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Politique - Beyrouth

Zarif met en garde contre toute volonté "d'exploiter" la crise pour "imposer des diktats" au Liban

Florence Parly, David Hale et le chef de la diplomatie iranienne rencontrent à tour de rôle les différents responsables libanais. 

Zarif met en garde contre toute volonté

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et son homologue libanais, Charbel Wehbé, à Beyrouth, le 14 août 2020. Photo AFP / ANWAR AMRO

Le ballet diplomatique se poursuivait vendredi à Beyrouth, au dixième jour après les explosions meurtrières du 4 août dans le port de la capitale, alors que la ministre française des Armées, Florence Parly, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et le secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires politiques, David Hale, sont tous en visite au Liban. Lors d'une réunion avec son homologue libanais, Charbel Wehbé, M. Zarif a mis en garde contre la volonté de parties étrangères de vouloir "exploiter" la situation actuelle pour "imposer des diktats" au Liban. 

Ces tournées de responsables internationaux s’inscrivent dans le cadre d’une dynamique diplomatico-politique qui s’est mise en place après la terrible explosion de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées au port de Beyrouth depuis 2014 et qui a tué plus de 170 personnes, poussant le gouvernement de Hassane Diab à démissionner lundi.  

Dans la matinée, le président libanais, Michel Aoun, a reçu M. Hale. Ce dernier a quitté le palais de Baabda sans faire de déclaration. Selon un communiqué de la présidence, le diplomate américain a réitéré que le Federal Bureau of Investigation (FBI) participera à l'enquête sur les causes des explosions. Il a encore assuré que Washington n'interviendra pas dans les affaires internes du Liban mais coopérera avec les autorités et ses alliés dans la région afin d'aider le pays et son peuple. David Hale a par ailleurs insisté sur l'importance pour les dirigeants libanais de mener les réformes réclamées par la communauté internationale afin de débloquer l'aide du Fonds monétaire international et les fonds promis lors de la conférence de soutien au Liban tenue en avril 2018 à Paris (la Cedre).

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De son côté, M. Aoun a assuré au diplomate américain que l'enquête se poursuivait afin de faire toute la lumière sur les explosions. Il a dans ce contexte demandé à Washington d'aider notamment à faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles était arrivé à Beyrouth le navire transportant le nitrate d'ammonium incriminé. 

M. Hale s'est ensuite rendu au Grand Sérail où il a rencontré le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab. Les deux hommes ont fait le point, au cours de leur entrevue, sur les pertes résultant des explosions, selon la présidence du Conseil. Le numéro trois de la diplomatie américaine a ensuite été reçu à Aïn el-Tiné par le président de la Chambre. Lors de sa réunion avec le responsable américain, M. Berry a insisté sur l'importance de former un nouveau gouvernement qui assumerait les responsabilités des réformes et de la reconstruction de la capitale, et qui travaillerait sur base d'un programme "différent des précédents afin de regagner la confiance du peuple". M. Hale a de son côté affirmé que la question de la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël "avance". David Hale s'est ensuite entretenu avec l'ancien Premier ministre Saad Hariri à la Maison du Centre, puis s'est dirigé vers Bkerké pour s'entretenir avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï. "Nous n'accepterons plus de fausses promesses à partir d'aujourd'hui", a déclaré le numéro trois de la diplomatie US à l'issue de son entretien avec le chef de l’Église maronite. "Les États-Unis sont prêts à soutenir un gouvernement opérant un véritable changement et répondant aux besoins du peuple libanais", a-t-il ajouté. Le responsable américain s'est également entretenu à Clemenceau avec le leader druze Walid Joumblatt.

"Plus que jamais aux côtés du Liban"
Le président Aoun a également reçu la ministre française des Armées, qui a souligné, selon des médias locaux, que depuis les premiers moments suivant la catastrophe qui a frappé Beyrouth, le président français Emmanuel Macron "a souhaité envoyer des aides et se tenir aux côtés du peuple libanais". "La France se tient plus que jamais aux côtés du Liban", a-t-elle déclaré. 

