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Culture - Événement/Entretien

Ibrahim Maalouf : Ce plateau, pour le Liban, sera des plus beaux et des plus diversifiés...

Dans le cadre de l’initiative « Unis pour le Liban », le jeudi 1er octobre, le compositeur et trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf réunit, dans un grand concert à l’Olympia*, des interprètes français et libanais qui témoignent de l’amour de la France pour le pays du Cèdre et montrent encore une fois que le Liban n’est pas seul dans cette tourmente.

Ibrahim Maalouf : Ce plateau, pour le Liban, sera des plus beaux et des plus diversifiés...

Ibrahim Maalouf : « Ma vie est entre le Liban et la France entre ces deux cœurs, et il en sera ainsi aussi longtemps que la mer Méditerranée existera entre les deux. » Photo DR

France 2 diffusera le 1er octobre une soirée de soutien au Liban, en direct de Paris et de Beyrouth, après l’explosion qui a dévasté début août la capitale libanaise. L’ensemble des antennes télé et numériques de France Télévisions seront mobilisées tout au long de la journée du 1er octobre pour venir en aide au peuple libanais. Cette opération « Unis pour le Liban », relayée dans de nombreuses émissions, aura pour point d’orgue une soirée spéciale en direct sur France 2 et présentée par Nagui, en partenariat avec France Inter. Elle débutera par un reportage d’Envoyé spécial lancé par Élise Lucet depuis Beyrouth, consacré à cette catastrophe. Et se poursuivra par un grand concert de soutien et d’appel aux dons, en direct depuis l’Olympia à Paris. En outre, Léa Salamé fera des interventions en duplex depuis la capitale libanaise. Côté caritatif, France Télévisions et Radio France se sont associées à la Croix-Rouge française, qui reversera l’intégralité des dons ainsi recueillis à la Croix-Rouge libanaise.

Le compositeur et trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf, qui s’est vu confier la direction artistique de cet événement, a répondu aux questions de L’OLJ.

Après le 4 août, comment est née l’initiative du concert ? Et pourquoi avez-vous choisi d’en être le directeur artistique et non pas d’y participer en jouant ?

Le lendemain des explosions, j’ai eu comme tous les Libanais le réflexe de me dire « il faut faire quelque chose ». Je ne savais pas quoi. Puis, finalement, il n’y a qu’une seule chose que je sais faire, c’est justement de réunir des artistes autour de moi et de faire de la musique. Ici, l’envie est de montrer aux Libanais, qui parfois désespèrent de voir ce pays abandonné par les siens, que les pays du monde entier sont solidaires et aiment le Liban. À commencer par la France. J’ai donc contacté l’Élysée et expliqué que nous allions organiser un grand concert de soutien. L’Élysée a proposé que France Télévisions et Radio France s’y associent. Ainsi, ce grand concert est devenu encore plus grand. Et non seulement je serai le directeur artistique de cette soirée, mais en plus, je compte bien jouer ! (Sourires).

Comment a eu lieu le « casting » ? Ou est-ce les artistes eux-mêmes qui se sont présentés à vous ? Nous remarquons que certains noms à l’affiche se sont déjà produits au Liban...

En fait, j’ai tout d’abord contacté mon fidèle ami et frère spirituel Matthieu Chédid. Je l’avais invité à Baalbeck avec toute sa famille pour un concert mémorable, et je savais qu’en lui parlant de cet événement, il serait solidaire. Lorsqu’il a accepté, j’ai tout de suite associé Abdel Rahman el-Bacha, Hiba Tawaji, Oussama Rahbani, Ycare, Mika, Cyril Mokaiesh, Zeina Abi Rached, Astrig Siranossian, Khaled Mouzannar, etc. C’est à dire des artistes libanais dont certains ont déjà un nom en France. Puis France Télévisions m’a rappelé qu’il était évident qu’il fallait que ce concert soit aussi et surtout soutenu par les artistes français pour montrer leur solidarité. J’ai donc appelé Florent Pagny que je connais depuis plus de 20 ans, Sting avec qui j’ai joué de nombreuses fois, mon ami Fabien (Grand Corps malade), mais aussi Soolking et sa magnifique chanson La Liberté, et petit à petit, j’ai tenté d’élargir au maximum les styles pour que la direction artistique soit la plus diversifiée possible. Et finalement, on se retrouve avec une variété d’artistes incroyable. Du violoncelliste classique star Gautier Capuçon au chanteur culte Pascal Obispo, de l’ancien sportif camerounais et désormais chanteur incontournable Yannick Noah à Cheb Khaled ! De la jeune chanteuse Clara Luciani, qui a séduit la France ces trois dernières années, à l’un des chanteurs les plus aimés depuis 40 ans, Salvatore Adamo. Tous ont répondu oui lorsque je les ai appelés.

