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Société - Rapport

Les meurtres et vols de voitures en hausse de près de 80 % cette année

« La dégradation de la situation économique, puis le soulèvement populaire du 17 octobre dernier ont entraîné une augmentation des crimes », estime un responsable des FSI.

Les meurtres et vols de voitures en hausse de près de 80 % cette année

Un récent rapport des FSI fait état d’une recrudescence des crimes entre janvier et septembre 2020. Photo Twitter/LebISF

L’année 2020 sera sans doute gravée dans les annales libanaises. Alors que le pays faisait déjà face à la pire crise économique de son histoire, la pandémie de Covid-19 puis les explosions du 4 août n’ont fait qu’aggraver la situation. À laquelle s’ajoute, sans surprise, une hausse du taux de criminalité. Un récent rapport des Forces de sécurité intérieure (FSI) montre une nette augmentation des crimes entre janvier et septembre 2020, en comparaison avec les neuf derniers mois de 2019 (avril à décembre).

Ce sont d’abord les vols de voitures qui sont montés en flèche, augmentant ainsi de 79,6 % par rapport à 2019. Une hausse significative a été enregistrée en juillet 2020, avec 106 véhicules volés. En tout, 690 voitures ont été volées entre janvier et septembre 2020, contre 384 entre avril et décembre 2019. Quant aux vols de voitures à main armée, ils sont en augmentation de 60,6 %. « Ces véhicules finissent en Syrie, les frontières étant faciles à traverser », explique à L’Orient-Le Jour un responsable des FSI, sous le couvert de l’anonymat. Le nombre de cas de conducteurs braqués, avec vol de leurs effets personnels mais sans vol du véhicule, ont par ailleurs augmenté de 117,8 % en 2020. 207 crimes de ce genre ont eu lieu en 2019, contre 451 cette année.

Au niveau des cambriolages, 287 effractions ont été enregistrées en juillet, 259 en août et 250 en septembre. Les cambriolages enregistrent une hausse de 56,9 % cette année. Des chiffres qui pourraient être expliqués d’abord par la dégradation de la situation économique du pays, puis par les explosions du 4 août dernier à la suite desquelles de nombreux commerces et habitations situés dans les quartiers dévastés de la capitale ont été pillés. « On a souvent affaire à des vols de coffres-forts puisqu’avec la crise, nombreux sont ceux qui ont commencé à cacher de l’argent en liquide chez eux », explique le responsable. Seuls points positifs dans ce sombre paysage, les vols à l’arraché ont baissé de 29 % cette année, de même pour les suicides qui ont chuté de 16,5 %.

« La dégradation de la situation économique, puis le soulèvement populaire du 17 octobre dernier ont entraîné une augmentation des crimes, parce que les malfaiteurs se disaient que les forces de sécurité devaient être mobilisées en nombre lors des protestations. Ceux qui en ont profité sont des repris de justice et certains toxicomanes qui volent pour se procurer de la drogue », souligne le militaire. « Les explosions du 4 août dernier ainsi que le vide au niveau de la gouvernance n’ont pas aidé non plus », ajoute-t-il, précisant que la plupart des arrestations ont eu lieu au Mont-Liban et à Beyrouth.

Meurtres et brutalité

Dans ce contexte fortement dégradé, les meurtres sont en forte hausse également. Hier, les FSI ont révélé les détails macabres d’un crime commis début octobre dans la Békaa. Avant de se donner la mort, un homme a tué son épouse devant ses enfants. Il a ensuite découpé son corps avant de le cacher dans une bouche d’égouts. La semaine dernière, deux hommes ont tué un jeune Syrien de 16 ans à Hay el-Sellom, après l’avoir accusé d’avoir maltraité un chien. En septembre dernier, une adolescente de 14 ans, Zeinab, avait été brûlée vive dans un appartement abandonné à Bourj Brajneh.Selon les chiffres fournis par les FSI, les meurtres ont augmenté de 79,7 % en 2020. 142 meurtres ont été enregistrés depuis le début de 2020, contre 79 meurtres commis en 2019. Le responsable des FSI estime qu’un grand nombre de ces meurtres pourrait être dû à « des problèmes psychologiques accentués par le confinement et la pression de la crise économique ». Il évoque également de nombreux « crimes d’honneur » et des vendettas, notamment parmi les réfugiés syriens. Interrogé par L’OLJ, le psychiatre Chawki Azouri explique que « l’augmentation des crimes et leur sauvagerie sont des phénomènes complémentaires, dans la mesure où il y a moins de censure et de répression liées au fait que l’État est absent au sens large du terme ». « Les punitions sont moindres et le Libanais lambda le sait. La quantité et la qualité de la violence sont également liées au contexte social et économique, ainsi qu’à la dérive sociale dans laquelle nous vivons. Le pire est à craindre », prévient le psychiatre. Pour Chawki Azouri, l’augmentation des comportements criminels serait liée à « un mal endémique libanais ». « Au Liban, on se dit : “Si l’autre fait telle chose, pourquoi pas moi ?” On s’autorise des actes délictueux parce que les autres se les autorisent », explique le psychiatre. « Sans État, l’animal social qu’est l’homme devient tout simplement animal », ajoute-t-il.

L’année 2020 sera sans doute gravée dans les annales libanaises. Alors que le pays faisait déjà face à la pire crise économique de son histoire, la pandémie de Covid-19 puis les explosions du 4 août n’ont fait qu’aggraver la situation. À laquelle s’ajoute, sans surprise, une hausse du taux de criminalité. Un récent rapport des Forces de sécurité intérieure (FSI) montre une...

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ET PUISQUE C,EST LE CHAOS QUI REGNE, QU,ATTEND-ON ?

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 56, le 28 octobre 2020

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Commentaires (3)

  • ET PUISQUE C,EST LE CHAOS QUI REGNE, QU,ATTEND-ON ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 56, le 28 octobre 2020

  • Voilà le prestige de l’Etat grâce au régime fort

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 27, le 28 octobre 2020

  • Sauf que l'animal tue pour manger, pas pour le plaisir, l'argent ou parce qu'il est tordu...

    NAUFAL SORAYA

    06 h 30, le 28 octobre 2020

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