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Moyen-Orient - Commentaire

Au Moyen-Orient, Biden est un moindre mal mais...

Au Moyen-Orient, Biden est un moindre mal mais...

Le candidat démocrate Joe Biden en Pennsylvanie, hier. Drew Angerer/Getty Images/AFP

Au jeu du « quel est le moins pire » pour le Moyen-Orient, la réponse devrait être évidente. Donald Trump est un populo-nationaliste dont l’action dans la région a eu pour principal effet de galvaniser les autocrates locaux et la droite israélienne. C’est le président américain qui sera allé le plus loin dans le soutien inconditionnel à l’Etat hébreu, offrant à Benjamin Netanyahu tout ce qu’il pouvait espérer : la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et celle de l’annexion du Golan, le plan Kushner, la fin des subventions américaines pour l’Unrwa, et bien sûr la normalisation avec trois nouveaux pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan). Certes, on peut considérer qu’il a surtout officialisé une réalité que beaucoup se refusaient à admettre. Mais la façon de faire laisse une toute autre impression et un goût nettement plus amer : celui que les normes internationales ne comptent pas lorsqu’il s’agit d’Israël ; celui que les Palestiniens n’ont pas de droits, pas même celui d’avoir voix au chapitre lorsqu’ils sont les principaux concernés. Au Moyen-Orient, c’est une constante de la diplomatie trumpienne – même si l’expression relève de l’oxymore : les peuples n’existent pas et les leaders locaux bénéficient d’un blanc-seing pour réprimer à tout va sur la scène intérieure à condition que cela ne heurte pas les intérêts américains. Et pendant quatre ans, les dictateurs du cru s’en sont donné à cœur joie, l’affaire Khashoggi en témoigne. Mohammad ben Salmane, Abdel Fattah al-Sissi ou encore Recep Tayyip Erdogan ont pu supprimer leurs opposants politiques par tous les moyens possibles et imaginables (parfois grâce à des méthodes qui vont même au-delà de l’imaginable) sans que le locataire de la Maison-Blanche ne feigne de s’en émouvoir.

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Et pourtant, malgré tout cela, une partie non négligeable des populations libanaise, irakienne et syrienne voteraient demain pour Donald Trump si elles le pouvaient. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il a fait de l’Iran son principal ennemi dans la région, alors que l’administration Obama avait au contraire conclu un accord avec Téhéran et donné le sentiment de lui laisser les coudées franches pour étendre ses tentacules au Moyen-Orient. Pour ceux qui perçoivent la République islamique et ses alliés comme une menace existentielle, et ils sont nombreux, le mandat de Donald Trump ressemble à une bénédiction. C’est l’homme qui a réimposé des sanctions dures contre le régime iranien pour le mettre à genoux ; celui qui a fait supprimer le chef de la force al-Qods, le célèbre Kassem Soleimani, dans son jardin irakien ; celui qui est intervenu militairement – contrairement à son prédécesseur – après que le régime syrien eut utilisé des armes chimiques contre sa population.

Peu importe pour les soutiens (ou les fanatiques) régionaux du président américain que l’accord nucléaire qu’il a jeté aux orties avait été respecté par l’Iran, que sa politique vis-à-vis de la République islamique n’a pas permis de faire plier le régime ni même de le faire reculer dans la région et que les sanctions ont eu pour principal effet d’appauvrir un peu plus une population qui doit survivre entre le marteau américain et l’enclume des mollahs. Seul compte le fait que face à l’arrogance iranienne, qui ne cachait même plus son projet impérial, les États-Unis ont répondu par le langage de la force. Pour ses partisans régionaux, une nouvelle victoire de Donald Trump signifierait rien de moins que l’effondrement du régime iranien et cela suffit à faire de tout le reste un moindre mal.

Ils risquent toutefois d’être déçus. Le régime iranien a les moyens de tenir grâce à ses forces de répression et de propagande et le renouvellement du mandat Trump pourrait au contraire l’amener à durcir ses positions au détriment des populations locales. Mais ils mettent tout de même le doigt sur quelque chose d’important : le président américain a tapé du poing sur la table sans que cela ne provoque une nouvelle guerre régionale comme la majorité des analystes le prédisaient. Téhéran n’a pas répondu à l’élimination de Soleimani, Damas n’a plus depuis utilisé ses armes chimiques. Et si les leaders iraniens espèrent aujourd’hui une victoire de Joe Biden, c’est parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas se payer le luxe d’une confrontation directe avec les États-Unis et qu’un deuxième mandat de Trump risque de leur faire très mal, d’autant plus qu’une alliance israélo-golfique prend forme à leurs portes.