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Je crois vraiment que ce plateau sera le plus beau et le plus diversifié que la télévision et la radio françaises aient jamais connu ! J’aurais aimé évidemment programmer beaucoup plus d’artistes libanais, qui ont été nombreux à se proposer également de participer, mais malheureusement, le temps d’antenne est limité. Peut-être qu’un jour, nous pourrions organiser un festival pour le Liban ! Qui sait ?

Les chansons sont-elles inédites ou ont-elles été composées spécialement pour le Liban et pour l’occasion ?

Toutes les chansons seront des chansons existantes. Pour certaines très connues et pour d’autres moins. Mais nous ferons à la fin du concert une chanson inédite composée par Matthieu Chédid il y a presque 10 ans et dont le texte avait été écrit par sa grand-mère Andrée Chédid il y a plus de 30 ans. La chanson s’appelle Mappemonde et n’était jamais sortie. J’ai proposé à Matthieu de la produire pour l’occasion. J’ai donc produit ce duo entre Matthieu Chédid et Hiba Tawaji. La chanson est magnifique et c’est un hymne à Beyrouth. Je pense qu’elle restera longtemps dans la tête et dans le cœur des Libanais et des Français.

C’est un concert en duplex avec Léa Salamé, et des interventions et un reportage sur le Liban. Combien de préparation et de temps cela a-t-il nécessités ? Avec pause, bien sûr, l’heureux événement de votre mariage avec la chanteuse Hiba Tawaji ?

Nous travaillons sur ce concert depuis le 5 août. Le mariage n’a pas empêché que nous soyons en permanence concentrés sur l’organisation de ce concert. Cela fera deux mois non-stop que je travaille sur cet événement qui est là, d’une part, pour soutenir le Liban qui en a besoin de façon urgente et montrer l’attachement de la France à ce petit pays. Mais aussi, d’autre part, pour collecter de l’argent qui ira pour moitié à la Croix-Rouge libanaise et pour l’autre directement au paysage culturel et artistique libanais qui souffre terriblement de toutes ces crises qui n’en finissent pas. C’est Lebanese Solidarity Fund qui réunira cette partie-là des fonds.

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Vous avez passé une partie de votre vie hors du Liban. Ce n’est que depuis ces quinze dernières années que vous y revenez régulièrement pour des concerts au MusicHall, à Baalbeck ou à Batroun. Avez-vous renoué ce lien avec votre pays ? Et qu’avez-vous ressenti quand vous avez appris au sujet de l’explosion ?

Je n’ai jamais cessé de venir au Liban. Toute ma vie, je l’ai passée entre la France et le Liban. Après ma naissance en 1980 à Beyrouth et toutes les années qui ont suivi, nous sommes toujours venus passer 3 mois, parfois plus, dans mon pays natal avec ma famille. Même les pires années de la guerre, mes parents n’ont jamais baissé les bras et faisaient le déplacement sous les obus. Et je pense que c’est la raison pour laquelle je suis autant attaché à mon pays d’origine. Je l’ai connu et aimé dans ses pires années. Alors ce n’est pas cette explosion ou quoi que ce soit d’autre qui m’empêchera de venir, de l’aimer, de soutenir et d’apporter tout ce que je peux apporter pour l’aider à respirer les jours où l’oxygène manque. C’est vrai que ces derniers temps, l’oxygène se fait rare. Très rare. C’est donc d’autant plus important d’être actif, et c’est pour cela que je passe encore plus de temps au Liban. Quoi qu’il se passe, quoi qu’il puisse y avoir comme problèmes, économiques, politiques, sociaux et peu importe quoi, jamais je ne quitterai mon pays. Je vis entre la France et le Liban, je fais constamment les allers-retours. Ma vie est entre ces deux cœurs, et il en sera ainsi aussi longtemps que la mer Méditerranée existera entre les deux.

