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Société - Covid-19

Au Liban, le bouclage partiel n’a pas eu d’effet sur la moyenne générale des contaminations

Le couvre-feu a été étendu à partir de 21h, les fêtes, cérémonies et rassemblements sont interdits sur l’ensemble du territoire jusqu’à nouvel ordre.

Au Liban, le bouclage partiel n’a pas eu d’effet sur la moyenne générale des contaminations

Des employés dans un supermarché de Beyrouth portant des masques sanitaires. Photo d’archives Marc Fayad

Alors que le Liban entre dans sa cinquième semaine de bouclage partiel avec 115 localités concernées par cette mesure, les chiffres des nouvelles contaminations au coronavirus restent alarmants. Loin de baisser ou même de se stabiliser, ils sont en nette augmentation depuis quelques jours. Rien que le week-end écoulé, le pays a enregistré 3 088 nouvelles contaminations (1 699 samedi et 1 389 dimanche) dont douze en provenance de l’étranger (7 samedi et cinq hier) et 18 décès (12 samedi et six dimanche). Ce qui fait grimper à 82 617 le chiffre des cas cumulés depuis l’apparition de l’épidémie au Liban le 21 février dernier, au nombre desquels 643 décès, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Parallèlement, les cas hospitalisés sont eux aussi en hausse avec 790 patients admis dans les hôpitaux, dont 270 aux soins intensifs.

« Le bouclage partiel a eu un impact dans certaines régions concernées par cette mesure où les nouveaux cas enregistrés au quotidien ont relativement baissé, mais il n’a eu aucun effet sur la moyenne générale dans le pays, constate pour L’Orient-Le Jour Abdel Rahman Bizri, spécialiste de maladies infectieuses et membre de la Commission nationale de suivi du Covid-19. Ce qui est aussi désolant, c’est que nous remarquons que des villages qui ont déjà fait l’objet d’un bouclage partiel reviennent souvent sur la liste hebdomadaire des localités concernées par cette mesure. »

Pour le médecin, cela pourrait être dû au fait que cette mesure de bouclage partiel prend en compte le lieu de résidence des personnes contaminées, et non l’endroit où la contamination a eu lieu. « Nous savons que près de 30 % des personnes contractent le virus chez elles, à la maison, et 30 à 40 % autres sont contaminées sur leur lieu de travail, explique le Dr Bizri. On ignore l’origine de la contamination dans les 30 % des cas restants parce que le nombre quotidien des contaminations est tellement élevé que le Programme de surveillance épidémiologique relevant du ministère de la Santé n’arrive pas à les tracer. Par ailleurs, certaines grandes villes qui constituent, à notre avis, un foyer important de l’épidémie ne sont pas englobées par cette mesure, alors qu’elles auraient dû l’être. »

Il convient de rappeler dans ce cadre que la présidente de la Commission nationale chargée de la lutte contre le Covid-19, Petra Khoury, avait confié à L’OLJ qu’une stratégie pour ces villes caractérisées par leur surpeuplement est en train d’être développée. Elle devrait voir le jour incessamment.

Une décision politique

Il va sans dire qu’à l’heure actuelle, un reconfinement total du pays, à l’instar de la France ou de l’Angleterre, est une solution qui doit être envisagée de l’avis de nombreux spécialistes. « Une telle mesure est certes bénéfique, affirme le Dr Bizri. Mais elle ne servira à rien si elle n’est pas appliquée sur l’ensemble du territoire. Or, nous savons tous qu’il y a des régions qui échappent au contrôle de l’État. Deuxièmement, il faut avoir une stratégie pour l’après-confinement. D’après l’expérience épidémiologique, nous savons que le confinement sera suivi d’un rebond rapide des cas. Donc il faut avoir une stratégie claire pour la période qui va suivre pour empêcher ce rebond. Enfin, et c’est le point le plus important, une telle mesure aura certainement un impact économique, social, psychique et pédagogique. En Grande-Bretagne, on va offrir des incitations aux employés des secteurs non vitaux pour les pousser à rester chez eux. Au Liban, on n’a pas les moyens de le faire. »

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Mais le pays dispose-t-il du luxe du temps, alors que les unités de Covid-19 sont arrivées à saturation ? « Le gouvernement a publié une décision invitant les hôpitaux sans exception à consacrer 10 % de leur capacité au traitement du Covid-19 et 20 % des lits dans les soins intensifs à la maladie, fait remarquer le Dr Bizri. Cette mesure serait susceptible de permettre au secteur hospitalier de souffler un peu. Mais là aussi, la crise financière est telle que l’aménagement des unités sera difficile. » Et le Dr Bizri d’insister : « Le reconfinement du pays nécessite une décision politique, sachant que la solution idéale consiste à empêcher la propagation du virus, ce que le gouvernement a échoué à faire. »

« La catastrophe approche »

Face à cette recrudescence des cas, le ministre sortant de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, a renforcé hier les mesures de lutte contre le Covid-19, étendant les heures de couvre-feu qui sera désormais observé de 21h à 5h. Une décision qui suscité la grogne du syndicat des restaurateurs qui a souligné que cela nuira au secteur. Dans un communiqué, il a par contre appelé à « un bouclage total du pays pendant deux semaines, à l’instar des mesures observées dans certains pays », à condition que celui-ci se fasse durant le mois de novembre, avant les fêtes de fin d’année.

