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Lifestyle - Patrimoine

Plus de 600 bâtiments historiques touchés par l’explosion du 4 août

Une véritable course contre la montre est engagée pour consolider les structures des vieilles maisons, dont environ 60 risquent de s’effondrer.


Plus de 600 bâtiments historiques touchés par l’explosion du 4 août

Une bâtisse lourdement endommagée par l’explosion du 4 août au port de Beyrouth. Photos Patrick Baz/AFP

Six cent quarante bâtiments historiques touchés, dont 60 qui risquent de s’effondrer. Et « au moins 8 000 bâtiments » endommagés, la plupart dans les vieux quartiers de Gemmayzé et Mar Mikhaël. Tel est le premier bilan, tiré d’une évaluation conduite par le directeur général des antiquités du ministère de la Culture du Liban, Sarkis el-Khoury, de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août, en ce qui concerne le patrimoine urbain et architectural de Beyrouth. M. el-Khoury qui appelle à des travaux « de toute urgence » pour éviter que les dégâts ne s’aggravent avec les pluies de l’automne... L’explosion a également eu « un impact sur les grands musées, tels que le musée national de Beyrouth, le musée Sursock et le musée archéologique de l’Université américaine de Beyrouth, ainsi que sur les espaces culturels, les galeries et les sites religieux », précise un communiqué de l’Unesco publié hier citant les conclusions de la DGA. C’est dans ce contexte que l’Unesco a mobilisé une trentaine d’institutions culturelles et experts libanais et étrangers de premier plan, lors d’une réunion en ligne le 10 août, afin de coordonner les mesures d’urgence et à plus long terme pour sauvegarder le patrimoine culturel gravement endommagé de Beyrouth. Contactée au téléphone par L’Orient-Le Jour, l’ambassadrice Sahar Baassiri Salam, déléguée permanente du Liban auprès de l’organisme onusien, indique que 300 millions de dollars seront nécessaires à la reconstruction du patrimoine architectural de la ville. Elle affirme que « l’Unesco a promis de lancer un appel aux dons en vue de financer les travaux de réhabilitation. Des mesures d’urgence ont été également évoquées par les organisations internationales pour sauvegarder la vie culturelle de Beyrouth ». Cette réunion de coordination marque « la première étape de l’engagement continu de l’Unesco à faire en sorte que la riche vie culturelle et le patrimoine de Beyrouth puissent continuer à être une source de force et de résilience pour le peuple libanais », selon l’ambassadrice déléguée auprès de l’Unesco.

C’est au cours de cette conférence en ligne que M. el-Khoury a présenté les chiffres des dégâts.

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Les principaux partenaires participant à la réunion comprenaient l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit – ALIPH, le Centre régional arabe pour le patrimoine mondial (ARC-WH), Blue Shield, le Centre international pour l’étude et la préservation de la restauration des biens culturels (ICCROM), le Conseil international des musées (ICOM) et le Conseil international des musées et des sites (ICOMOS). « La communauté internationale a envoyé un signal fort de soutien au Liban à la suite de cette tragédie », a commenté Ernesto Ottone, sous-directeur général pour la Culture de l’Unesco.


Une bâtisse lourdement endommagée par l’explosion du 4 août au port de Beyrouth. Photos Patrick Baz/AFP


Risque d’effondrement de bâtiments

Les chiffres proviennent d’une évaluation menée par une équipe d’architectes conservateurs et ingénieurs de structure, mandatée par la DGA et ICOMOS-Liban (antenne du Conseil international des monuments et des sites, association mondiale de professionnels qui se consacre à la conservation et à la protection du patrimoine culturel). L’équipe, dirigée par Yasmine Makaroun Bou Assaf, directrice du Centre de restauration et de conservation de l’Université libanaise, est mobilisée pour établir un relevé des bâtiments et dresser une liste détaillée des dégâts. Elle se concentre sur les quartiers sinistrés de Mar Mikhaël, Saïfi, Gemmayzé, Rmeil, Marfa’, Geitawi, Saint-Nicolas, la Quarantaine, Zokak el-Blatt, Minet el-Hosn et Bachoura, fortement impactés par l’explosion du port.

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Le temps presse, l’automne arrive, la moindre pluie pourrait s’avérer fatale aux bâtiments les plus vulnérables. « Nous faisons un ratissage systématique. À ce jour, plus de 400 constructions ont été dûment inventoriées et nous n’avons pas fini. C’est une hécatombe », indique l’architecte spécialiste Yasmine Makaroun Bou Assaf. « Beaucoup de bâtiments sont en danger imminent ; ils risquent de s’écrouler et de faire des victimes. Ils nécessitent des interventions de premiers secours mais nous n’avons pas les fonds nécessaires pour les entreprendre. Afin de protéger ces constructions, nous sommes même en train de mendier des bâches en plastique. Heureusement, nous avons réussi à mobiliser quatre entrepreneurs bénévoles, en attendant les résultats de la campagne d’appel aux dons », ajoute Mme Makaroun Bou Assaf.


Quelque 60 bâtiments historiques, concentrés surtout dans les anciens quartiers de Gemmayzé et Mar Mikhaël, risquent de s’effondrer.