Lors de la réunion, Mme Parly a remis au chef de l'Etat une "lettre de soutien" de la part d'Emmanuel Macron. De son côté, Michel Aoun a affirmé que les enquêtes se poursuivent, en parallèle aux opérations de déblaiement, à la distribution de nourriture et à la planification de la reconstruction des bâtiments détruits.

La ministre française a ensuite rencontré son homologue, Zeina Acar, au ministère de la Défense. Les deux responsables ont rendu hommage aux martyrs de l'armée libanaise avant de s'entretenir des aides fournies par la France.

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Le déplacement de la ministre intervient une semaine après celui du président français qui avait promis de l’aide aux Libanais et avait exhorté les autorités à engager des réformes structurelles pour pouvoir bénéficier d’une aide internationale afin de surmonter la crise économique.

La ministre Parly a ensuite visité le port de Beyrouth où elle a officiellement accueilli le porte-hélicoptères français Tonnerre, arrivé peu avant. Cette structure transporte un groupement de génie de l’armée de terre ainsi qu’un détachement de plongeurs démineurs de la marine nationale française, afin de vérifier qu’il n’y a pas d’épaves et de débris rendant difficile l’accès au port. De l’aide alimentaire, notamment du blé, ainsi que des matériaux de construction fournis par différents ministères français et par des entreprises privées sont également transportés par le porte-hélicoptères. 

S'exprimant au port après une tournée à bord du Tonnerre, Florence Parly a relevé "le grand impact" qu'avait eu la catastrophe du 4 août sur la France. Elle a ajouté qu'un hôpital de campagne français de 250 lits allait être installé à Beyrouth. Elle a encore appelé à la formation d'un gouvernement "capable de prendre des décisions courageuses".

"L'aide internationale doit parvenir à chacun, de manière efficace et transparente. Le président de la république (française) comme tous les participants à la conférence du 9 août, s'y est engagé", a encore déclaré Mme Parly, portant un masque de protection, à des journalistes, après s'être entretenue avec les militaires à bord du Tonnerre.

Le Tonnerre, porte-hélicoptères de l'armée française, au port de Beyrouth, le 14 août 2020. Photo REUTERS/Thaier Al-Sudani

"Exploiter la situation pour imposer des diktats"
Au palais Bustros, le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, a reçu pour sa part son homologue iranien, arrivé la veille à Beyrouth. A l'issue de la réunion, Mohammad Javad Zarif a indiqué avoir évoqué avec M. Wehbé  "des possibilités de coopération entre l'Iran et le Liban en matière de reconstruction ou d'approvisionnement en électricité notamment". "C'est à l'Etat et au peuple du Liban de décider de l'avenir du Liban. Nous pensons que le peuple et le gouvernement du Liban doivent décider, et que d'autres ne devraient pas conditionner leur aide à un changement au Liban en cette situation d'urgence", a déclaré le ministre iranien. Il répondait à un journaliste qui l'interrogeait sur les appels à la formation d'un gouvernement neutre, ne comprenant pas de représentants des partis politiques traditionnels. "L'Iran soutiendra tous les choix faits librement par le Liban", a-t-il déclaré. "Aucune partie étrangère ne peut exploiter la situation dramatique dont souffre le pays pour imposer ses diktats", a encore lancé M. Zarif. "A notre avis, ce n'est pas humain d'exploiter la souffrance et la douleur des gens à des fins politiques", a encore dit le responsable iranien. Et de souligner que "tout comme le Liban a pu vaincre Israël (lors de la guerre de juillet 2006, ndlr), il peut sortir aujourd'hui vainqueur" de la situation actuelle, a-t-il encore déclaré. 

