Le tandem chiite, composé du Hezbollah et du mouvement Amal, a réaffirmé mardi, au deuxième et dernier jour des concertations menées par le président Michel Aoun, son attachement au portefeuille des Finances et à la nomination des ministres chiites qui intégreront le prochain gouvernement, mais s'est dit disposé à discuter des noms avec le Premier ministre désigné Moustapha Adib.
Le 1er septembre, les différentes formations politiques libanaises s'étaient engagées auprès du président français, Emmanuel Macron, alors en visite à Beyrouth, à former le cabinet dans un délai de quinze jours. Conformément à cette initiative française pour sortir le Liban de sa crise politique et financière, Moustapha Adib est appelé à former un cabinet "de mission" composé de 14 membres, tous spécialistes indépendants et respectant le principe de la rotation des portefeuilles au grand dam du tandem chiite (Hezbollah-Amal) qui réclame le ministère des Finances. La formation du cabinet bute en effet sur l'attribution du portefeuille des Finances, Amal réclamant "une personnalité chiite" pour ce poste qui lui revient depuis 2014. De même, le tiers de blocage devrait être détenu par la même communauté, réclame le même tandem.
Mardi à Baabda, les représentants du bloc parlementaire d'Amal, les députés Ali Hassan Khalil et Mohammad Khawaja, ont indiqué au chef de l'Etat qu'ils étaient attachés à la nomination de leurs ministres, notamment au ministère des Finances, mais qu'ils étaient néanmoins prêts à un accord sur ces noms avec M. Adib, selon notre correspondante au palais présidentiel, Hoda Chédid. Le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a également informé M. Aoun de l'attachement de sa formation au ministère des Finances et à la désignation des ministres de la communauté chiite.
Selon des informations de la chaîne LBC, les concertations entre le Courant patriotique libre et le tandem chiite "se sont poursuivies au plus haut niveau durant les dernières heures".
Nouvel entretien Aoun-Adib prévu
Le chef de l’État s'est également entretenu avec le député druze Talal Arslane, avec Hagop Pakradounian, député du Metn représentant le parti arménien Tachnag, et avec l'ancien Premier ministre et actuel député de Tripoli, Nagib Mikati. "Nous sommes en faveur de la rotation générale (sur le plan des ministères), et nous sommes contre le parachutage de ministres de l'extérieur. En tant que députés, nous devons contribuer à la nomination des ministres et les connaître", aurait indiqué M. Pakradounian selon la LBCI. "Nous avons discuté des moyens de sortir de la crise et le dossier gouvernemental n'a pas été abordé" a déclaré M. Mikati à LBCI à l'issue de sa réunion avec le chef de l'Etat. Lundi, ce dernier s'était notamment entretenu avec le leader du CPL, Gebran Bassil, et le député Samir Jisr, représentant le groupe parlementaire du courant du Futur de Saad Hariri. Seuls les blocs des Forces libanaises et de la Rencontre démocratique du leader druze Walid Joumblatt ont refusé de participer à ces concertations.
Selon des sources proches du dossier citées par Hoda Chédid, Michel Aoun a interrogé les chefs de file parlementaire sur trois points : la rotation des portefeuilles, la nomination des ministres et l'attribution à chacun des ministres d'un ou deux portefeuilles ministériels. Chaque responsable convié a donné son point de vue. Le chef de l'Etat va s'entretenir avec le Premier ministre désigné des résultats de ses concertations demain à Baabda, selon notre correspondante.
Visite d'Emié ?
Les obstacles qui entravent le processus gouvernemental ont rendu nécessaire la prolongation du délai accordé par la France. Cette prolongation, des sources proches du dossier contactées par L’Orient-Le Jour ne l’excluent pas dans la mesure où ce qui importe le plus réside naturellement dans la mise sur pied d’un cabinet, mais aussi dans le maintien de l’initiative française. Dans ces mêmes milieux, on va même jusqu’à laisser entendre que le gouvernement pourrait bien voir le jour jeudi.
Lundi, le ministère français des Affaires étrangères a d'ailleurs déclaré que les différentes forces politiques libanaises doivent honorer "au plus vite" leurs engagements en favorisant la formation d'un nouveau gouvernement.
Des informations circulent sur une possible visite au Liban du chef de la Direction générale de la sécurité extérieure, Bernard Emié, un des principaux membres de la cellule de la présidence française chargée du dossier libanais, qui a notamment occupé les fonctions d'ambassadeur du Liban. Des sources proches du dossier ont toutefois indiqué que le palais de Baabda n'avait aucune indication sur cet éventuel déplacement.
commentaires (22)
N'ont-ils toujours pas compris les conditions demandées par Macron, une neutralité absolue et pas d'ingérence dans la nomination des ministres?
CW
00 h 59, le 16 septembre 2020