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Société - BDL-Hôpitaux

« Il y a une seule explication à ce qui se passe, l’État libanais est en faillite », clame Haroun

« Une catastrophe sociale d’une ampleur jamais connue » menace le pays, avertit le directeur général de la CNSS.

« Il y a une seule explication à ce qui se passe, l’État libanais est en faillite », clame Haroun

Photo d'illustration AFP

Le bras de fer engagé par la BDL avec les acteurs du système de santé, dans le but de pomper d’eux autant de livres libanaises comptant que possible, se poursuit. Ainsi, la présidente du syndicat des importateurs de dispositifs médicaux, Salma Assi, a affirmé hier que le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, a refusé de recevoir une délégation conjointe d’importateurs et de directeurs de six centres hospitaliers universitaires (CHU) au Liban, qui cherchait à le rencontrer aujourd’hui, au nom de tous les acteurs du système de santé, dans le but de l’amener à annuler la circulaire n° 573. Celle-ci fait obligation aux importateurs de régler comptant, et en livres libanaises, le pourcentage de 85 % des montants en dollars qu’ils réclament pour leurs importations, au taux subventionné par la banque centrale. Une exigence que les importateurs ont reportée sur leurs banques qui, à leur tour, l’ont reportée sur les hôpitaux qui, à leur tour, l’ont reportée sur… leurs patients.

La conduite du gouverneur de la BDL avec le secteur hospitalier va plus loin, s’indigne Mme Assi. Et d’assurer qu’après avoir fait attendre les importateurs quatre mois pour leur fournir des dollars pour l’équivalent de 50 milliards de livres en chèques, la BDL vient de leur demander « d’oublier » cette transaction et de se présenter à nouveau avec 50 milliards de livres en billets.

« L’État est en faillite. C’est la raison ultime qu’il faut avancer pour expliquer ce qui se produit. Pour éviter de faire marcher la planche à billets, il tente de pomper l’argent dans des secteurs vulnérables. C’est comme un noyé qui se débat et risque d’entraîner dans sa noyade tous ceux auxquels il s’agrippe », affirme à L’OLJ le président du syndicat des hôpitaux, Sleiman Haroun.

M. Haroun ne croit pas si bien dire. Le directeur général de la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS), Mohammad Karaké, a annoncé hier, dans une circulaire, que si le ministère des Finances ne règle pas à la Caisse le montant de 4 000 milliards de livres qu’il lui doit avant la fin de l’année, la CNSS suspendrait les prestations de sa branche maladie-maternité, privant 1 600 000 Libanais de ce droit, ce qui provoquerait « une catastrophe sociale d’une ampleur jamais connue au Liban ».

Branche en défaut

M. Karaké étant injoignable au téléphone, la seule justification possible de cet ultimatum, c’est que sans un règlement de ces arriérés, la branche en question se trouverait effectivement en défaut. Il est de notoriété publique que, contrairement à la réglementation de la Caisse, la direction de la CNSS a l’habitude de couvrir le déficit de la branche maladie-maternité en « empruntant » les montants nécessaires à la branche des indemnités de fin de service, quitte à les lui reverser à la fin de chaque année comptable. Il n’est donc pas impossible que ce soit pour rembourser cette branche, qui pourrait être en difficulté, qu’il réclame d’urgence les arriérés dus par l’État.

Selon une source bien informée, avant l’effondrement de la livre, l’État devait à la CNSS pas moins de 12 000 milliards de livres, soit 8 milliards de dollars au taux en vigueur à l’époque. Par ailleurs, le directeur de la CNSS a indirectement mis en demeure les hôpitaux privés d’avoir à admettre les bénéficiaires de ses prestations, en virant au compte de la Caisse un montant de 58 milliards de livres comme acompte de ce qu’elle leur doit pour le mois en cours. En échange, la CNSS a rappelé aux hôpitaux qu’il est de leur devoir de ne faire payer aux cotisants que le reliquat de 10 % du montant total de la facture hospitalière. Ce rappel s’apparente à une forme de pression exercée sur les hôpitaux qui menacent d’exercer des restrictions aux admissions pour faire baisser leurs coûts d’exploitation, sachant qu’envers eux aussi, l’État libanais est endetté jusqu’au cou.

Lueur d’espoir ?

En pratique, la décision de restreindre les admissions hospitalières a déjà commencé à être appliquée, mais pas uniformément. Chaque direction d’hôpital exerce à cet effet son propre pouvoir d’appréciation, selon ses disponibilités financières propres. Toutefois, l’horizon est toujours bouché par les exigences de la BDL, devant lesquelles les hôpitaux privés ont affirmé qu’ils ne peuvent faire et ne feront pas face.

La seule lueur d’espoir dans ce tableau particulièrement sombre vient de la possibilité de création de comptes en « argent frais libanais » dans les banques, histoire d’épargner aux hôpitaux privés la tâche d’affecter des employés aux navettes bancaires, avec les risques de sécurité que le transport quotidien de dizaines de millions de livres libanaises peut représenter. Cette proposition des hôpitaux privés fait son chemin, encore que les montants d’argent liquide générés de cette façon soient aléatoires, puisque l’argent liquide serait exigé des patients eux-mêmes, qui ne représentant que 10 % des personnes hospitalisées, les 90 % restants étant couverts par la CNSS et les compagnies d’assurances privées, et réglées par virements.

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En raison des exigences de la BDL qui compliquent leur accès aux équipements médicaux (prothèses, ressorts, valves, clous, plaques, etc.) et aux médications spéciales (chimiothérapies, dialyses, antibiotiques), désormais payables comptant aux fournisseurs, eux-mêmes tributaires de la BDL pour leurs importations, les hôpitaux privés se sont entendus pour ajourner si nécessaire les admissions de cas non urgents, c’est-à-dire des cas où la vie du patient n’est pas vraiment en danger « à court terme ».


Le bras de fer engagé par la BDL avec les acteurs du système de santé, dans le but de pomper d’eux autant de livres libanaises comptant que possible, se poursuit. Ainsi, la présidente du syndicat des importateurs de dispositifs médicaux, Salma Assi, a affirmé hier que le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, a refusé de recevoir une délégation conjointe d’importateurs et de...

commentaires (3)

""« Il y a une seule explication à ce qui se passe, l’État libanais est en faillite »"", et c'est maintenant qu'il découvre le problème.

L'ARCHIPEL LIBANAIS

13 h 15, le 27 octobre 2020

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Commentaires (3)

  • ""« Il y a une seule explication à ce qui se passe, l’État libanais est en faillite »"", et c'est maintenant qu'il découvre le problème.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    13 h 15, le 27 octobre 2020

  • Encore faut il qu’ils aient l’argent pour le papier et l’encre pour imprimer des livres libanaises. Ils ont asséché tous les trésors et raclé les fonds des tiroirs avec l’aide précieuse de la BDL et son parrain qui se prend pour Crésus et refuse de rencontrer les gens d’en bas. Ah celui là avec son double jeu, on se demande où et comment il finira. Si seulement on avait un seul homme honnête dans ce cercle le Liban n’en serait pas là.

    Sissi zayyat

    11 h 11, le 27 octobre 2020

  • Waw quel scoop ! Mais l’Etat libanais est en faillite depuis belle lurette et pas seulement dans les domaines économique et financier. Il est en faillite dans TOUS ses services sauf l’armée nationale et la Sûreté Générale qui fonctionnent correctement

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 37, le 27 octobre 2020

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