Le chef de la diplomatie iranienne s'est ensuite entretenu avec Hassane Diab. Leurs discussions ont porté sur la forme d'assistance que l'Iran pourrait fournir au Liban, selon un communiqué du Sérail, ainsi qu'avec Nabih Berry, où il a réitéré la solidarité de la République islamique. Du siège du pouvoir législatif, M. Zarif a estimé que le pays du Cèdre "doit mener seul l'enquête" sur les explosions, soulignant toutefois que l'Iran serait prêt à apporter son aide si cela s'avère nécessaire.

A l'issue d'une réunion avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, au palais présidentiel, Mohammad Javad Zarif a réitéré que Téhéran était prêt à coopérer avec Beyrouth au niveau de la reconstruction, des ressources énergétiques ou de l'envoi de médicaments. "Il doit y avoir des efforts pour aider le Liban, sans rien imposer en retour", a-t-il insisté.

Dans un entretien à la chaîne al-Mayadeen, M. Zarif a en outre estimé que la présence de navires étrangers au large des côtes libanaises et en Méditerranée orientale, constituait une "menace pour le peuple libanais et la résistance".

Mercredi, lors d'un entretien téléphonique avec le président iranien Hassan Rohani, Emmanuel Macron avait mis en garde contre "toute interférence extérieure" au Liban. Le chef de l'État français avait rappelé "la nécessité, pour toutes les puissances concernées, d'éviter toute escalade des tensions, ainsi que toute interférence extérieure et de soutenir la mise en place d'un gouvernement de mission en charge de gérer l'urgence".

L'ancien chef de l'Etat brésilien Michel Temer, également présent à Beyrouth dans le cadre d'une opération de solidarité, a pour sa part affirmé de Aïn el-Tiné que son pays "tient à jouer un rôle politique important pour resserrer les rangs au Liban". M. Temer a également été reçu par Hassane Diab au Sérail. 

Le ballet diplomatique se poursuivait vendredi à Beyrouth, au dixième jour après les explosions meurtrières du 4 août dans le port de la capitale, alors que la ministre française des Armées, Florence Parly, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, et le secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires politiques, David Hale, sont tous en visite au...

commentaires (16)

Il porte mal son nom le sieur Zarif , pas si zarif que ça le bougre. Il s’insurge déjà contre les diktats avant de connaitre ce que nous proposent les pays Amis. Qu’il nous dise comment son pays nous a aidés à ce jour? A part du sang des pleurs des morts et de la misère, qu’est-ce sa milice nous a imposé grâce à ses armes pendant près de 35 ans. Que propose-t-il aux Libanais ? RIEN ! ou plutôt encore plus de morts de pleurs du sang et cent fois plus de misère ! Merci mister Zarif vous nous avez trop donné. il est peut être temps de vous occuper de votre peuple avec la même fougue et générosité dont vous avez fait preuve envers le Liban, Pays indépendant dont vous demandez aux autres de respecter alors que vous l’envahissez corps et Âmes . Vive le LIBAN Libre et Indépendant.

Le Point du Jour.

21 h 42, le 14 août 2020

Tous les commentaires

Commentaires (16)

  • Il porte mal son nom le sieur Zarif , pas si zarif que ça le bougre. Il s’insurge déjà contre les diktats avant de connaitre ce que nous proposent les pays Amis. Qu’il nous dise comment son pays nous a aidés à ce jour? A part du sang des pleurs des morts et de la misère, qu’est-ce sa milice nous a imposé grâce à ses armes pendant près de 35 ans. Que propose-t-il aux Libanais ? RIEN ! ou plutôt encore plus de morts de pleurs du sang et cent fois plus de misère ! Merci mister Zarif vous nous avez trop donné. il est peut être temps de vous occuper de votre peuple avec la même fougue et générosité dont vous avez fait preuve envers le Liban, Pays indépendant dont vous demandez aux autres de respecter alors que vous l’envahissez corps et Âmes . Vive le LIBAN Libre et Indépendant.

    Le Point du Jour.