*À suivre sur France 2, à 22h (heure de Beyrouth), ainsi que sur les sites web de France Télévisions.

Une journée spéciale Liban sur France Inter

- 8h50 *– L’invité de Léa Salamé, en direct de l’Institut français à Beyrouth (invité communiqué ultérieurement).

- 12h00 – la bande originale de Nagui avec Léa Salamé depuis Beyrouth.

- 16h00 – Affaires sensibles de Fabrice Drouelle.

2005, l’assassinat de Rafic Hariri avec Rima Tarabay, ex-conseillère aux affaires européennes de Saad Hariri.

- 18h00 – le 18/20 XXL de Fabienne Sintes dans les rues de Beyrouth.

18h – séquence reportage avec la traversée des quartiers les plus touchés par les deux explosions : la Quarantaine, Mar Mikhaël et la place de la Révolution avec des témoignages d’habitants, d’associatifs, de personnels soignants,... et les reportages d’Aurélien Colly, correspondant permanent de France Inter au Liban.

20h – séquence débat sur les perspectives d’un vrai renouveau politique.

- 21h00 – L’heure bleue de Laure Adler.

Mercredi 30 septembre : avec Charif Majdalani, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, écrivain, auteur du Journal d’un effondrement (Actes Sud).

Jeudi 1er octobre : avec Dominique Eddé, romancière et essayiste.

Une soirée spéciale en direct de l’Olympia présentée par Laurent Goumarre et Marion Guilbaud, sous la houlette d’Ibrahim Maalouf avec de nombreux artistes de la scène française, et la Maîtrise de Radio France dirigée par Sofi Jeannin.

- 22h00 – « Unis pour le Liban », un concert France 2 / France Inter.

Appel aux dons :

→ sur le site de la Croix-Rouge (l’intégralité des dons récoltés sera reversée à la Croix-Rouge libanaise).

→ par SMS (En France) : « Tapez LIBAN au 92 200 pour faire un don de 5€ ».

→ par chèque (En France ) à l’ordre de « Urgence Beyrouth 2020 » – Croix-Rouge française – CS 20011 – 59895 Lille cedex 9.

#UnisPourLeLiban

** Heure locale

France 2 diffusera le 1er octobre une soirée de soutien au Liban, en direct de Paris et de Beyrouth, après l’explosion qui a dévasté début août la capitale libanaise. L’ensemble des antennes télé et numériques de France Télévisions seront mobilisées tout au long de la journée du 1er octobre pour venir en aide au peuple libanais. Cette opération « Unis pour le...

commentaires (2)

Merci Ibé de montrer le vrai visage du Liban , celui de la culture, de la fraternité et de la solidarité. Ca nous change de la vision gérbante que nous offre tous les jours les politicards mafieux qui ont pris en otage notre beau pays . Un jour le soleil se lèvera à nouveau sur Beyrouth et le vent de l'histoire balaiera cette classe politique pour la mettre là où elle mérite d'être, à la poubelle de l'histoire .

Ziad CHOUEIRI

15 h 18, le 29 septembre 2020

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Commentaires (2)

  • Merci Ibé de montrer le vrai visage du Liban , celui de la culture, de la fraternité et de la solidarité. Ca nous change de la vision gérbante que nous offre tous les jours les politicards mafieux qui ont pris en otage notre beau pays . Un jour le soleil se lèvera à nouveau sur Beyrouth et le vent de l'histoire balaiera cette classe politique pour la mettre là où elle mérite d'être, à la poubelle de l'histoire .

    Ziad CHOUEIRI

    15 h 18, le 29 septembre 2020

  • Après Mika, c’est Ibrahim Maalouf. Magnifique! Ce sont des enfants du pays tous les deux, des artistes, et ils montrent leur amour, leur générosité et leur fidélité à leur terre et la terre de leurs parents. Le Liban peut être fier de ses enfants.

    Hippolyte

    10 h 04, le 29 septembre 2020

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