Consolider pour sauver

L’équipe sur le terrain travaille en étroite coordination avec la DGA, le ministère de la Culture, la municipalité de Beyrouth et le mohafez de Beyrouth, indique la présidente de l’ICOMOS-Liban, Janine Abdel Massih. Elle signale qu’en sus du premier rapport d’évaluation des dégâts, sur l’ensemble des secteurs sinistrés, déjà transmis à la DGA et à l’Unesco, un deuxième bilan est prévu en début de semaine prochaine. « Le document émanant des experts va permettre la mise en œuvre d’une approche de travail selon les normes internationales. Le patrimoine bâti est une partie inhérente à notre histoire, notre identité. Sauver ce qui en reste est un devoir national. L’objectif du ministère de la Culture et de la DGA est de consolider les maisons et de les préserver. Des appels ont été également lancés par des ONG afin d’empêcher la démolition de l’héritage architectural », indique Mme Abdel Massih. « Les degrés des dégâts causés par les deux explosions du port dépendent de nombreux facteurs tels que l’emplacement par rapport au site de l’explosion, mais aussi l’état initial de la structure et des matériaux », poursuit-elle. Les bâtiments « totalement détruits » seront balayés par les bulldozers. Ceux qui ont subi des destructions lourdes mais partielles feront l’objet d’une consolidation immédiate. « La première phase des travaux portera sur le renforcement des structures afin de stabiliser les bâtisses », selon Mme Abdel Massih.

Beyrouth du XXe siècle

Côtoyant les vieilles bâtisses centenaires, les bâtiments modernes du XXe siècle sont aussi à préserver. C’est pourquoi le directeur du Centre arabe pour l’architecture (ACA), Georges Arbid, et l’équipe d’ACA sillonnent la ville pour inventorier les dégâts. Car au-delà de leur aspect esthétique, c’est la signification tant sociale que technique qui justifie la sauvegarde des ouvrages des bâtisseurs des années 60 et 70. Ils sont les jalons qui marquent l’introduction des nouvelles techniques de construction, et des nouveaux matériaux, le fer, le béton et le verre.

C’est d’ailleurs la volonté en béton armé de tout ce monde qui se mobilise aujourd’hui qui va permettre à Beyrouth, monstrueusement dévastée, de surmonter ses blessures.

Le soutien et l’engagement de 27 institutions culturelles

27 institutions culturelles ont signé une déclaration de solidarité avec le Liban et ont apporté leur soutien à la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé de Beyrouth. Voici le texte de cette déclaration :

« Nous tenons à exprimer notre solidarité avec le peuple libanais pour la tragédie qui a frappé la ville de Beyrouth. Nous sommes très attristés par ces événements et nous adressons au Liban nos condoléances pour les pertes en vies humaines et exprimons notre commune préoccupation face à l’ampleur des destructions matérielles.

En tant que membres de la communauté culturelle et praticiens de la protection du patrimoine, nous travaillons depuis des décennies aux côtés du peuple libanais pour sauvegarder et préserver le patrimoine culturel unique de cette nation. Nous sommes à ses côtés pour poursuivre notre travail collectif en ces temps difficiles.

Les bibliothèques, les musées et les bâtiments historiques endommagés nécessiteront des interventions de premiers secours aussi bien que des opérations de réhabilitation de plus long terme. Leurs collections devront être protégées et sauvegardées en priorité.

Nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour contribuer à la réhabilitation complète du patrimoine de Beyrouth endommagé par l’explosion.

En toute solidarité. »

La liste des signataires est visible sur notre site.

Six cent quarante bâtiments historiques touchés, dont 60 qui risquent de s’effondrer. Et « au moins 8 000 bâtiments » endommagés, la plupart dans les vieux quartiers de Gemmayzé et Mar Mikhaël. Tel est le premier bilan, tiré d’une évaluation conduite par le directeur général des antiquités du ministère de la Culture du Liban, Sarkis el-Khoury, de l’explosion du...

commentaires (5)

LES REQUINS BIEN CONNUS VENDUS ET FINANCES PAR LES ETRANGERS SE LANCENT POUR ACCAPARER PROPRIETES ET TERRAINS POUR CHANGER LA DEMOGRAPHIE DE LA VILLE DE BEYROUTH.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 55, le 14 août 2020

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Commentaires (5)

  • LES REQUINS BIEN CONNUS VENDUS ET FINANCES PAR LES ETRANGERS SE LANCENT POUR ACCAPARER PROPRIETES ET TERRAINS POUR CHANGER LA DEMOGRAPHIE DE LA VILLE DE BEYROUTH.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 55, le 14 août 2020

  • Les SIMSAR : Attention ces commerçants de Dieu n'attendent que cette OCCASION. A bon entendeur Salut

    aliosha

    11 h 15, le 14 août 2020

  • l'UNESCO PARLE DE 60 BATIMENTS CLASSES PATRIMOINES RISQUENT LA DESTRUCTION TOTALE, LES LIBANAIS EUX PARLENT DE 600 BATIMENTS CLASSES PATRIMOINES. ONLY IN LEBANON !

    Gaby SIOUFI

    11 h 08, le 14 août 2020

  • Une démarche très importante : les salaires (PLUS DE CENT MILLIONS DE L.L. PAR MOIS) des députés qui ont démissionné où vont - ils disparaitre ?? Pour vraiment être transparent ce montant - qu’on espère va augmenter- devrait être utiliser à la réhabilitation des anciens immeubles, des hôpitaux, etc. ..

    aliosha

    11 h 05, le 14 août 2020

  • La rumeur publique dit que des hordes d’acheteurs, servant de paravent à des personnalités politiques d’un bord déterminé, se sont précipités pour proposer d’acheter toutes ces anciennes demeures menacés d’effondrement car leurs propriétaires n’ont pas les moyens de les consolider ou les réparer. Le but étant de modifier la démographie des quartiers de Gemmayzé et Mar Mkhayel. J’en appelle publiquement au Patriarche Rai et à Monseigneur Audi de faire la lumière sur ces rumeurs et en informer leur opinion publique

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 00, le 14 août 2020

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