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Culture - Initiative

De la musique dans le Akkar pour transcender les frontières

L’ONG Relief & Reconciliation for Syria, basée dans le nord du Liban, à 12 km de la frontière syrienne, organise Borderline Sounds, un atelier de musique orientale et occidentale dont l’objectif est de favoriser la communication intercommunautaire.

De la musique dans le Akkar pour transcender les frontières

À Bkarzla (Akkar), dans le centre de paix, une maison ouverte à tous pour apprendre, échanger, dialoguer. Photo DR

Malgré les difficultés actuelles, des initiatives régionales continuent de voir le jour même dans les zones les plus reculées du Liban. Parce qu’il ne faut pas se laisser décourager. « Je suis convaincu que le changement social au Liban ne pourra se faire que dans les campagnes, là où les racines du système confessionnel sont implantées », affirme Friedrich Bokern, secrétaire général et fondateur de Relief and Reconciliation. Depuis 7 ans, cet Allemand diplômé de Sciences Po et ancien membre du cabinet du président du Parlement européen dirige la branche libanaise de Relief & Reconciliation for Syria, une petite ONG internationale « neutre et indépendante » qui combine aide humanitaire et construction de processus de paix en réponse à la crise syrienne dans la région du Akkar. Outre l’aide à la scolarisation des enfants réfugiés syriens, l’ONG travaille au dialogue entre les différentes communautés religieuses au Liban. « C’est spécifiquement en temps de crise que nous avons besoin de laisser les portes de la communication ouvertes. Il faut que l’on trouve des moyens d’expression autres que la violence, il faut que l’on trouve un langage commun entre les différents groupes. Chanter ensemble, faire de la musique, célébrer ensemble est une tentative de surmonter les différences. La musique réunit les gens, en touchant à toutes les émotions et en étant un langage abstrait », lance-t-il.

Enrichissement interculturel

C’est en raison des bienfaits fédérateurs de la musique que l’ONG a proposé, du 27 au 29 juillet, trois jours d’atelier sur les hauteurs du Akkar, où musiciens syriens, libanais et internationaux ont transcendé leurs différentes attaches communautaires pour passer un moment de fête et de partage. Mais aussi de connaissance et de culture : en plus des conférences autour de la musique, plusieurs ateliers de composition ont permis d’explorer les différentes gammes des musiques orientale et occidentale. « Borderline Sounds est une expérience d’approfondissement de compréhension des musiques orientales et occidentales, qui vise à l’enrichissement interculturel. Nous voulons faire vivre la rencontre avec l’autre, harmoniser les différences. Il y a eu des conférences, des discussions autour de la musique et des nouvelles tonalités », explique Friedrich Bokern. Trois jours de rencontre et d’échange qui ont mené les organisateurs et les bénévoles à préparer le grand événement annuel de l’ONG : le camp d’été, qui aura lieu cette année du 3 au 7 août. « Cet événement rassemblera plus de 90 enfants, sur les hauteurs du Akkar, dans les zones sensibles musulmanes et chrétiennes où de nombreux combats ont eu lieu dans le passé, et où nous passerons cet été un beau moment de paix et de joie. Ce moment constitue une des rares occasions pour les enfants de toutes les communautés d’être réunis. »

À Bkarzla, (Akkar) dans le centre de paix, une maison ouverte à tous pour apprendre, échanger, dialoguer. Photo DR

« Nous ne pouvons rester sans rien faire »

Depuis 7 ans que Relief & Reconciliation for Syria est installée dans le Akkar, financée par de simples dons privés, des volontaires locaux et internationaux ont permis « de changer la vie de nombreux enfants et de construire des ponts pour la compréhension mutuelle entre les communautés », affirme son fondateur. Lui qui a vécu en Syrie en 2008, et qui dit avoir été profondément choqué « lors de la révolution syrienne par la répression sanglante qui a eu lieu à l’époque », insiste : « Nous ne pouvons rester sans rien faire devant l’effondrement de ces pays que nous adorons, la Syrie et le Liban. »

« En 2013, nous nous sommes installés dans le Akkar, à Bkarzla, dans le centre de paix (où a eu lieu Borderline Sounds, NDLR), une maison ouverte à tous pour apprendre, échanger, dialoguer. Grâce à R&R, 1 200 enfants syriens réfugiés ont pu revenir à une éducation normale via nos cours quotidiens, et intégrer des écoles publiques au Liban. On unit ainsi plusieurs communautés : sunnites, alaouites, chrétiens, orthodoxes et maronites », lance Friedrich Bokern. Avant de conclure : « Nous essayons à un niveau local de réunir plusieurs communautés et groupes différents autour d’une cause commune : l’avenir de la jeunesse. C’est quelque chose que tout le monde comprend : nos enfants ont droit à un meilleur futur après des années de guerre et de destruction. »

Malgré les difficultés actuelles, des initiatives régionales continuent de voir le jour même dans les zones les plus reculées du Liban. Parce qu’il ne faut pas se laisser décourager. « Je suis convaincu que le changement social au Liban ne pourra se faire que dans les campagnes, là où les racines du système confessionnel sont implantées », affirme Friedrich Bokern,...

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