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Politique - Société civile

Désignation de Hariri : le mouvement de contestation ne se fait pas d’illusions

La confrontation se poursuivra jusqu’à déboulonner via les élections législatives la classe au pouvoir actuelle, affirment des activistes interrogés par « L’OLJ ».

Désignation de Hariri : le mouvement de contestation ne se fait pas d’illusions

La rue continue de s’opposer à la classe au pouvoir. Photo d’archives João Sousa

Un an après sa démission le 29 octobre 2019 sous la pression du mouvement de contestation populaire, l’ancien Premier ministre Saad Hariri est de nouveau en charge de former un gouvernement. La classe dirigeante aura ainsi choisi un des siens, alors qu’une grande partie de la population réclame à cor et à cri l’avènement de responsables qui ne soient pas liés à cette caste considérée comme corrompue et source des maux socio-économiques des Libanais. Le Premier ministre désigné sera-t-il en mesure de réaliser les réformes attendues par le mouvement de contestation, mais aussi par la communauté internationale ? Encore faut-il qu’il puisse former son équipe, une tâche que la plupart des acteurs de la société civile interrogés par L’Orient-Le Jour estiment ardue, compte tenu des appétences des forces dirigeantes et des conflits qui les divisent. En tout état de cause, tous affichent leur détermination à poursuivre la confrontation, tant que les personnalités choisies pour gouverner feront partie de la classe actuellement au pouvoir. « Trente ans après la destruction du pays, un an après le soulèvement du 17 octobre et deux mois après le crime du port, c’est comme si de rien n’était », a posté sur son compte Twitter le Bloc national. Pour le coordinateur de la direction politique du parti Amine Issa, « les responsables actuels accumulent les erreurs ». « Plus ils les accumulent, plus leur marge de manœuvre se réduit, entraînant leur chute inévitable », affirme-t-il à L’Orient-Le Jour, avant d’ajouter qu’il doute que le Premier ministre désigné puisse même former un gouvernement. « Comment les parties vont-elles s’entendre ? » se demande-t-il, estimant que « dans l’allocution qu’il a prononcée mercredi, le président Aoun a montré qu’il est en guerre ouverte avec le président du Parlement Nabih Berry ». « Quant au Hezbollah, ses députés ont annoncé (hier) qu’ils sont prêts à appuyer le gouvernement sans pour autant apporter leurs voix au chef désigné », rappelle-t-il, estimant que ce procédé « ne va pas lui faciliter la tâche ». Et d’ajouter que de leur côté, les Forces libanaises (FL) et le Courant patriotique libre (CPL) n’ont pas nommé M. Hariri. Concernant le Parti socialiste progressiste (PSP), il estime que son chef Walid Joumblatt a probablement donné son aval après avoir obtenu des acquis en faveur de son parti. « Si l’on continue d’alimenter le clientélisme, comment réaliser des réformes ? » s’indigne M. Issa.

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Après sa désignation hier, M. Hariri a annoncé son intention de former « un gouvernement d’experts » qui ne seraient pas issus de partis politiques, pour lancer « des réformes économiques, financières et administratives » en accord avec « l’initiative française ».

« Même si des ministres indépendants sont nommés, ils auront les mains liées par les partis politiques qui les auront choisis », commente M. Issa, avant de résumer : « La question est politique et non technique. »

Comme lui, Élias Hankache, député Kataëb ayant démissionné, craint qu’« on ait repris la pratique du partage du gâteau ». « Nous espérons avoir tort de penser ainsi », ajoute-t-il, tout en se demandant « comment le Premier ministre désigné pourrait former un gouvernement qui soit à l’écart de la classe politique alors qu’il en fait partie ».

