l’explosion, sa main droite a été écrasée par une porte qui s’est violemment refermée sur elle. « Elle a une fracture à la main et cinq tendons sectionnés. Lamisse a déjà subi deux opérations », raconte la mère de la fillette, qui habite Corniche Mazraa.Anouch Koulian, la soixantaine, s’est blessée en aidant sa mère âgée, tombée à terre dans son appartement de Bourj Hammoud lorsque les explosions ont fait trembler la capitale. « En raison d’une ostéoporose sévère, je me suis fracturé plusieurs vertèbres lorsque j’ai aidé ma mère à se relever. J’ai déjà fait six sessions ici, je continuerai jusqu’à ce que les médecins me disent que je vais mieux », explique Anouch.

Tony Njeim, 70 ans, a, lui, fait d’énormes progrès depuis qu’il a été pris en charge par les physiothérapeutes. « Ils font un travail formidable », lance ce coiffeur à Gemmayzé. « Tout ce qu’il y avait dans mon salon de coiffure est tombé sur moi le jour de l’explosion : l’air conditionné, le faux plafond, la vitrine... J’ai eu 30 points de suture à la tête, le nez cassé et une fracture à la main avec un tendon déchiré », raconte-t-il. « Heureusement, j’arrive aujourd’hui à utiliser ma main droite de nouveau. J’ai pu couper les cheveux d’une de mes clientes, je peux tenir un séchoir aussi », dit-il en montrant qu’il réussit à bouger la main.

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Des cas similaires, Mansour Dib, directeur médical du centre, en a vu passer une multitude, allant du plus « léger » au plus grave. « Beaucoup de blessés présentaient des fractures des membres supérieurs, des déchirures de tendons ou des lésions nerveuses dues aux éclats de verre. Certains ont également des lésions de la moelle épinière », explique le Dr Dib, pendant qu’il vérifie les points de suture sur la main de Tony. « Une vingtaine de nos patients ont retrouvé une vie normale. À l’heure actuelle, nous traitons 80 blessés, mais nous avons les moyens d’en traiter plus au besoin », ajoute-t-il.

Zakhia Naoum, docteur en physiothérapie et cadre supérieur de l’unité, indique avoir eu affaire à des cas de handicaps assez lourds dans les jours qui ont suivi les explosions. « Nous avons traité plusieurs blessés souffrant de sections tendineuses et de traumas crâniens. Certains sont hémiplégiques et paraplégiques depuis l’incident. Nombreux sont ceux qui ont eu des fractures de la main, du poignet ou des bras », raconte-t-il. Les efforts de l’équipe ont toutefois payé. « Beaucoup de patients ont quitté le centre et sont à nouveau fonctionnels à 100 % », se félicite M. Naoum.

Les blessés souhaitant accéder aux sessions de physiothérapie peuvent contacter le 76/091885.

Pour aider à financer les sessions de physiothérapie, vous pouvez faire des dons à Happy Childhood Foundation-Lebanon :

Banque BEMO SAL

SWIFT : EUMOLBBE

Pour les transferts en USD :

IBAN : LB90 0093 0000 0035 0088 0366 1USD

Pour les transferts en euros :

IBAN : LB43 0093 0000 0035 0088 0366 1EUR


Abbas, 43 ans, est paraplégique depuis le 4 août. Chef cuisinier au restaurant italien Tavolina, il était sur son lieu de travail à Mar Mikhaël le jour des explosions du port de Beyrouth, qui ont fait près de 7 000 blessés en sus des plus de 200 tués. Touché à la tête et au dos, il a perdu l’usage de ses jambes quelques heures après la catastrophe des suites de ses blessures....

commentaires (1)

Bravo!!!

NAUFAL SORAYA

07 h 23, le 12 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • Bravo!!!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 23, le 12 novembre 2020

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