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Lifestyle - Un peu plus

Nous sommes l’État libanais

Nous sommes l’État libanais

Patrick Baz/AFP

Il y aura définitivement un avant et un après-4 août. Il y aura dans l’histoire du Liban, si tout du moins on la lira dans les livres scolaires, une fracture. Et nous ne serons plus jamais les mêmes. Enfin, pour certains. Quelques 10 jours après cette explosion tragique, après ce crime signé par la classe politique, cette négligence ou peut-être cet acte prémédité, j’ai l’impression de vivre dans un univers parallèle, dans un long métrage entre Independance Day et Paris brûle-t-il ? Un film de science-fiction sur la résistance en temps de guerre.Nous sommes en guerre et ceux contre qui nous nous battons depuis des années ne sont plus seulement des voleurs mais des criminels. Ils ont notre sang sur les mains. Ils ont détruit Beyrouth et aujourd’hui les rumeurs les plus folles (confirmées par beaucoup) disent que des personnes proches de certains politiciens sont en train de racheter les maisons de Mar Mikhaël et des quartiers avoisinants. Ils ont balayé Beyrouth de la carte et ils s’en frottent les mains. Parce que l’État ne fait rien. Absolument rien. Ils se foutent complètement de ce qui se passe et cherchent à tirer profit de cette hécatombe. Pas une aide, pas un message, pas une donation. Rien. Ce sont les jeunes volontaires qui aident. Qui balaient, fixent les portes, jettent les objets cassés, les meubles éclatés. Ce sont les jeunes volontaires qui voient ce dont ont besoin les habitants touchés au plus profond de leur être. Et ces jeunes volontaires se sont mobilisés pour assurer la survie d’une partie de leur peuple. Et lorsque je regarde cette jeunesse dans les rues, mon cœur se remplit de fierté.

Ces volontaires ne se vantent pas, loin de là. Ils travaillent dans l’ombre, tout comme ces gens qui donnent à la hauteur de leurs moyens. Ces compagnies, ces sociétés, ces restaurants, ces fournisseurs qui n’arrêtent pas de donner pour alléger la souffrance d’un peuple qui, lui aussi, ne sera plus jamais le même. Ce sont les héros du XXIe siècle et leur engagement est extraordinaire. Ils sont la preuve que les Libanais sont d’une générosité de cœur à nulle autre pareille et le monde entier en est sidéré. Ébloui par cette solidarité. Une solidarité qui fait mal, qui transforme, qui rend plus fort mais qui fait mal et remplit de rage.

Sur le bord des rues dévastées, on peut voir la police, l’armée ou les employés de la municipalité de Beyrouth, assis à contempler. Comme si le manque d’empathie de nos hommes politiques les avait contaminés. Et lorsqu’on manque d’empathie, on devient le mal. Dans toute sa splendeur.

L’État ne fait rien alors que la communauté internationale s’est mobilisée. Mobilisée pour comprendre et aider. Ce qu’ils ont compris, c’est que l’État libanais est un État failli. Et ce qu’ils ont compris, c’est que c’est le peuple libanais qu’il faut aider et non pas ce régime immonde et amoral. Un régime qui nous fait honte. Un régime qu’il faut absolument anéantir. Et s’il fallait un mal pour un bien, c’est maintenant qu’il faut s’unir pour annihiler une bonne fois pour toute ces assassins. Que fait l’État, mais que fait l’autre partie du peuple ?

Pourquoi ne sommes-nous pas des millions à manifester, à occuper les ministères, à menacer ceux qui lèvent le doigt pour nous écraser une fois de plus sous leur joug ? Pourquoi entend-on encore des gens nous dire « Pourquoi n’allez-vous pas sous leurs maisons ? » ;

« Pourquoi n’avez-vous pas de programme ? » ; « Où sont vos leaders ? »

Que leur faut-il de plus qu’un crime contre l’humanité pour se mobiliser également ? Que leur faut-il encore pour réaliser que la résilience n’est plus d’actualité ? Que leur faut-il pour venir abattre ces ordures ? Que leur faut-il encore lorsqu’ils voient les déchets joncher les rues de la capitale ;

leur argent toujours saisi ; le gouverneur de la Banque centrale proposer des prêts alors que nous sommes les créanciers de l’État ;

que leur faut-il, bordel ?! Nous sommes au croisement de notre Histoire. Ce sera ou eux, ou nous. C’est notre dernière bataille. Et si nous ne la gagnons pas, nous aurons perdu la guerre et nous leur aurons offert le Liban sur un plateau non pas en argent, mais en diamant. Nous aurons abandonné une fois de plus notre patrie et nous n’aurons plus d’autre choix que de nous en aller. Si ce n’est pas maintenant, alors quand ?

Il y aura définitivement un avant et un après-4 août. Il y aura dans l’histoire du Liban, si tout du moins on la lira dans les livres scolaires, une fracture. Et nous ne serons plus jamais les mêmes. Enfin, pour certains. Quelques 10 jours après cette explosion tragique, après ce crime signé par la classe politique, cette négligence ou peut-être cet acte prémédité, j’ai...

commentaires (5)

L'histoire en fait marquera l'avant et l'après du régime Aoun, du pouvoir nossyallah et de la corruption généralisée de notre croûte politique. Toutes nos prières pour que cette période passe vite et au moins avant les vieux jours de nos arrières petits enfants car le mal causé par ces criminels à l'échelle du pays est incalculable, malheureusement...

Wlek Sanferlou

23 h 56, le 14 août 2020

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Commentaires (5)

  • L'histoire en fait marquera l'avant et l'après du régime Aoun, du pouvoir nossyallah et de la corruption généralisée de notre croûte politique. Toutes nos prières pour que cette période passe vite et au moins avant les vieux jours de nos arrières petits enfants car le mal causé par ces criminels à l'échelle du pays est incalculable, malheureusement...

    Wlek Sanferlou

    23 h 56, le 14 août 2020

  • Il est certain Libanais qui ironise du malheur des gens. A ceux la je leur dit que le moment de vérité est très proches et bientôt, très bientôt, ceux qui sont l’état, a votre grand damne, en prendront la tête!

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 27, le 14 août 2020

  • Pénible est notre sort . Où nous partons, où que nous soyons, il nous rattrape... de génération en génération il nous permet de nous relever pour nous rabattre et nous assomer de plus belle... soldats épuisés et anéantis sommes-nous devenus...aurons-nous seulement le droit de passer les armes à nos jeunes ne sachant pas si la bataille est condamnée à être perdue d’avance?????????

    Lara Nader

    11 h 22, le 14 août 2020

  • si vous ètes l'état libanais ,prenez en la tète !J.P

    Petmezakis Jacqueline

    05 h 30, le 14 août 2020

  • Merci. Je ne sais pas ce qu’il faut pour réveiller la conscience politique ou le civisme de ce peuple. Si ça ne le fait pas, alors quoi? C’est à pleurer.

    Bachir Karim

    00 h 52, le 14 août 2020

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