Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Patrimoine

Les organisations internationales se mobilisent pour rebâtir le patrimoine architectural de Beyrouth

Avec la contribution technique et financière des institutions internationales, la Direction générale des antiquités s’attelle à sauver les joyaux de l’architecture libanaise et les quartiers historiques.

Les organisations internationales se mobilisent pour rebâtir le patrimoine architectural de Beyrouth

De la rue du Liban à la rue Pasteur en passant par Gemmayzé et Mar Mikhaël, les dégâts sont énormes.

Le bilan du désastre du 4 août est terrifiant. Outre les pertes humaines, les dizaines de personnes toujours portées disparues et les milliers de blessés, une grande partie de Beyrouth est dévastée. Le bilan humain et matériel est lourd, très lourd. Dans la capitale sinistrée, ce sont la colline d’Achrafieh et les quartiers de Gemmayzé, de Mar Mikhaël, de la rue Sursock qui ont subi les dégâts les plus impressionnants. Les bâtiments patrimoniaux de Gemmayzé et Mar Mikhaël, où se mêlaient les ateliers de petits artisans, d’architectes, de peintres et de stylistes, les galeries d’art et toute sorte de commerces, dont des restaurants et pubs, lieux symboliques de la vie nocturne beyrouthine, offrent désormais un paysage apocalyptique. Soulignons, tout d’abord, que la collection archéologique du musée national est intacte. Ce qui relève du miracle. Car sous l’impact du souffle des explosions du port de Beyrouth, les canalisations du musée ont explosé et l’eau a inondé le dépôt. Mais les différentes pièces qui s’y trouvaient ont pu être sauvées. Les lourdes portes de l’entrée principale sont sorties de leurs gonds, mais l’entrée a été rapidement sécurisée avec de grosses chaînes. « Tout est sous contrôle », indique à L’Orient-Le Jour le directeur général des Antiquités (DGA), Sarkis el-Khoury, ajoutant que « tous les techniciens se sont rendus sur place en un rien de temps pour réparer les dégâts ».

Lire aussi

Musée Sursock : le bâtiment principal n’est plus qu’une carcasse, un squelette...

Pour lui, le problème principal, aujourd’hui, est la sauvegarde des quartiers dits historiques de Beyrouth. Vu la spéculation immobilière, autre plaie du pays, les marteaux-piqueurs et les bulldozers ne vont pas tarder à abattre ce qui reste de l’héritage architectural, qui a subi des « dégâts d’une ampleur inimaginable ». « Ce qui est en jeu, dit le directeur général des Antiquités, c’est la mémoire d’une époque de Beyrouth qu’il faut conserver. » Le fil de l’histoire ne doit pas être rompu, martèle-t-il. « Il serait inconcevable de laisser les promoteurs profiter des dégâts pour démolir les vieux bâtiments. Nous tenons à rendre aux habitants sinistrés leur logement, leur environnement et l’atmosphère qui régnait dans les quartiers. Car dans ces quartiers, la diversité culturelle et les différentes formes de vie et les usages qui les ont forgés sont autant d’éléments essentiels à préserver. »


Recenser les dégâts et prévoir des enveloppes d’urgence

Aussi, des réunions ont eu lieu avec le mohafez de Beyrouth, le conseil municipal de Beyrouth et la chambre d’opérations de l’armée pour prendre des mesures de sécurité et empêcher tout dérapage des bulldozers lors de l’évacuation des amas de gros graviers. De même, à l’issue d’une réunion à l’ordre des ingénieurs et architectes, qui a regroupé le président de l’ordre Jad Tabet, les responsables de la DGA, du ministère des Travaux publics, de la Municipalité et du Haut Comité de secours, il a été décidé de créer un comité afin de recenser les dégâts et évaluer les coûts des dommages. « Dès que nous aurons une estimation des pertes matérielles, nous lancerons une collecte de fonds, car il est important de réparer les toitures avant l’hiver », indique M. Khoury.

