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Monde - Méditerranée orientale

La délimitation des eaux,un litige gréco-turc récurrent

Déploiement par Ankara au large de l’île grecque de Kastellorizo, dans le sud-est de la mer Égée, du navire de recherche sismique Oruç Reis escorté par des bâtiments militaires.


La délimitation des eaux,un litige gréco-turc récurrent

Les tensions gréco-turques sont montées d’un cran cette semaine, faisant resurgir le sujet de la délimitation des eaux en mer Égée dont les deux pays se disputent l’exploitation, un différend qui date de plusieurs décennies et menace la stabilité régionale, selon des experts.

Le déploiement depuis lundi par Ankara du navire de recherche sismique Oruç Reis escorté par des bâtiments militaires, au large de l’île grecque de Kastellorizo, dans le sud-est de la mer Égée, une zone considérée riche en gisements d’hydrocarbures, est le dernier épisode de l’escalade de la tension entre les deux pays voisins.

En riposte, Athènes a envoyé dans la zone sa flotte et appelé Ankara « à se retirer du plateau continental grec », qualifiant ses activités de « provocation ». La France a renforcé jeudi sa présence militaire en Méditerranée orientale, en soutien à la Grèce.

La question de la délimitation du plateau continental est le principal différend entre les deux pays, membres de l’OTAN. « Il s’agit d’un vieux sujet qui doit être négocié entre les deux pays ou être résolu par la Cour internationale de La Haye », explique Konstantinos Filis, directeur de l’Institut grec des relations internationales.

La mer Égée où se trouvent des centaines d’îles grecques souvent très proches des côtes occidentales turques est considérée comme une mer « fermée », selon de nombreux experts. Par conséquent, la délimitation du plateau continental et des zones d’exploitation économique (ZEE) doit être définie par un accord des pays riverains, en l’occurrence la Grèce et la Turquie, ou tranchée par la Cour internationale de La Haye, selon le droit international de mer.

« Positions maximalistes »

Des discussions préliminaires bilatérales pour tenter de résoudre les problèmes en Égée ont commencé au début des années 2000, quatre ans après que les deux pays avaient frôlé la guerre près de l’îlot inhabité d’Imia (Kardak en Turquie), dans l’est de l’Égée. Mais elles ont été interrompues à plusieurs reprises sur fond de tensions récurrentes entre les deux voisins en Égée et de politiques différentes suivies par les gouvernements des deux pays.

Ces dernières années, la question migratoire a empoisonné les relations gréco-turques, la Turquie utilisant souvent la Grèce, pays membre de l’Union européenne, comme un levier de pression dans sa quête d’un soutien en Syrie ou d’aide financière européenne pour les plus de 3,5 millions de réfugiés accueillis sur son territoire.

« Le manque d’un accord sur le plateau continental ou la ZEE en Égée laisse le terrain libre à la Turquie pour agir comme un gendarme en Méditerranée, ce qui entraîne des situations critiques comme celle de cette semaine », estime Marilena Koppa, professeure d’affaires européennes et régionales à l’Université Pantion à Athènes. Le flou sur la délimitation des eaux entraîne souvent les deux pays à adopter des « positions maximalistes pour des raisons politiques internes, ce qui n’aide pas à la solution du problème », ajoute cette professeure.

Mercredi, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a appelé la Turquie à faire preuve « de logique » afin qu’« un dialogue honnête puisse commencer ».

Le besoin d’un compromis

Dans le cadre d’un marathon diplomatique entrepris par Athènes, le chef de la diplomatie grec Nikos Dendias devait s’entretenir à Vienne avec son homologue américain Mike Pompeo avant de participer à une réunion extraordinaire en vidéoconférence des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

Les relations entre la Turquie et l’UE se sont détériorées ces derniers mois, Ankara se comportant comme une puissance régionale dans l’est de la Méditerranée. Les forages turcs au large de l’île méditerranéenne de Chypre ont été qualifiés d’« illégaux » par Bruxelles.

En novembre, la Turquie a profité de la crise politique en Libye pour signer un accord controversé avec Tripoli sur la délimitation de leurs eaux respectives, suscitant les protestations des pays voisins en Méditerranée – Chypre, Grèce, Égypte, Israël. Mi-juillet, la Turquie a encore menacé d’entamer des recherches d’hydrocarbures au large de Kastellorizo avant de les suspendre pour éviter l’aggravation de la tension gréco-turque. Mais l’accord signé le 6 août entre Athènes et Le Caire sur la délimitation de leurs eaux a provoqué l’ire d’Ankara qui a annoncé dans la foulée l’envoi de l’Oruç Reis en Égée.

« La situation actuellement est très difficile, il faut que le climat s’apaise et entamer une négociation » pour tenter de trouver « un compromis », souligne Marilena Koppa.

Hélène COLLIOPOULOU/AFP

Les tensions gréco-turques sont montées d’un cran cette semaine, faisant resurgir le sujet de la délimitation des eaux en mer Égée dont les deux pays se disputent l’exploitation, un différend qui date de plusieurs décennies et menace la stabilité régionale, selon des experts.Le déploiement depuis lundi par Ankara du navire de recherche sismique Oruç Reis escorté par des bâtiments...

commentaires (3)

La Turquie n'a plus de support et si elle continue dans sa lancée, elle en paiera le prix très cher. La Grèce, Chypre et Israël ont un accord de défense militaire sous le parrainage des USA et de l'UE. La présence des marines dans les eaux de la région ne le sont pas par hasard. Nous voyons ici un jeu d’échec qui se déroule grandeur nature et tout ce que nous pouvons espérer c'est que çà finisse PAT.

Pierre Hadjigeorgiou

14 h 00, le 17 août 2020

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Commentaires (3)

  • La Turquie n'a plus de support et si elle continue dans sa lancée, elle en paiera le prix très cher. La Grèce, Chypre et Israël ont un accord de défense militaire sous le parrainage des USA et de l'UE. La présence des marines dans les eaux de la région ne le sont pas par hasard. Nous voyons ici un jeu d’échec qui se déroule grandeur nature et tout ce que nous pouvons espérer c'est que çà finisse PAT.

    Pierre Hadjigeorgiou

    14 h 00, le 17 août 2020

  • Troisième guerre mondiale ? Ou la Grece sera baisee comme d'habitude par les grandes puissances à part l France

    Eleni Caridopoulou

    21 h 48, le 15 août 2020

  • MACRON 1er DE SON NOM QUI FAIT OMBRAGE A ERDOGAN 1er DE SON NOM ? TRES DROLE !

    Gaby SIOUFI

    09 h 35, le 15 août 2020

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