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Entre l’approche diplomatique de Barack Obama et la pression maximale de Donald Trump, il se trouve sûrement un juste milieu qui permette de contrer les velléités d’influence iranienne de façon moins brouillonne et sans pour autant fermer les yeux sur toutes les dérives de ses ennemis. Une façon de maintenir l’engagement des Américains au Moyen-Orient sans que cela n’amène à répéter le scénario-catastrophe de l’intervention irakienne de 2003 ou celui du recul syrien de 2013, qui a ouvert l’appétit des puissances régionales qui se disputent depuis, au détriment des populations locales, le costume d’hégémon. S’il est élu demain, Joe Biden parviendra-t-il à trouver cet équilibre extrêmement délicat ? Si tel est le cas, il serait alors mieux qu’un moindre mal pour la région.


Au jeu du « quel est le moins pire » pour le Moyen-Orient, la réponse devrait être évidente. Donald Trump est un populo-nationaliste dont l’action dans la région a eu pour principal effet de galvaniser les autocrates locaux et la droite israélienne. C’est le président américain qui sera allé le plus loin dans le soutien inconditionnel à l’Etat hébreu, offrant à...

commentaires (5)

C'est que vous n'avez rien compris. Comme dirait Macron en parlant des candidats à la PRÉSIDENCE DU CONSEIL du Liban, les seules options qui se présentent sont entre le pire et le moins pire. Or le moins pire est Trump! Nous payons la politique des démocrates et particulièrement le soutien systémique et structurel de OBAMA qui est le président américain le plus toxique pour les arabes: soutien aux "hivers arabes", création de Daech, soutien inconditionnel d'Israel dans la discrétion la plus absolue pour ne pas trahir les mises en scène de bouderies ave Netenyahu et le plus grave l'alliance objective avec la Perse au détriment des arabes. NON TRUMP est un meilleur acteur pour les arabes!!!

Guy de Saint-Cyr

16 h 26, le 03 novembre 2020

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Commentaires (5)

  • C'est que vous n'avez rien compris. Comme dirait Macron en parlant des candidats à la PRÉSIDENCE DU CONSEIL du Liban, les seules options qui se présentent sont entre le pire et le moins pire. Or le moins pire est Trump! Nous payons la politique des démocrates et particulièrement le soutien systémique et structurel de OBAMA qui est le président américain le plus toxique pour les arabes: soutien aux "hivers arabes", création de Daech, soutien inconditionnel d'Israel dans la discrétion la plus absolue pour ne pas trahir les mises en scène de bouderies ave Netenyahu et le plus grave l'alliance objective avec la Perse au détriment des arabes. NON TRUMP est un meilleur acteur pour les arabes!!!

    Guy de Saint-Cyr

    16 h 26, le 03 novembre 2020

  • "un juste milieu" C'EST COMME LE DUBONNET BLANC, CA N'EXISTE PAS. qUAND ON PARLE DU PROBLEME Palestinian, on oublie l'histoire. s'il faut blamer quelqu'un, c'est bien soi-meme, par ou il faut commencer, la negligence et l' oligophrénie de tout un peuple, plus preocupe par ses appartenances religieuses que le bien-etre de sa population.

    SATURNE

    15 h 12, le 03 novembre 2020

  • En 1956 Eisenhower a fait comprendre au monde que le moyen orient est une affaire américaine. L'union soviétique et puis les russes en ont profiter allègrement car pour tout héros il faut un méchant et les deux profites des ventes d'armes. En 1973, avec leur pont aérien pour supporter Israël lors de la guerre de Tom Kippour, ils ont assurer une nouvelle fois ce fait. Républicains et démocrates, divergents sur maintes politiques intérieures aux USA mais convergent vers une seule politique internationale même si les signes sont souvent subtiles. Biden ou Trump? Bof, il pleut demain et je n'ai pas de toit.....

    Wlek Sanferlou

    13 h 13, le 03 novembre 2020

  • C'est bonnet blanc et blanc bonnet! Ou mieux, pour traduire un vers arabe:"les deux frères sont péteux mais Chihabuddine est plus péteux que son frère"!

    Georges MELKI

    11 h 23, le 03 novembre 2020

  • Au contraire : Trump a imposé la paix entre les pays arabes et Israel... parfait Unrwa? Et alors? Les responsables palestiniens ont amassé des tonnes de milliards de milliards de dollars ces 70 dernières années.. qu’ils assument Malgré le tempérament assez antipathique de trump et son racisme que je déteste... je trouve que pour le proche orient ( pays arabes et israel) c’est un véritable succès et grosse avancée côté paix. Les palestiniens ( responsables) .. c fini... les arabes ont compris que ce sont des ingrats et n’ont fait que profiter des pétrodollars durant des décennies Désormais c’est chacun pour soi. Et ca marche pour la paix. On espère que Biden aura la même politique de paix au middle east s’il réussit. Trump a prouvé son succès sur ce plan

    LE FRANCOPHONE

    10 h 05, le 03 novembre 2020

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