Poursuivi pour malversations financières au Japon, l’ex-PDG de Renault-Nissan s’investit dans un programme de formation des dirigeants au Liban.

Les participants auront également droit à un entretien individuel avec Carlos Ghosn en personne.
Les participants auront également droit à un entretien individuel avec Carlos Ghosn en personne. Anwar Amro/AFP

Carlos Ghosn était l’invité mardi de l’Université du Saint-Esprit de Kaslik (Usek) pour annoncer un partenariat avec l’établissement en vue du lancement d’un triple programme éducatif. L’ex-PDG de Renault-Nissan s’exprimait pour la première fois depuis sa conférence de presse à Beyrouth en janvier, durant laquelle il avait tenté de s’expliquer sur les raisons de sa fuite rocambolesque du Japon où il est poursuivi pour malversations financières.

« Je m’étais dit prêt à apporter mon aide à toute initiative éducative ou entrepreneuriale au Liban sur la base de mon expérience et l’Usek a été la première à me contacter », a expliqué l’homme d’affaires libano-franco-brésilien. « Nous ne voulions pas manquer une telle opportunité », a commenté pour sa part le recteur de l’université maronite, le père Talal Hachem. « Carlos Ghosn a une grande expérience et une carrière exceptionnelle », a-t-il loué sous les applaudissements de l’auditoire.

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L’initiative, baptisée “Moving Forward”, inclut notamment un programme de formation sur la stratégie et la performance des entreprises à destination des cadres supérieurs. Moyennant 20 000 dollars pour des cours en présentiel et 15 000 dollars à distance, une vingtaine de participants du Liban ou du Moyen-Orient pourront bénéficier d’interventions de figures de proue du monde des affaires, directement tirées du carnet d’adresses de Carlos Ghosn.

Parmi eux, certains de ses anciens collaborateurs, à l’instar de Thierry Bolloré, nommé directeur général de Renault après son arrestation en novembre 2018, puis démis de ses fonctions en octobre 2019 et aujourd’hui à la tête de Jaguar Land Rover, ou encore José Muñoz, ex-directeur de la performance de Nissan jusqu’en janvier 2019 et aujourd’hui directeur de l’exploitation chez Hyundai. Côté libanais, Raymond Debbané, spécialiste du capital-risque, et Joe Saddi, président du conseil d’administration de Strategy& au Moyen-Orient, dispenseront également leurs conseils aux participants.

Les participants auront également droit à un entretien individuel avec Carlos Ghosn en personne et, au terme de leur formation, son paraphe sur leur diplôme.

« Les cours dispensés incluront-ils un volet sur l’éthique des affaires ? » a tancé une journaliste. « Ce sera aux étudiants de décider, nous adapterons le contenu des cours en fonction de leurs demandes », a-t-il botté en touche. Toutes les questions concernant le procès en cours au Japon de l’ex-administrateur de Nissan, Greg Kelly, et le statut de fugitif controversé de son ancien dirigeant ont été éludées. « Arabe, français, anglais… Dans quelle langue faut-il vous dire que je ne parlerai pas de l’affaire Nissan ? » a fini par s’agacer Carlos Ghosn, face à la quarantaine de journalistes libanais et étrangers présents dans la salle.

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Les financements récoltés par la première formation devraient en tout cas servir « à soutenir les deux autres programmes que nous souhaitons mettre en place », a précisé Talal Hachem. L’Usek prévoit ainsi une formation spécialisée sur les nouvelles technologies à destination des ingénieurs diplômés ou étudiants, et le lancement d’un incubateur de start-up.

Concernant ce dernier, un comité d’investisseurs présidé par Carlos Ghosn se réunira tous les quatre mois pour écouter les présentations des entrepreneurs et déterminer les projets qui pourront bénéficier d’investissements en série A.