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Politique - Diplomatie

Le pari risqué d'Emmanuel Macron au Liban

"Il va revenir constater les non-progrès. C'est un risque politique car il a engagé sa parole, la parole de la France", relève Joseph Bahout.

Le pari risqué d'Emmanuel Macron au Liban

Le président français, Emmanuel Macron, sur le site de la double explosion du port de Beyrouth, le 6 août 2020. Photo Thibault Camus/Pool via REUTERS

Le président français Emmanuel Macron, qui se rend lundi pour la seconde fois en moins d'un mois au Liban, fait un pari risqué en misant sur une nouvelle ère politique dans ce pays, après la gigantesque explosion du 4 août, afin de le sortir de la crise.

Les images de sa première visite, deux jours après la catastrophe qui a dévasté des quartiers entiers de Beyrouth, ont fait le tour du monde : le chef de l'Etat, acclamé par des habitants en colère contre leurs dirigeants, appelait à un "ordre politique nouveau" et à des réformes d'urgence pour conjurer les vieux démons libanais. Déambulant dans la capitale, sous les cris de "Vive la France", il promettait de revenir "faire un point d'étape" sur les progrès accomplis le 1er septembre, le jour même où sera commémoré le centenaire de la création du Grand-Liban, acte fondateur du Liban moderne, alors sous mandat français.

Emmanuel Macron, qui avait déjà aidé en 2017 le Premier ministre libanais Saad Hariri à sortir d'Arabie saoudite où il était "retenu", s'inscrit là dans une relation traditionnelle très forte entre la France et le Liban.

Trois semaines plus tard, cette visite historique semble toutefois loin même si le pays, déjà meurtri par une crise économique et sociale sans précédent, reste sous le coup de l'explosion qui a soufflé le port et fait environ 180 morts.
"Il va revenir constater les non-progrès. C'est un risque politique car il a engagé sa parole, la parole de la France", relève Joseph Bahout, directeur de l'Institut Fares de Politiques publiques et d'Affaires internationales à Beyrouth, interrogé par l'AFP.

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La classe politique libanaise, dont les Libanais dénoncent à l'envi l'incurie et la corruption, semble restée sourde à ses injonctions et son mot d'ordre, "pas d'aide financière internationale sans réformes".

Un Premier ministre lundi ? 
Seul signe notable, des consultations parlementaires se tiendront lundi, soit quelques heures avant le retour du président français à Beyrouth, pour désigner un nouveau Premier ministre, le gouvernement de Hassane Diab ayant démissionné à la suite de l'explosion. "Des efforts sont actuellement déployés pour nommer un Premier ministre avant la visite du président français, mais cela ne veut pas dire que la formation du gouvernement se fera sans encombres", met toutefois en garde une source diplomatique à Beyrouth. Ce processus peut prendre des mois en raison des profondes divergences politiques et jeux d'intérêts entre clans confessionnels, repoussant d'autant toute perspective de réformes.

"Avec cette classe politique, aucune réforme sérieuse n'est possible parce que sa raison d'être c'est le clientélisme, le confessionnalisme, la corruption", note Ziad Majed, professeur à l'Université américaine de Paris. "Ils veulent juste un statu quo, de l'argent qui arrive pour pouvoir calmer un peu certaines colères, et attendre les élections américaines", dit-il à l'AFP.
Une victoire du démocrate Joe Biden pourrait conduire à une détente dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran et conforter ainsi indirectement le puissant mouvement chiite libanais pro-iranien Hezbollah.

"En première ligne" 
Le Hezbollah et ses alliés contrôlent la majorité du Parlement et conservent de facto une influence majeure dans les arbitrages politiques.
En face, le mouvement de contestation populaire qui avait émergé à l'automne 2019 peine à se faire entendre, malgré l'exaspération suscitée par l'explosion. "Tout le monde pensait que le ras-le-bol avait atteint un sommet. Mais il n'y a pas vraiment eu de sursaut populaire, au contraire", ce qui conforte les dirigeants actuels, relève Joseph Bahout.

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Et voilà le travail !

Au final, le président français reste seul en piste sur ce dossier, avec une marge de manœuvre limitée.

Les Etats-Unis de Donald Trump, qui poursuivent leur stratégie de pression maximale à l'encontre de l'Iran et du Hezbollah, se tiennent à l'écart. "Ils sont assez satisfaits de voir les Français monter en première ligne", souligne un observateur régional. L'Arabie saoudite, qui s'inquiète du poids grandissant de son rival iranien au Liban, est tout autant aux abonnés absents. In fine, s'il n'obtient pas de résultats tangibles, Emmanuel Macron pourrait bien "devoir ranger ce dossier libanais pour longtemps", pointe Joseph Bahout. Et avec lui, une part d'influence française dans la région.