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« Il y a des réalités sur le terrain », renchérit Hayate Arslane, coordinatrice de la Table du dialogue de la société civile (composée de 30 associations) présidée par l’ancien ministre Bahige Tabbara, estimant que les partis politiques ne vont pas faciliter la mission de M. Hariri. « Le Hezbollah et le mouvement Amal accepteraient-il de ne pas nommer les ministres chiites ? » s’interroge-t-elle, déplorant par ailleurs que dans son discours de mercredi « le président Aoun ait fait assumer au Premier ministre désigné une responsabilité plus grande qu’il ne peut porter ». Le chef de l’État s’était en effet demandé si « celui qui sera désigné et chargé de la formation du gouvernement (en allusion à M. Hariri) pourrait résoudre les problèmes de corruption et lancer le chantier des réformes ». « Or le pays qui se trouve au fond de l’abîme nécessite que les efforts convergent de toutes parts pour le relever », soutient Mme Arslane, estimant que « même si la désignation de M. Hariri est appuyée par la France et les États-Unis, on risque de perdre leur appui si chaque partie n’y met pas du sien ». À cet égard, Élias Hankache déplore que « les forces en présence aient déjà fait perdre au pays une opportunité offerte par l’initiative du président d’une des plus grandes puissances du monde » (en référence à Emmanuel Macron, le 1er septembre), craignant qu’« elles n’en aient pas tiré les leçons ».

De nouveaux partis

« Mais cette fois, ces forces n’ont plus le choix. Vu la forte pression de la rue et la situation socio-économique catastrophique, elles devraient se plier aux exigences extérieures et ne plus s’opposer aux réformes », estime pour sa part Jad Chaabane, économiste et activiste politique. « Elles croient à tort qu’elles peuvent survivre », ajoute-t-il, estimant que l’alternative au système politique actuel est l’organisation d’élections législatives. Une échéance que réclame également une autre activiste, Laury Haytayan, qui s’était présentée sans succès aux élections de 2018. « Notre but est d’œuvrer à l’organisation de nouvelles élections pour montrer à ces partis qu’ils ne sont plus représentatifs et que leur jeu politique n’est plus de mise, et ce quelle que soit la personnalité qu’ils font accéder à la tête du gouvernement », tonne-t-elle. Et d’ajouter : « Nous poursuivrons la confrontation à travers de nouveaux partis en vue de gagner le combat lors d’élections dont nous souhaitons la tenue le plus rapidement possible. » Selon M. Chaabane, un nouveau scrutin électoral ferait accéder au Parlement 30 à 40 % d’indépendants.

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Entre-temps, l’idée de la création de nouveaux partis issus du mouvement de contestation semble faire son chemin. Jad Dagher, secrétaire général du parti Sabaa, en fait souvent la promotion. Hier, à l’annonce de la nomination de M. Hariri, il a encore appelé ceux qui s’opposent à « la classe corrompue » à « s’affilier à des partis ». « La nomination de Saad Hariri après la faillite et la contestation est une grande insulte adressée au peuple », souligne-t-il à L’OLJ, appelant à « rejeter l’humiliation » à travers une « résistance civile effective ». « Nous n’accepterons rien moins qu’un gouvernement d’indépendants qui procéderait à des audits financiers, donnerait un coup d’arrêt à l’effondrement et préparerait des élections législatives transparentes », dit encore Jad Dagher.

Un an après sa démission le 29 octobre 2019 sous la pression du mouvement de contestation populaire, l’ancien Premier ministre Saad Hariri est de nouveau en charge de former un gouvernement. La classe dirigeante aura ainsi choisi un des siens, alors qu’une grande partie de la population réclame à cor et à cri l’avènement de responsables qui ne soient pas liés à cette caste...

commentaires (6)

Hariri joue sa dernière carte. S’il ne nomme pas lui même ses ministres purement technocrates en tenant tête à tous les vendus il sera cuit definitement et le peuple ne le laissera pas entamé la moindre action. La résistance se conjugue toujours au présent (Lucie Aubrac) résistante dans les années 40. les libanais ne résistent pas aux vendus que certains continuent à appeler résistants. Une faction du peuple est d’un dévouement déroutant aux fossoyeurs de la république et les déçus qui regardent les libanais oscillant entre résignation et colère retenue, espèrent toujours que le jour de la goutte de trop fassent déborder le vase arrive, en vain. Mais que faut il donc comme catastrophe pour que les libanais comprennent que cette goutte a déjà eu lieu il y a des années et le débordement le 4 août qui les a anéanti et laissé de marbre avec une colère toujours refoulée pour la laisser jaillir et s’exprimer. Mais où est donc ce peuple libanais battant et fier? Ils continuent à nous menez où ils veulent et on acquiesce sans broncher. C’est désespérant et incompréhensible. Aucune force même armée ne résistera face un peuple entier décidé de récupérer sa dignité et la souveraineté de son pays. Les quelques millions de libanais doivent se rassembler dans un endroit précis et manifester leur colère et leur refus de vivre un jour de plus sous l’égide des vendus voleurs et arracher ce pays de leur griffes pour sauver sa vie il faut accepter de la risquer.

