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Moyen-Orient - Interview express

Amener Bachir à payer montrera que le gouvernement de transition est en train d’avancer avec les réformes

Jonas Horner, expert sur le Soudan à l’International Crisis Group, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

Amener Bachir à payer montrera que le gouvernement de transition est en train d’avancer avec les réformes

L'ancien président soudanais Omar el-Bachir, dans le box des accusés lors de son procès à Khartoum. Photo Archives AFP

L’ancien président soudanais Omar el-Bachir sera en principe jugé à partir du 11 août pour son coup d’État inconstitutionnel de 1989 qui l’a amené au pouvoir. Son procès s’est ouvert mardi 21 juillet à Khartoum. Cette première audience n’a toutefois duré qu’une heure, car la salle n’a pu accueillir tous les protagonistes. Actuellement, le Soudan est en phase de transition démocratique, après la chute de l’ancien dictateur, renversé par l’armée soudanaise, le 11 avril 2019, à la suite de manifestations de masse à travers tout le pays. Jonas Horner, expert et analyste sur le Soudan à l’International Crisis Group, répond aux questions de L’Orient-Le Jour.

La condamnation de Omar el-Bachir peut-elle avoir un impact significatif concernant la motivation des États-Unis et de la communauté internationale à aider le Soudan ?

Les partenaires internationaux du Soudan cherchent des preuves concernant la volonté du pays à s’éloigner des pratiques délétères, militaristes et corrompues du temps de Bachir, donc ce type de prise de responsabilité pour des actions passées est le bienvenu. Cependant, il est peu probable que le procès de Bachir – que ce soit au Soudan ou à la Cour pénale internationale – soit pris en compte pour retirer le Soudan de la liste des États-Unis des États soutenant le terrorisme. En ce moment, cette question dépend bien plus de la politique intérieure des États-Unis pendant une année électorale cruciale.

Le Soudan a souffert de multiples coups d’État à travers son histoire, est-ce que ce procès peut avoir un impact symbolique sur le pays et le monde arabe en général ?

Le procès pourrait dissuader l’armée soudanaise – et les armées à travers la région – de tenter de prendre le pouvoir à travers des coups d’État en illustrant un niveau ultime de prise de responsabilité pour des prises de contrôle aussi unilatérales.

Certains Soudanais sont descendus dans la rue pour montrer leur opposition aux réformes et leur soutien à l’ancien président Omar el-Bachir. Ces gens représentent-ils une partie importante de la société soudanaise aujourd’hui ?

Après trois décennies au pouvoir, les partisans de Bachir restent au contrôle de positions-clés dans les sphères économiques et politiques, et représentent une minorité significative qui ne devrait pas être ignorée alors que le pays avance vers un nouveau régime. Des leçons pourraient être retenues du processus de débaassification désastreux en Irak. Les procédés légaux contre Bachir sont des paratonnerres pour des groupes pro et antirévolution et contribuent à la polarisation entre réformistes, d’un côté, et islamistes et partisans de l’ancien président, de l’autre.

Les contestataires montrent une certaine impatience concernant le rythme des réformes, est-ce que le résultat du procès pourrait constituer un signe de la bonne volonté de l’actuel exécutif soudanais à mener à bien les réformes nécessaires ?

Amener Bachir à payer pour ses actions passées montrera aux manifestants frustrés par la lenteur des réformes que le gouvernement de transition est bien en train d’avancer avec les réformes et de prendre en compte les demandes de la révolution sur la justice et la prise de responsabilité. Cependant, cela ne reste qu’une des multiples demandes par lesquelles ils exigent à voir plus de progrès : une meilleure sécurité, des réformes économiques et la création d’un conseil législatif ne sont que quelques grandes revendications parmi d’autres que le gouvernement devra appliquer pour apaiser les ferveurs de la révolution.

L’ancien président soudanais Omar el-Bachir sera en principe jugé à partir du 11 août pour son coup d’État inconstitutionnel de 1989 qui l’a amené au pouvoir. Son procès s’est ouvert mardi 21 juillet à Khartoum. Cette première audience n’a toutefois duré qu’une heure, car la salle n’a pu accueillir tous les protagonistes. Actuellement, le Soudan est en phase de transition...

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