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Société - Covid-19

L’évolution de la pandémie au Liban divise les spécialistes

Le président de la commission parlementaire de la Santé craint un scénario « plus dangereux » que celui observé en Italie.

L’évolution de la pandémie au Liban divise les spécialistes

Pour Assem Araji, le bouclage localisé est nécessaire pour permettre aux hôpitaux de souffler. Photo Marc Fayad

La propagation du coronavirus au Liban suit toujours une courbe ascendante alarmante, mais dont l’interprétation n’est pas la même dans les milieux concernés. Comme un peu partout dans le monde, la gestion de l’épidémie fait polémique. Alors que le président de la commission parlementaire de la Santé, Assem Araji, a tiré une fois de plus la sonnette d’alarme, mettant en garde contre un scénario qui risque d’être « plus dangereux » que celui observé en Italie, certains épidémiologistes estiment que la manière dont la pandémie se propage au Liban est un signe d’une « bonne évolution vers l’immunité collective ». Hier, comme c’est le cas depuis plusieurs semaines durant lesquelles plus de mille cas sont signalés au quotidien, le Liban a enregistré 1 261 nouveaux cas et 10 décès, faisant grimper à 46 918 le nombre d’atteintes cumulées depuis la déclaration de la première contamination au Liban en février. Selon le bilan quotidien du ministère de la Santé, 625 personnes sont hospitalisées dont 165 en soins intensifs. « Les cas nécessitant une hospitalisation sont élevés, déplore M. Araji. Certains patients sont soignés à domicile, faute de place dans les hôpitaux. On essaie de débrouiller des lits aux patients dont l’état de santé se complique et parfois cela est difficile. Nous avons besoin de davantage de lits dans les hôpitaux. Il faut agir rapidement sur ce plan et les hôpitaux privés doivent s’engager plus dans cette lutte. »

Le Liban dispose actuellement de près de 700 lits dédiés au Covid-19. « L’Organisation mondiale de la santé nous a promis d’augmenter les lits dans les unités de soins intensifs de quelque 150 », poursuit M. Araji à L’Orient-Le Jour. « Il faut savoir pourquoi les hôpitaux sont bondés », martèle de son côté Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth. « Il faut s’assurer que tous les cas hospitalisés pour le Covid-19 ont vraiment besoin de l’être, ajoute-t-il. Le ministère de la Santé doit faire un monitoring sur les cas d’hospitalisation et le passage aux unités de soins intensifs. Un pays qui a la réputation d’être l’hôpital du Moyen-Orient ne doit pas être saturé avec 700 cas de Covid-19. Cela laisse deviner une mauvaise gestion des ressources. »

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Pour M. Araji, le problème ne se limite pas au nombre de lits dans les hôpitaux, mais aussi à la crise financière et économique qui pèse lourd sur ce secteur, qui s’est traduit par l’émigration d’un grand nombre de médecins, d’infirmières et infirmiers. Sans compter les cas de Covid-19 signalés parmi les corps médical et infirmier, ainsi que les agents de santé, qui s’élèvent à 1 107 depuis le début de l’épidémie, selon les chiffres du ministère de la Santé. « Au-delà du Covid-19, c’est pour l’ensemble du secteur que nous sommes inquiets », insiste-t-il, se félicitant par ailleurs de la meilleure compréhension de la maladie et de sa prise en charge.

De fait, « le taux de létalité du Covid-19 a baissé », affirme le Dr Adib. « En septembre, il est passé de 11 décès pour mille personnes malades au début du mois à neuf décès pour mille à la fin du mois, ajoute-t-il. Cela s’explique par le fait que le virus s’est affaibli, mais aussi par les connaissances acquises, et par conséquent par l’amélioration de la prise en charge. »

Vers l’immunité collective

Entre-temps, le virus continue à circuler librement dans la collectivité, « ce qui n’est pas une mauvaise nouvelle », estime le Dr Adib, qui explique que cette propagation contribue à créer une « immunité collective ». « Depuis huit mois que cette infection sévit dans le monde, à commencer par la Chine et par la Corée, il semble que cette immunité soit suffisante pour couvrir l’individu ayant développé la maladie jusqu’à huit mois, fait-il remarquer. Si les chiffres du Liban restent similaires à ceux observés actuellement, c’est-à-dire avec moins de 3 % de cas sévères nécessitant une hospitalisation et un taux de mortalité inférieur à 1 %, on peut dire que l’évolution de l’épidémie vers cette immunité collective est bonne, constate-t-il. Mais il faudrait parallèlement protéger les personnes vulnérables qui risquent de développer les complications graves du Covid-19. »

Peut-on parler d’immunité collective, alors que le virus a déjà muté à trois reprises ? « Oui, affirme l’épidémiologiste, parce que ces mutations ne se sont pas produites au niveau de la couche protéinique du virus qui est responsable de la réaction immunologique, mais dans d’autres zones du virus. »

Quid des récidives ? « La plupart du temps, il s’agit d’une erreur dans la lecture des résultats, répond-il. Leur état négatif a été annoncé de façon prématurée. Par ailleurs, il s’agit là d’exceptions. On ne peut pas confirmer les règles de la biologie sur une exception. La plupart des individus sont en train de développer une bonne immunité. C’est forcément le cas de la majorité absolue de ceux ayant contracté la maladie. »

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Si M. Araji se dit favorable au bouclage localisé observé actuellement « rien que pour permettre aux hôpitaux de souffler », tant lui que le Dr Adib insistent sur l’importance de « la responsabilité sociale ». Ils mettent l’accent dans ce cadre sur la nécessité de respecter les gestes barrières, à savoir le port du masque, la distanciation sociale, le lavage des mains et bien sûr « la protection des personnes vulnérables ».

« Cette insouciance observée chez une grande majorité de la population est inadmissible, martèle M. Araji. Bien sûr que l’économie du pays est importante et que les gens doivent continuer à travailler, mais que leur coûte-t-il de protéger les autres en mettant un masque ? Le port du masque est essentiel pour protéger autrui. C’est une marque de respect envers l’autre. Actuellement, l’application des gestes barrières reste le seul vaccin contre le Covid-19 dont nous disposons. »

La propagation du coronavirus au Liban suit toujours une courbe ascendante alarmante, mais dont l’interprétation n’est pas la même dans les milieux concernés. Comme un peu partout dans le monde, la gestion de l’épidémie fait polémique. Alors que le président de la commission parlementaire de la Santé, Assem Araji, a tiré une fois de plus la sonnette d’alarme, mettant en garde...

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IL N,Y A PAS DE SPECIALISTES DU COVID 19. IL N,Y A QUE DES PROPAGATEURS D,OPINIONS LE PLUS SOUVENT PERSONNELLES ET NON SCIENTIFIQUES CAR ON NE CONNAIT PAS ENCORE BIEN LE FLEAU.

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 20, le 07 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • IL N,Y A PAS DE SPECIALISTES DU COVID 19. IL N,Y A QUE DES PROPAGATEURS D,OPINIONS LE PLUS SOUVENT PERSONNELLES ET NON SCIENTIFIQUES CAR ON NE CONNAIT PAS ENCORE BIEN LE FLEAU.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 20, le 07 octobre 2020

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