    21 h 42, le 14 août 2020

  • Je n'ai meme pas lu l'article. Le titre est suffisant. S'il y a un pays au monde qui exploite le Liban c'est l'Iran. Ce monsieur nous rend visite et nous traite comme une province Iranienne.

    hrychsted

    21 h 40, le 14 août 2020

  • Je me rappelle avoir dit lors de l’annonce de l’engagement militaire du hezb pour aider Assad .. que celui ci a fait une énorme faute stratégique ... nous voilà maintenant !!

    Bery tus

    20 h 55, le 14 août 2020

  • Est ce qu’on peut demander a monsieur Zarif de nous laisser tranquilles, et de s’occuper de son pays?

    Georges andraos

    20 h 45, le 14 août 2020

  • Ils comptent nous saucissonner un rapport à leur convenance où "c'est la faute à personne", Lol, les gueux!!

    Christine KHALIL

    20 h 23, le 14 août 2020

  • Son opinion et celle de l'Iran on s'en fout, il dégage il rentre chez lui et s'occupe de son pays si mal en point ...

    Zeidan

    20 h 19, le 14 août 2020

  • """M. Zarif a estimé que le pays du Cèdre "doit mener seul l'enquête" sur les explosions, soulignant toutefois que l'Iran serait prêt à apporter son aide si cela s'avère nécessaire.""" Avec les copains on peut sortir un superbe rapport. Les intouchables ont toujours au chaud chez eux, on questionne des pauvres gens pour leur faire payer la facture.....

    DRAGHI Umberto

    20 h 13, le 14 août 2020

  • Diktat: "Exigence absolue imposée par le plus fort au plus faible et n'ayant pour appui et justification que la force" (par exemple la force des armes d'une milice...). En tout cas il a le sens de l'humour. J'aime.

    Gros Gnon

    18 h 47, le 14 août 2020

  • Il se mêle de ce qui ne le regarde pas.

    Esber

    16 h 51, le 14 août 2020

  • M. Zarif. Sachez qu’une grande partie du peuple libanais ne veut même pas votre présence sur notre sol car vous le souillez. Alors vos déclarations à la noix vous pouvez vous les garder et surtout rentrez chez vous et occupez vous de bien mater votre peuple qui ne veut plus de votre régime autoritaire

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 42, le 14 août 2020

  • Ça y est ils peuvent produire de l’essence ? Ils ont arrêté d’importer ? c est magnifique alors on peut lui concéder une petite visite chez nous juste pour ça .

    PROFIL BAS

    16 h 09, le 14 août 2020

  • "M. Zarif a mis en garde contre la volonté de parties étrangères de vouloir "exploiter" la situation actuelle pour "imposer des diktats" ".....plein d'humour noir pas zarif du tout le chah zarif persan qui dune patte il caresse et de l'autre, tranquillement, nous égorge! Merci de rentrer chez lui pour nous f..tre la Paix.

    Wlek Sanferlou

    14 h 45, le 14 août 2020

  • Nous voulons nous libanais que tout le monde s’ingère dans nos affaires a l’exception de vous l’Iran .... on vous a tester pendant 35 ans et on sait où cela nous mener ... donc on veut une ingerence mondial même SAUF LA VÔTRE .... merci

    Bery tus

    14 h 44, le 14 août 2020

  • "l'enquête se poursuivait afin de faire toute la lumière sur les explosions.". Le but est-il de faire la lumière ou de noyer le poisson ? Dans le premier cas il est évident qu'on ne peut laisser l'enquête entre des mains libanaises pourquoi donc refuser une enquête internationale ?

    Yves Prevost

    14 h 43, le 14 août 2020

  • IL EST VENU LE ZARIF POUR FAIRE ECHOUER TOUTE TENTATIVE DE RECONCILIATION NATIONALE SANS LES ARMES DES MILICES IRANIENNES.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    13 h 35, le 14 août 2020

  • Reprenez votre milice avec vous en avion, et ce nouveau figurant aux affaires très étrangères !

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 09, le 14 août 2020

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