M. Fahmi a également annoncé une nouvelle liste des villes et villages qui seront confinés à partir de ce matin à 5h et jusqu’au 9 novembre à 5h, soulignant que les pubs et boîtes de nuit resteront fermés, et que tous les rassemblements, fêtes et cérémonies seront interdits sur l’ensemble du territoire jusqu’à nouvel ordre.

De son côté, le ministre sortant de l’Éducation Tarek Majzoub a rappelé aux responsables des écoles privées et publiques, ainsi que des instituons techniques que tous les établissements seront fermés dans les localités bouclées.

« Les gens doivent voir la catastrophe que nous avons observée en Europe, nous espérons que nous ne la connaîtrons pas au Liban », a déclaré le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, lors d’une visite au centre médical de Deir el-Ahmar à Baalbeck. « Nous sommes à un tournant très dangereux et nous nous approchons de la catastrophe », a-t-il mis en garde, dénonçant les hôpitaux qui « ne répondent pas aux appels pour l’ouverture d’unités de Covid-19 ». « Le pays est en danger, et des décisions courageuses doivent être prises au niveau gouvernemental », a-t-il insisté, rappelant que le comité scientifique du ministère avait recommandé de confiner le pays durant deux semaines. « La Commission nationale chargée de lutte contre le Covid-19 doit se réunir demain (aujourd’hui) à midi pour faire ses recommandations à la commission ministérielle, qui à son tour soumettra une recommandation, a encore noté M. Hassan. C’est le Conseil des ministres qui prendra la décision, et nous devons élever la voix pour assurer une sécurité absolue aux Libanais. »

Le président de l’ordre des médecins de Beyrouth, Charaf Abou Charaf, a quant à lui appelé les citoyens à « prendre au sérieux » les mesures de prévention contre la pandémie, notamment le port du masque et le respect de la distanciation sociale. « Les hôpitaux arrivent au maximum de leur capacité », a-t-il averti.

La liste des localités concernées par caza

Békaa

– Baalbeck : Temnine el-Faouqa, Temnine el-Tahta, al-Nabi Chit, Haouch el-Rafqa, Kasrnaba, Khodr, Deir el-Ahmar, Baalbeck, Makné.

– Békaa-Ouest : Qaraoun, Lala, Machghara.

– Hermel : Hermel.

– Rachaya : Yanta.

– Zahlé : Rayak/Haouch Hala, Niha, Maksé, Terbol, Kfarzabad, Qaa el-Rim, Ferzol.

Mont-Liban

– Aley : Bleibel, Btater, Aramoun, Bchemoun, Aïn el-Remmaneh, Bdedoun.

– Baabda : Mardaché, Kfar Selouane, Bsaba, Tahouitet el-Ghadir, Chiyah, Haret Hreik, Hadeth, Kfarchima.

– Chouf : Damour, Batloun, Niha, Zaarouriyé, Jahiliyé, Chhim, Barja, Daraya, Ketermaya, Jbaa, Kfarhim, Amatour, Deir el-Qamar, Kfar Faqoud.

– Jbeil : Ehmej, Blat, Mechmech, Monsef, Jbeih/Hboub, Nahr Ibrahim, Kfar Baal.

– Kesrouan : Ajaltoun, Aïn el-Rihané, Adma, Ballouné, Kfour, Aïntoura, Rachiine, Harissa, Jeita.

– Metn : Dekouané/Deir Mar Roukoz, Mansourieh/Mkallès/Daychouniyé, Biaqout, Hemlaya, Qennabet Broummana, Fanar, Zekrit, Dik el-Mehdi/Deir Tamiche, Zalka/Amaret Chalhoub.

Liban-Nord

– Akkar : Andqit.

– Batroun : Ras Nhache, Chekka.

– Koura : Btourtij, Kfarhata, Enfé.

– Minié-Denniyé : Tarane, Nemrine, Beit el-Faqs, Sir el-Denniyé.

–Zghorta : Kfarhata, Ardé, Qara Bach, Kfarfou, Zghorta.

Liban-Sud

– Bint Jbeil : Rmeich

– Hasbaya : Hasbaya

– Jezzine: Kfar Houné, Jezzine,

– Marjeyoun : Kfarkila, Markaba, Touline.

– Nabatiyé : Ansar, Houmine el-Faouqa, Zebdine.

– Saïda : Bqosta, Kfarmelki, Hajjé, Bramiyé, Abra, Aaqtanit, Majdelyoun, Qrayé, Ghaziyé, Babliyé, Ansariyé.

– Tyr : Yanouh, Seddiqine, Deir Qanoun/Ras el-Aïn, Chihine, Bedias.

Alors que le Liban entre dans sa cinquième semaine de bouclage partiel avec 115 localités concernées par cette mesure, les chiffres des nouvelles contaminations au coronavirus restent alarmants. Loin de baisser ou même de se stabiliser, ils sont en nette augmentation depuis quelques jours. Rien que le week-end écoulé, le pays a enregistré 3 088 nouvelles contaminations (1 699...

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