Le président français Emmanuel Macron, qui se rend lundi pour la seconde fois en moins d'un mois au Liban, fait un pari risqué en misant sur une nouvelle ère politique dans ce pays, après la gigantesque explosion du 4 août, afin de le sortir de la crise.
Les images de sa première visite, deux jours après la catastrophe qui a dévasté des quartiers entiers de Beyrouth, ont fait le tour...

commentaires (7)

Aucun "pari risqué" nous ne sommes pas sur un champs de courses, Mr Macron aura eu le mérite et le courage de s'être retourné les manches et d'être venu au plus près de notre peuple en miettes et en déshérence; s'il n'y avait que ça à mettre à son crédit ce serait déjà bien plus que ce qu'ont fait les dirigeants du monde, à commencer par notre tas de voyous. Respect Mr Macron

Christine KHALIL

17 h 41, le 30 août 2020

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Commentaires (7)

  • Aucun "pari risqué" nous ne sommes pas sur un champs de courses, Mr Macron aura eu le mérite et le courage de s'être retourné les manches et d'être venu au plus près de notre peuple en miettes et en déshérence; s'il n'y avait que ça à mettre à son crédit ce serait déjà bien plus que ce qu'ont fait les dirigeants du monde, à commencer par notre tas de voyous. Respect Mr Macron

    Christine KHALIL

    17 h 41, le 30 août 2020

  • Entre primitifs, nous voici, le dos au mur, bien obligés de timidement préférer la grosse brute blonde, car même si nos coeurs ne balancent entre aucun de ces deux épouvantails, on ne peut qu'espérer l'exit de l'obcsurantisme qui va si mal au Liban et les Libanais qui n'ont plus de sang et de larmes.

    Lillie Beth

    14 h 33, le 30 août 2020

  • UN PSYCHIATRE QUI ESSAIE DE CONVAINCRE DES CRIMINELS SUICIDAIRES A NE PAS DONNER LE COUP DE GRACE AU PAYS ET SON PEUPLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 52, le 30 août 2020

  • Avec tout le respect que j’ai pour les analystes politiques. Je ne crois pas personnellement que M. Macron est seul dans la décision de secourir le Liban. Il n’est pas dupe comme certains veulent bien le décrire. Avant de taper du poing sur la table, il s’est concerté avec tous les puissants de ce monde pour trouver une issue au cas où les vendus de ce pays lui mettraient des bâtons dans les roues. Quant à Biden, rien ne présage que sa position sur l’Iran et ses alliés soit différente de celle de Trump. Ce sont des fantasmes des parties concernées qui ne sont pas fondées et qui reposent sur des espoirs de relâchement américain qui est loin d’être possible vu les provocations de l’Iran dans ses discours sur l’avancement de ses projets nucléaires. Même les pays européens ont menacé de se retirer des négociations si l’Iran persiste dans les ingérences et les provocations et c’est là où tout va se jouer pour sauver le Liban. HN va aller de surenchère en propagande parce qu’il est au pied du mur et n’a aucune autre alternative pour sortir de ce fossé qu’il a creusé de ses propres mains. Il essaie de gagner du temps sans savoir s’il sera à son avantage. C’est le moment où jamais de se débarrasser de lui et de ses alliés puisqu’ils sont plus vulnérables que jamais.

    Sissi zayyat

    12 h 41, le 30 août 2020

  • moi j'invite m.Macron a resider au Liban le temps qu'il faut jusqu'a la formation du gouv ET le vote confiance du parlement. apres tout le palais des pins peut bien l'heberger pour quelques mois non ?

    Gaby SIOUFI

    09 h 53, le 30 août 2020

  • Macron , il essaye au moins ! Mieux avancer en boitant, que de ne rien faire et s’immobiliser en attendant le « Faraj » Courage !

    NAJJAR Karim

    09 h 42, le 30 août 2020

  • Le président Macron s'expose à ne très grande déconvenue, bien entendu d'ici à ce soir l'on aura bien entendu un premier ministre... mais après, on fait quoi ? on subit les blocages de tel ou tel parti qui "exigera" que leurs sbires soient nommés en raison de leur fidélité à ce parti.... et au prorata du portefeuille. Et pendant ce temps, l'autre illuminé, surement pas le perdreau de l'année" chef du parti "Arabe Tawhid" wiam wahhab a demandé au Président de la République Michel Aoun de donner instruction à la sécurité publique d'empêcher le (Secrétaire d'État adjoint des États-Unis) David Schenker d'entrer au Liban !!!, "le décrivant comme un" homme provocateur et méprisable "!!!

    C…

    08 h 59, le 30 août 2020

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