Lire aussi

Gemmayzé lance un SOS pour la protection de ses demeures historiques dévastées

Les besoins sont énormes pour reconstruire ce qui a été détruit. Si énormes que la coordination est déjà en place entre la DGA et les organisations internationales qui sont « prêtes à fournir leur assistance technique », assure-t-il. À ce propos, il souligne la solidarité du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), organisation intergouvernementale qui se consacre à la préservation du patrimoine culturel dans le monde entier, à travers des programmes d’information, et de coopération. L’ICCROM, établi à Rome, est prêt à répondre aux besoins du Liban, assure le directeur de la DGA. De même en ce qui concerne le Conseil international des monuments et des sites (Icomos), dont l’activité principale est de promouvoir la méthode et la technique appliquées à la conservation et la protection des monuments et des sites. D’autre part, le Centre de restauration de l’Université libanaise, dirigé par Yasmina Maakaron, établira un état des lieux, suivi d’un plan d’intervention. Une énorme tâche pour identifier les problèmes que présentent les vieilles bâtisses et pour analyser leurs caractéristiques ainsi que leurs typologies, et ce afin de permettre une restauration respectueuse.

Un patrimoine à sauver et reconstruire. Photos Oussama Kallab

Une question d’argent

Tandis que le Liban est plongé, depuis plus d’un an, dans une crise économique et financière majeure, le défi de la restauration des bâtiments anciens n’est pas qu’une question de temps, mais aussi, et surtout, d’argent. Sarkis el-Khoury dit avoir reçu un nombre de courriels et d’appels téléphoniques de représentants d’institutions françaises engagées à soutenir le Liban. À savoir, Philippe Barbat directeur général des patrimoines, Jean-Louis Martinez président-directeur du musée du Louvre, et Charles Personnaz, directeur de l’Institut national du patrimoine (INP), ainsi que du Getty Museum et l’Arab Regional Center. Valéry Freland, directeur exécutif d’Aliph (Alliance internationale pour la protection du patrimoine), initiative unique de coopération qui agit grâce à un programme de subvention, allant de l’aide d’urgence immédiate à celui apporté à des projets de réhabilitation à grande échelle, a d’ores et déjà annoncé qu’il débloquera « une enveloppe importante » pour soutenir la restauration des biens culturels. Aliph a été créée à l’initiative de la France et des Émirats arabes unis suite à la conférence internationale d’Abou Dhabi, les 2 et 3 décembre 2016, sur la protection du patrimoine culturel en péril. L’initiative a été rejointe par plusieurs pays et partenaires privés. L’Unesco et le World Monumental Funds accordent également une enveloppe d’urgence. Et l’Algérien Mounir Bouchnaki, ancien directeur du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial sous l’égide de l’Unesco et ex-directeur général de l’ICCROM, se tient prêt à lancer un appel aux dons.

Les architectes-restaurateurs de la DGA se sont également mobilisés. Parmi eux, Oussama Kallab, chargée d’inspection et des dossiers de classement des bâtiments et zones patrimoniales sur tout le territoire libanais. Armée de son appareil photo, elle sillonne les rues d’Arménie, Pasteur, Arz et autres. Elle fixe sur la pellicule les pans d’arcades endommagées, les vitres pulvérisées, les charpentes de bois brisées, les murs distordus qui menacent de s’effondrer, les façades soufflées... Toutes ces photos sont des témoins importants pour la connaissance de l’architecture de ces maisons et seront cataloguées pour permettre de reconstituer les éléments architecturaux le plus fidèlement possible.

En attendant la restauration, la DGA va entreprendre la sécurisation et la stabilisation des ouvrages en péril, en les ceinturant d’une structure métallique, indique Oussama Kallab. Elle demande également à la population de ne pas emprunter les escaliers de Gemmayzé, car « les maisons qui les bordent peuvent s’écrouler à tout moment ».

Reconstruire, encore reconstruire et toujours reconstruire. Tel semble être le défi permanent auquel le Liban est confronté.

Le bilan du désastre du 4 août est terrifiant. Outre les pertes humaines, les dizaines de personnes toujours portées disparues et les milliers de blessés, une grande partie de Beyrouth est dévastée. Le bilan humain et matériel est lourd, très lourd. Dans la capitale sinistrée, ce sont la colline d’Achrafieh et les quartiers de Gemmayzé, de Mar Mikhaël, de la rue Sursock qui ont subi...

commentaires (1)

reconstruire : avant ,il faut construire durablement un état dont les bases seront capables d'assurer à tous ses citoyens sécurité et moyens d'existence; J.P

Petmezakis Jacqueline

08 h 33, le 13 août 2020

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • reconstruire : avant ,il faut construire durablement un état dont les bases seront capables d'assurer à tous ses citoyens sécurité et moyens d'existence; J.P

    Petmezakis Jacqueline

    08 h 33, le 13 août 2020

Retour en haut