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Nos Lecteurs ont la Parole

Vous les bousculez, Monsieur le Président !

Ils n’ont pas l’habitude. Vous les astreignez à œuvrer ? Vous leur mettez la pression ? Vous les contraignez à réinterroger leurs priorités ? Vous leur imposez un temps défini? Vous leur avez fixé des caps ? Ils vous ont promis des résultats ? Et vous avez cru à leur engagement? Eux qui dédaignent la notion du temps, comme celle de résultats, qui méconnaissent la notion de limite et mésestiment celle du respect des engagements et des promesses ?

Le sens de leurs priorités est perturbé. Conditionnée par un stimuli d’ordre pécuniaire et religieux, l’idéologie personnelle de nos impérissables démagogues passe avant les intérêts de la nation; et donc, faire valoir leur croyance par l’endoctrinement, amasser de l’argent, abuser de leur pouvoir, appauvrir les Libanais, les inciter à quitter leur pays et leur faire subir des épreuves interminables d’endurance et de souffrance constitue la base et la charpente même de leur survie.

Ils sont devenus avec beaucoup d’aisance les maîtres tyranniques et absolus du temps des Libanais. Le chrono de ce peuple appartient désormais à ses chefs corrompus. Une énième possession qu’ils ont rajoutée à toutes les autres pour complémenter leur opulente et dégoûtante collection. Et qui dit collection, dit passion. Une passion qui dure, et ce depuis combien de temps ? Ils s’en f... Ils ne comptent ni les jours, ni les semaines, ni les mois, ni les années.

Une trentaine de révolutions de la terre autour du soleil à laquelle il faut rajouter une quinzaine d’une panoplie illimitée de conflagrations et d’absurdités durant lesquelles les Libanais ont perdu leur temps, ce qu’il y a de plus précieux dans la vie, à tourner en rond, sans évolution aucune. Dans cet équilibre cosmique, les jours et les nuits des Libanais qui ont survécu à toute sorte d’atrocités se suivent et se ressemblent depuis bientôt un demi-siècle !

Un demi-siècle ! Ce temps physique ! Ce chrono qui plaît à notre classe politique et qu’elle exploite sans fin. Elle prend le temps, elle fait passer le temps, elle gagne du temps avec leurs tergiversations, elle laisse le temps au temps pour faire tout oublier, pour échapper à toutes leurs responsabilités, pour se décharger de leur banditisme et pour finalement sortir indemnes et innocents de toute leur criminalité. Un savoir-faire machiavélique et bien enraciné qui vit, s’alimente et trouve ses nutriments au détriment d’un peuple dénué, au détriment de toutes les logiques modernes d’une nation constitutionnellement démocratique.

En maîtres émérites du chrono des Libanais, ils disposent également du kairos de ce peuple souffrant. Cette notion du temps que vous avez évoqué lors de vos interventions à la Résidence des Pins, ce moment opportun que les Libanais sont supposés saisir, ce temps du basculement entre l’avant et l’après, ils s’en moquent nos élus et ils le balaient d’un coup de main. La révolution d’octobre et le soulèvement d’une grande majorité du peuple, un kairos exceptionnel dans sa grandeur et son ampleur, un kairos supposé faire bouger les choses, mais rien n’y fait et rien ne marche.

Maîtres du chrono et du kairos, ils sont également les maîtres incontestables de l’espace des Libanais. Les frontières nationales ont cédé la place à des frontières d’une autre époque anachroniquement en désaccord avec le sens même de ce que c’est qu’être un Libanais savourant la vie dans un Liban neutre, souverain et libre.

Maîtres du chrono, du kairos et de l’espace, ils sont également des sommités quant à s’approprier l’argent des Libanais et l’argent de l’aide internationale pour le Liban dans le but de servir leur idéologie et leur vision, et assouvir leur cupidité.

En vrais maîtres du temps, de l’espace et de l’argent, leur pouvoir n’a plus de limite et ainsi ils se considèrent les représentants de Dieu sur terre, et légitiment de cette façon leur droit à contrôler la vie et décider de la mort des Libanais. En fait, et en un mot, ils sont les maîtres des ténèbres !

Mais ils sont élus démocratiquement selon vos dires, Monsieur le Président. Démocratiquement oui, pour une poignée d’argent volé d’un peuple totalement démuni, en achetant les voix des vivants et des morts aussi. Sans programme et sans projet pour leur pays, ils sont élus dans une des démocraties les plus fragiles au monde, et le mandat de certains d’entre eux est renouvelable pour l’éternité de leur vie sur terre. La vision appartient à une autre poignée qui n’est pas au pouvoir, mais qui y est représentée, qui gagne de facto du terrain, et qui prend les règnes de l’appareil de l’État en toute discrétion et avec une politique lente et agressive. Un processus insidieux, pas forcément aperçu comme tel.

Oui, nous les avons élus démocratiquement pour qu’ils s’installent à vie en dictateurs-rois, pour qu’ils se soumettent à des forces étrangères, pour qu’ils chassent une grande partie des Libanais en dehors de leur territoire et pour qu’ils désamorcent ce beau pays en toute liberté. Une démocratie mascarade, une tartufferie mélangée à de l’hypocrisie. Mais vous avez dit que vous n’êtes pas naïf, Monsieur le Président.

Votre courageuse initiative, votre mission, celle que vous aviez eu la mansuétude mais également la raison d’entreprendre, avec beaucoup d’intelligence et de calcul, est une politique de longue haleine dont certains Français ne voient pas encore le bénéfice. Mais occidentaliser le Liban, cette porte au Moyen-Orient, est certainement une meilleure stratégie que celle de ne rien faire et, par conséquence, subir et risquer une possible libanisation de la France et de l’Europe qui connaissent déjà de fortes tensions communautaires. Prendre le taureau par ses cornes au dire de François Bayrou dans son interview avec Jean-Jacques Bourdin sur la chaîne de télévision française BFMTV, soutenir toutes les forces du progrès dans le monde musulman, au dire de ce lanceur d’alerte sur la progression de l’islamisme radical au sein de l’école française, Jean-Pierre Obin, auteur de cet inquiétant et très véridique rapport éponyme que résume le magazine hebdomadaire Le Point dans son numéro du 27 août, arrêter l’origine du mal à sa source et avant même sa naissance, sortir vers les lumières toute une région au bout du gouffre et qui sombre dans les ténèbres et l’enfer de l’obscurantisme depuis des années, semble être une résolution perspicace et de bon sens.

Un nouvel âge des Lumières reste à inventer dans cette partie du monde. Cela permettrait de sauver la France et l’Europe d’une déroute imminente et d’une contamination idéologiquement offensive et malsaine. Votre entreprise est colossale et le fait de sauver notre pays de son long calvaire bénéficiera également à l’Occident et épargnera à votre pays son chemin de croix.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Ils n’ont pas l’habitude. Vous les astreignez à œuvrer ? Vous leur mettez la pression ? Vous les contraignez à réinterroger leurs priorités ? Vous leur imposez un temps défini? Vous leur avez fixé des caps ? Ils vous ont promis des résultats ? Et vous avez cru à leur engagement? Eux qui dédaignent la notion du temps, comme celle de résultats, qui méconnaissent la notion de limite...

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