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Nos Lecteurs ont la Parole

L’ombre de Bachir

Bachir est mort assassiné, et avec lui disparaît l’idée d’un Liban fort et souverain. Ce n’est pas l’histoire qui est clémente avec le jeune chef phalangiste comme elle l’a toujours été avec les martyrs et ce n’est pas le mythe qui l’emporte sur la réalité, car Bachir fut président pendant vingt et un jours et ces trois semaines ont donné à la postérité une idée de ce que serait devenu le Liban s’il avait eu le temps de gouverner. Mais il ne fallait pas que Bachir gouverne, il fallait qu’il meure et que le Liban meure avec lui.

Trente-huit ans sont passés et la voix d’airain du jeune président résonne encore comme cette mélodie héroïque qui, faute d’auteur, restera à jamais inachevée. Trente-huit ans que le nom de Bachir est associé au combat que mène notre pays pour sa liberté, sa dignité, sa survie, voire son existence. Trente-huit ans durant lesquels l’ombre de Bachir n’a cessé de diviser les Libanais entre ceux qui ont cru, croient toujours et continueront à croire en un Liban que le président assassiné symbolisa jusqu’au martyre et ceux qui se rangeront jusqu’à la fin des temps du côté de ses assassins.

Bachir n’a nullement besoin de cette gloire usurpée si chère aux commandeurs, il n’est ni le fondateur du Liban moderne ni celui des Phalanges, mais il a su commander à des jeunes que rien ne préparait à mourir, il les a galvanisés en leur offrant une aventure à la taille de leurs rêves, il les a conquis en leur proposant un pays à la taille de leurs sacrifices et de leurs espoirs.

Ils le suivront jusqu’à la présidence, ils le suivront jusqu’au martyre et si c’est en phalangiste que Bachir s’est battu, c’est en libanais qu’il a relevé le défi et c’est surtout en libanais qu’il est mort ; il nous restera le sublime exemple qu’il a laissé, cette main qu’il tendait, un courage mêlé d’abnégation, et une certitude : plus aucun président de cette trempe ne foulera désormais le sol dallé de marbre blanc du palais de Baabda pour les trente-huit prochaines années.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Bachir est mort assassiné, et avec lui disparaît l’idée d’un Liban fort et souverain. Ce n’est pas l’histoire qui est clémente avec le jeune chef phalangiste comme elle l’a toujours été avec les martyrs et ce n’est pas le mythe qui l’emporte sur la réalité, car Bachir fut président pendant vingt et un jours et ces trois semaines ont donné à la postérité une idée de ce...

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