Désarmement des milices, tracé des frontières, enquête sur l’explosion du port de Beyrouth et encore violations israéliennes de l’espace aérien et territorial libanais sont au menu du dernier rapport du secrétaire général de l’ONU sur l’application de la résolution 1559.« Une enquête crédible et transparente pour déterminer la cause de l’explosion (du 4 août au port de Beyrouth) et les responsabilités, tel qu’exigée par le peuple libanais, reste primordiale », souligne ainsi Antonio Guterres, dans son dernier rapport semestriel. Ce trente-deuxième rapport comprend une évaluation de l’application de la résolution depuis le précédent document (en date du 24 avril) et couvre les développements jusqu’au 2 octobre. Il fera l’objet de consultations à huis clos du Conseil de sécurité ce mercredi. Le coordonnateur spécial de l’ONU au Liban, Jan Kubis, y participera par visioconférence depuis Beyrouth.
Sur la résolution 1559 (2004) elle-même, le rapport prend acte des « progrès limités » accomplis dans sa mise en œuvre. « Un certain nombre de dispositions restent en suspens, notamment la disposition essentielle de la dissolution et du désarmement de toutes les milices libanaises et non libanaises actives dans le pays et échappant au contrôle de l’État, en violation de la résolution », ajoute-t-il.
En outre, le rapport fait obligation au Liban et à la Syrie de procéder au tracé de leurs frontières communes, jugeant ce tracé « essentiel pour garantir la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale » du Liban. « Cette opération est indispensable pour permettre un contrôle et une gestion efficace des frontières, y compris en ce qui concerne la circulation des personnes et éventuellement des armes », souligne-t-il.
Des milliards de dollars de dommages
Concernant l’explosion du 4 août au port de Beyrouth, le chef de l’ONU note dans son rapport qu’elle a fait de nombreuses victimes, des déplacements massifs et des dommages infrastructurels à grande échelle. « La Banque mondiale estime les dommages physiques entre 3,8 et 4,6 milliards de dollars, les pertes de flux économiques entre 2,9 et 3,5 milliards de dollars et les besoins prioritaires de relèvement et de reconstruction pour 2020-2021 entre 1,8 et 2,2 milliards de dollars », rappelle-t-il. « Une enquête crédible et transparente pour déterminer la cause de l’explosion et la responsabilité exigée par le peuple libanais reste primordiale », insiste le document.
Abordant la détérioration de la situation socio-économique et financière du pays, le rapport juge qu’il devient « urgent que les dirigeants libanais élaborent et appliquent les réformes nécessaires qui répondent aux demandes du peuple libanais, y compris les appels à la responsabilité, à la transparence et à la fin de la corruption ».
Concernant « l’implication persistante du Hezbollah dans le conflit en Syrie, le document estime qu’elle contrevient non seulement à la politique de dissociation et aux principes de la déclaration de Baabda (2012), mais qu’elle fait courir au Liban le risque d’être entraîné dans des conflits régionaux et menace sa stabilité et celle de la région. « Il est également préoccupant que le Hezbollah admette volontiers les mouvements de combattants et d’armes entre le Liban et la Syrie et les place hors du champ des efforts de lutte contre la contrebande », ajoute-t-il. Le secrétaire général de l’ONU « demande aux pays entretenant des liens étroits avec le Hezbollah de l’encourager à déposer les armes et à se transformer en parti politique exclusivement civil, conformément aux dispositions de l’accord de Taëf et de la résolution 1559 dans le meilleur intérêt du Liban, de la paix et de la sécurité régionales ».
L’aveu renouvelé du Hezbollah selon lequel il possède des missiles « est également préoccupant », juge M. Guterres qui relève également « les appels constants lancés par les chefs politiques à l’élaboration d’une défense de stratégie nationale, au moyen d’une politique dirigée et contrôlée par les Libanais, conformément aux obligations internationales du pays ».
Les violations israéliennes
Par ailleurs, le secrétaire général de l’ONU « condamne fermement » toutes les violations israéliennes de l’espace aérien et territorial qui portent atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Liban. Il est « vivement préoccupant » que les forces israéliennes se servent de l’espace aérien libanais pour frapper des cibles en Syrie, en raison du risque de conflagration. Il demande de nouveau à l’État hébreu de respecter les obligations que lui imposent les résolutions du Conseil de sécurité et de mettre fin immédiatement aux survols du territoire libanais. Il l’exhorte également à retirer ses forces sans plus tarder de la partie nord de Ghajar et de la zone adjacente située au nord de la ligne bleue.
Le chef de l’ONU relève par ailleurs l’engagement positif pris par le gouvernement libanais visant à renforcer le dialogue libano-palestinien et à prévenir les tensions dans les camps de réfugiés. Il salue enfin l’appui continu fourni par les États membres aux forces armées libanaises.
commentaires (5)
Et puis paf sur le bec! élucider ya abou jreij LOL
Georges MELKI
10 h 53, le 26 octobre 2020