Sissi zayyat

15 h 56, le 23 octobre 2020

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Commentaires (6)

  • Hariri joue sa dernière carte. S’il ne nomme pas lui même ses ministres purement technocrates en tenant tête à tous les vendus il sera cuit definitement et le peuple ne le laissera pas entamé la moindre action. La résistance se conjugue toujours au présent (Lucie Aubrac) résistante dans les années 40. les libanais ne résistent pas aux vendus que certains continuent à appeler résistants. Une faction du peuple est d’un dévouement déroutant aux fossoyeurs de la république et les déçus qui regardent les libanais oscillant entre résignation et colère retenue, espèrent toujours que le jour de la goutte de trop fassent déborder le vase arrive, en vain. Mais que faut il donc comme catastrophe pour que les libanais comprennent que cette goutte a déjà eu lieu il y a des années et le débordement le 4 août qui les a anéanti et laissé de marbre avec une colère toujours refoulée pour la laisser jaillir et s’exprimer. Mais où est donc ce peuple libanais battant et fier? Ils continuent à nous menez où ils veulent et on acquiesce sans broncher. C’est désespérant et incompréhensible. Aucune force même armée ne résistera face un peuple entier décidé de récupérer sa dignité et la souveraineté de son pays. Les quelques millions de libanais doivent se rassembler dans un endroit précis et manifester leur colère et leur refus de vivre un jour de plus sous l’égide des vendus voleurs et arracher ce pays de leur griffes pour sauver sa vie il faut accepter de la risquer.

    Sissi zayyat

    15 h 56, le 23 octobre 2020

  • CE N,EST PAS HARIRI QUI VA ECHOUER. CE SONT LES BOYCOTTAGES DES CPL ET MERCENAIRES QUI VONT OTER LA DERNIERE CHANCE DE SAUVER LE PAYS ET LE PEUPLE APPAUVRI DE LEURS GRIFFES ET CELLES DE LEURS COMPLICES CORROMPUS ET VOLEURS LES ALIBABAS DE LA GROTTE ETOILEE, GENDRISSIQUE, BERRIQUE ET DE CELLE PERSIQUE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 11, le 23 octobre 2020

  • “ Ceux qui font des révolutions à moitié , ne font que se creuser un Tombeau ... “ Louis Antoine Léon De Saint Just

    Menassa Antoine

    12 h 36, le 23 octobre 2020

  • Que croyez vous? Que ces partis qui gangrènent toutes les administrations vont du jour au lendemain scier la branche sur laquelle ils sont assis. Ce ne sont pas seulement ces têtes qu'il va falloir tomber, et je dirais que ce n'est pas le plus difficile, mais c'est d'énucléer tous ces hommes qu'ils ont nommés dans tous les secteurs et qui verrouillent la corruption. Ce sont ces tentacules et esclaves de ceux qui les ont nommé qu'il va falloir virer et changer. Il va falloir changer tout en profondeur, du directeur à celui qui fait le café ou qui colle les timbres. Quant à de nouvelles élections, croyez vous que celui qui touchait 500 dollars par voix ou celui à qui on a promis un travail bidon dans une planque payée par nous, va refuser de le faire? Vous pouvez rêver. Ce pays restera tel qu'il a toujours fonctionné avec des clans incontrôlables, des partis qui arrosent et qui règnent, et un peuple qui subit et qui court derrière une wasta.

    Citoyen

    11 h 18, le 23 octobre 2020

  • Un an plus tard alors que tout avait commencé tout bonnement dans la spontanéité de toute une population dans la rue pour la seconde fois après 2005 .... Désillusion et Échec d une soi disante Revolte Désorganisée Déréglée et Désemparée .... Conclusion les carottes sont cuites , l irresponsabilité et l ego de certains chefaillons de terrains ont préféré morceller l’Intifada en 186 lamelles bouffées en sept bouchées par leurs antagonistes ayant repris du poil de la bête .... Rien ne sert plus de courir fallait partir à point ....

    Menassa Antoine

    09 h 50, le 23 octobre 2020

  • Cher OLJ .vous auriez pu eviter d'etaler aux yeux du monde notre nullité en orthographe. NégoCiation!

    Marie-Hélène

    06 h 50, le 23 octobre 2020

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