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Société - Explosions de Beyrouth

Rue Gouraud, commerçants et habitants évaluent les dégâts

De nombreux vols ont été commis dans le quartier depuis l’incident. Les voleurs ont profité des départs hâtifs des riverains pour dérober toutes sortes d’objets.

Rue Gouraud, commerçants et habitants évaluent les dégâts

Une habitante de Gemmayzé, dans sa maison dévastée, le 6 août. Anwar Amro/AFP

« Je l’ai échappé belle mardi dernier, mais j’aurais sincèrement préféré mourir parce que je suis fatiguée de devoir tout reprendre à zéro à 60 ans. Je suis épuisée », confie Claudette. Établie dans la rue Gouraud à Beyrouth, cette couturière a vu son atelier dévasté par la double explosion survenue mardi dernier dans le port. Les larmes aux yeux, elle raconte comment elle a failli mourir lorsque la porte en verre de sa boutique lui est tombée dessus, emportant avec elle la moitié de la marchandise qui se trouvait dans le magasin.

« Pour la première fois de ma vie, je me demande si je dois quitter le pays, mais ce n’est pas une décision facile », souligne Claudette, qui vient en aide à son fils, père de deux enfants et dont le salaire ne suffit plus. Dans son échoppe, plus d’électricité, mais aucun électricien ne parvient à pénétrer dans le quartier pour faire des réparations, l’accès à la rue étant bloqué aux véhicules par les forces de sécurité. « J’ai dû jeter une partie des vêtements qui se trouvaient dans la boutique. Ils ont été déchirés par les éclats de verre », déplore la couturière.

D’habitude si animée, de jour comme de nuit, la rue Gouraud a changé de visage depuis les explosions. Le quartier tout entier a été lourdement endommagé, plus aucune fenêtre ne tient en place et la plupart des magasins ont été détruits. La majeure partie des habitations a été désertée et la plupart des boutiques n’ont pas rouvert, tellement les dégâts sont importants. Grâce aux efforts de centaines de volontaires, le quartier a été nettoyé et déblayé, mais l’heure maintenant est à l’évaluation des dégâts.

Ahmad Hussein, directeur d’un des restaurants du quartier, a réuni une partie de son équipe au milieu des décombres. Il évalue les pertes de son entreprise et réfléchit à la prochaine étape. « Nos pertes se chiffrent à 200 000 dollars au moins, entre les destructions dues aux explosions et les vols dont nous avons été victimes le soir même de l’explosion, alors que le restaurant n’avait plus ni portes, ni fenêtres », indique M. Hussein à L’Orient-Le Jour.

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« Ils ont embarqué notre système de sonorisation, des ordinateurs portables et du matériel électronique qui valait 4 000 dollars. Nous étions partis à la hâte car nous avions des blessés », raconte M. Hussein. Il ajoute, ému, que l’un des serveurs du restaurant a fini par succomber à ses blessures. « Nous avons juste nettoyé le magasin. Nous n’allons rien réparer, en attendant de voir si l’assurance, les autorités vont nous payer ou une ONG nous aider. Si nous ne sommes pas dédommagés, nous ne pourrons sans doute pas rouvrir », souligne le restaurateur.

Rico, chef cuisinier dans un restaurant asiatique du quartier, a été surpris par les explosions alors qu’il était au travail. Assis au milieu de l’enseigne en ruine, il ne se remet pas. « Je suis déprimé et encore sous le choc. Les vitrines se sont effondrées sur nous, il ne nous reste plus rien », raconte Rico, qui habite dans un appartement situé au-dessus du restaurant.

« Je n’arrive pas à m’endormir. Je n’ai plus ni fenêtres ni portes, j’ai mis du nylon sur les fenêtres pour me protéger du vent ou de la pluie. Mon appartement a été plutôt préservé par rapport aux autres habitations, mais il n’y a plus personne dans la rue, tout le monde est parti. »

Les habitants du quartier de Gemmayzé ont remplacé les vitres cassées par du nylon. Photo Z.A.

« Personne ne nous a aidés »

Un peu plus loin, un épicier entreprend quelques réparations dans sa boutique située au rez-de-chaussée d’une vieille bâtisse qui a perdu son toit en briques. Certaines tuiles sont encore en place, mais menacent de chuter à tout moment sur les passants. « Nous avons alerté la municipalité de Beyrouth et la Défense civile sur le danger que représentent ces briques, mais personne ne nous a aidés », indique-t-il, sans souhaiter révéler son identité.

« C’est la Défense civile tchèque qui a finalement pris le temps de nous écouter, raconte pour sa part Walid Saab, un de ses voisins. Les services de sécurité libanais n’ont fait que se pavaner dans la rue, histoire de faire acte de présence. Mais à aucun moment ils n’ont accepté de nous aider à déplacer ces briques qui pourraient tuer quelqu’un », déplore-t-il. M. Saab assure par ailleurs que de nombreux vols ont eu lieu dans le quartier, après le départ des habitants et des commerçants. « Les voleurs ont pris tout ce qu’ils ont pu trouver, que ce soit de l’aluminium ou des disjoncteurs par exemple », souligne-t-il.

Mohammad el-Cheikh est issu du quartier beyrouthin de Zokak el-Blatt. Ce septuagénaire s’est rendu à la rue Gouraud avec un de ses voisins pour récupérer un paquet d’aides alimentaires et de produits hygiéniques, son logement ayant également été détruit, même s’il habite à l’autre bout de la ville. « Nous espérons que quelqu’un viendra nous aider, mais nous ne savons pas qui le fera. Notre appartement est dévasté, nous dormons chez nos voisins. Certains dorment sur les balcons. Comme il a plu hier, nous avons été obligés de dormir dans les abris où nous nous réfugions pendant la guerre », raconte-t-il dans un soupir.

« Je l’ai échappé belle mardi dernier, mais j’aurais sincèrement préféré mourir parce que je suis fatiguée de devoir tout reprendre à zéro à 60 ans. Je suis épuisée », confie Claudette. Établie dans la rue Gouraud à Beyrouth, cette couturière a vu son atelier dévasté par la double explosion survenue mardi dernier dans le port. Les larmes aux yeux, elle raconte...

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Quelle honte Mr. Aoun le quartier Gemmayzeh que je Connais bien dévasté

Eleni Caridopoulou

19 h 41, le 11 août 2020

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Commentaires (1)

  • Quelle honte Mr. Aoun le quartier Gemmayzeh que je Connais bien dévasté

    Eleni Caridopoulou

    19 h 41, le 11 août 2020

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