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Culture - Témoignage

Un hommage, en paroles et musique, à Beyrouth sinistrée

Suite à la catastrophe du 4 août, qui a endeuillé le Liban, ravagé des quartiers entiers de Beyrouth et bouleversé le monde entier, des artistes de renom expriment, auprès de « L’Orient-Le Jour », leur soutien au peuple libanais, qui ne cesse d’osciller entre drames et renaissances.

Un hommage, en paroles et musique, à Beyrouth sinistrée

Gautier Capuçon a dédié, avec le pianiste Jérôme Ducros, l’« Ave Maria » de Charles Gounod à l’intention de Beyrouth. Photo Instagram

Souvent, lorsque nous demandons à des artistes de qualifier Beyrouth, ils avouent qu’il leur est difficile d’aligner des mots pour décrire cette ville ensorceleuse. Aujourd’hui, près d’une semaine après la double explosion du 4 août au port de Beyrouth, plusieurs artistes de renom tentent de trouver les mots pour exprimer leur soutien au peuple libanais, qui ne cesse d’osciller entre drames et renaissances.

L’éminent musicologue français Gilles Cantagrel, expert incontournable de Jean-Sébastien Bach, livre un message émouvant au pays du Cèdre. « Votre patrie, amie de la France, petit pays mais riche de grands musiciens et de beaux esprits, est chère à mon cœur comme à celui de nombreux de mes compatriotes. Les événements dramatiques qui l’ont frappée nous touchent profondément. Il va vous falloir beaucoup de courage pour panser les plaies et vous relever de ces ruines », affirme-t-il. Et de poursuivre : « Dans la souffrance, je me sens particulièrement proche de vous par la pensée et le deuil, et solidaire de vous tous, à commencer de votre doyen, mon vieil ami, le merveilleux pianiste Henri Goraieb. Courage, mes amis ! Vous allez reconstruire un avenir plus beau et meilleur, après tant de moments difficiles et douloureux. Je pense à vous tous et vous serre contre mon cœur. »

À Beyrouth, des « merveilles culturelles et humaines »

On ne présente plus les frères Capuçon, Renaud (violoniste) et Gautier (violoncelliste), qui se sont d’ailleurs produits à plusieurs reprises au Liban dans le cadre du Festival al-Bustan. Ils ne se sont pas contentés d’adresser un message de solidarité aux victimes de la terrible explosion qui a dévasté le port de Beyrouth et plusieurs quartiers de la capitale, causant plus de 150 morts. Prouvant que « la bonne musique ne se trompe pas et va droit au fond de l’âme chercher le chagrin qui nous dévore », comme l’a si bien dit Stendhal dans son ouvrage Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, les deux virtuoses français ont rendu un vibrant hommage musical à la ville déclarée sinistrée. « À tous mes amis libanais, j’ai été bouleversé par l’explosion du 4 août à Beyrouth et voulais vous assurer de mon affection, de ma compassion, vous que je retrouve presque chaque année au Festival al-Bustan. J’ai noué avec vous un lien très fort et serai de retour à Beyrouth dès que cela sera possible pour jouer pour vous. Vous n’êtes pas seuls, nous sommes près de vous par la pensée et la prière », affirme Renaud Capuçon. Il a, en outre, dédié au lendemain du drame, avec le jeune pianiste américain d’origine taïwanaise Kit Armstrong, dans le cadre du Festival de Menton, le deuxième mouvement de la sixième sonate pour violon de Beethoven, au peuple libanais. Armstrong, le protégé du pianiste Alfred Brendel, souligne qu’à cette occasion, ses pensées sont inexorablement dirigées vers les Libanais et le Liban où il a eu la chance de passer, récemment, quelques jours et de découvrir à Beyrouth des « merveilles culturelles et humaines ». Il nous envoie ce message : « Toujours songeant au souvenir enchanté que je garde de ma visite, je vous adresse de triste cœur l’expression de ma compassion en ces temps difficiles. » Gautier Capuçon, prodige incontournable de l’archet, qui atteint avec son violoncelle des sommets de sensibilité et de virtuosité, a dédié quant à lui, avec le pianiste Jérôme Ducros, l’Ave Maria de Charles Gounod à l’intention de Beyrouth. Ce morceau est inspiré du premier prélude du premier livre du Clavier bien tempéré de J.S. Bach. « Nous l’avons joué, avec beaucoup d’émotion, pour vous et en pensant à vous et à ce lien fort qui nous unit. Je reviendrai jouer pour vous à Beyrouth dès qu’il me le sera possible. Mon cœur est aujourd’hui avec tous mes amis libanais », confie-t-il à L’OLJ.

« Une guerre spirituelle contre le mal »

« Si tu veux être international, chante ton pays », disait Ludwig Van Beethoven. Ces mots s’appliquent si bien à l’organiste et compositeur renommé Naji Hakim et au pianiste Abdel Rahman el-Bacha. En citant des extraits bibliques, Hakim s’unit dans la prière à ses confrères libanais : « C’est en communion avec vous, qui êtes dans l’extrême détresse, que je prie, car il s’agit bien de gagner une guerre spirituelle contre le mal. » Des profondeurs je crie vers Toi Seigneur ! J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. De moi je ne puis rien, mais je peux tout en Toi qui me fortifies. De son côté, Abdel Rahman el-Bacha déclare à L’OLJ avoir signé un texte collectif concernant la tragédie de Beyrouth qui va bientôt paraître dans les grands médias sans en révéler le contenu. « Personnellement, je suis atterré par cette catastrophe, une de plus, que subit notre cher Liban, qui n’en avait vraiment pas besoin. Je suis très sensible et touché par la solidarité internationale, confiant dans le courage exceptionnel de notre peuple. Je vais offrir un récital pour une association humanitaire libanaise, le 29 août à Gordes, en Provence », ajoute-il en référence au concert caritatif de collecte de fonds en faveur de l’association Achrafieh 2020 qui vise à aider les familles démunies, en leur procurant de la nourriture. Enfin, contactés par L’Orient-Le Jour, des proches d’Andrea Borelli ont affirmé que le ténor songe à faire un don aux ONG pour venir en aide aux sinistrés.

Laissons le mot de la fin au poète et mélomane franco-libanais Alain Tasso qui exhume, à travers son poème, le souvenir à jamais vivant de ceux qui se sont tragiquement éteints. « Les fleurs continueront à pousser même chez les habitants de la ville du silence. »

Souvent, lorsque nous demandons à des artistes de qualifier Beyrouth, ils avouent qu’il leur est difficile d’aligner des mots pour décrire cette ville ensorceleuse. Aujourd’hui, près d’une semaine après la double explosion du 4 août au port de Beyrouth, plusieurs artistes de renom tentent de trouver les mots pour exprimer leur soutien au peuple libanais, qui ne cesse d’osciller...

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