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Économie - Télécoms

Les coupures d’électricité entraînent des défaillances en cascade à Beyrouth

Coupures d’internet et du téléphone dans le centre de la capitale ; Ogero blâme les retards de paiement de la part du ministère des Finances, en sus de l’impact du rationnement sévère en électricité.

Les coupures d’électricité entraînent des défaillances en cascade à Beyrouth

Le toit du bâtiment d’Ogero à Beyrouth. Photo P.H.B.

Comme un symbole, comme une énième illustration de la grande dégringolade que vit le Liban : le rationnement sévère du courant dans tout le pays a provoqué hier une série de défaillances dans le centre-ville de Beyrouth, suite à l’arrêt des générateurs du central d’Ogero située au niveau de la place Riad el-Solh.

Dans la nuit, ces générateurs privés qui, rationnement violent de l’électricité fournie par l’État oblige, tournent à plein régime, ont fini par tomber en panne, a annoncé hier matin le directeur de l’opérateur public Ogero, Imad Kreidiyé. Cette panne, survenue vers 3h du matin, a provoqué l’arrêt du fonctionnement du central de téléphonie. S’en est donc suivie une coupure de la téléphonie fixe et de l’internet dans tout le quartier, cœur de la capitale, affectant le travail des nombreuses entreprises et administrations, dont des ministères, qui y sont établis.

Avec des conséquences non négligeables. Le ministère des Finances a ainsi annoncé qu’une « panne pour raisons techniques, liée aux coupures de courant », a empêché le transfert des allocations dues aux fonctionnaires à la retraite pour le mois d’août. « Les virements seront effectués vers les banques lors du premier jour de réouverture après la fête de l’Adha », a précisé le ministère. Vers 20 heures hier soir, le ministère a indiqué que ces virements « ont été effectués vers la Banque du Liban ».

Risque de pannes « de plus en plus fréquentes »
En début d’après-midi, une source au sein d’Ogero, interrogée par L’Orient-Le Jour, expliquait qu’au-delà de l’impact du rationnement en électricité sur l’office public, son problème principal est le manque de financement. La source explique que le ministère des Finances n’a pas payé ses dus « exorbitants » à Ogero « depuis des années ». La source n’a toutefois pas pu préciser le montant de ces « dus ». L’entreprise a réussi à survivre « grâce à ses réserves », qui sont toutefois désormais épuisées. Cette situation ne permet plus à la société d’acheter des pièces de rechange ou de nouveaux générateurs pour alimenter les centrales lors des heures de rationnement.

Cette situation était sous contrôle auparavant, surtout à Beyrouth, lorsque le rationnement de l’électricité fournie par l’État se limitait à trois heures. Mais depuis que le rationnement, ces dernières semaines, s’est drastiquement accru – avec plus de 21 heures de coupure par jour –, « les générateurs ne peuvent plus tenir et tombent en panne », explique la source. Sans oublier la pénurie de mazout à laquelle l’entreprise fait également face, à l’instar du reste du pays.

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Ogero possède « autour de 300 centraux téléphoniques à travers le Liban », chacun possédant plusieurs générateurs et fournissant ainsi internet et le téléphone fixe aux abonnés. Or, avec tous les problèmes qui s’accumulent, et en particulier le manque de financement de la part du ministre des Finances, la source précitée avertit que les pannes « risquent d’être de plus en plus fréquentes », les opérations de maintenance ne pouvant être conduites, bien « qu’Ogero en possède les moyens humains et techniques ». Avec donc, en perspective, des défaillances accrues au niveau des réseaux de téléphonie mobile et d’internet qui devraient affecter une large partie de la population du Liban, puisque le directeur d’Ogero indiquait au Commerce du Levant, en février 2018, que l’office « contrôle aujourd’hui 65 % du marché d’internet ».

Problèmes en série
Depuis près d’un mois, le Liban connaît une pénurie d’électricité accrue due à des problèmes rencontrés par Électricité du Liban (EDL) pour approvisionner en carburant ses centrales, en raison des difficultés financières que vit le pays, ainsi que d’un litige concernant du carburant défectueux avec un de ses fournisseurs, l’algérien Sonatrach. Les coupures fréquentes ont déjà provoqué l’arrêt de plusieurs centrales de téléphonie d’Ogero, entre autres dans la région du Hermel, au début du mois. À cette situation déjà délétère, s’est ajouté un dysfonctionnement à la centrale de Jiyeh, en début de semaine, à la suite d’une perturbation sur le réseau ayant conduit à une rupture de production entre les centrales de Zahrani (Liban-Sud) et de Deir Ammar (Liban-Nord). Hier, EDL a assuré que les équipes techniques s’affairaient pour remettre le réseau en marche, annonçant « une amélioration de la fourniture du courant à partir de la nuit de mercredi à jeudi ». Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, avait déclaré mardi à sa sortie du Conseil des ministres que la réparation « nécessiterait du temps ». Pour ne rien arranger, l’État a du retard dans le paiement de ses factures à Karpowership, la filiale de l’opérateur turc Karadeniz, qui opère depuis 2013 les deux navires-centrales à Zouk (Kesrouan) et Jiyeh (Chouf), qui fournissent de l’électricité à EDL, selon le site d’information Bloomberg. Son directeur commercial, Zeynep Harezi, a expliqué à l’agence que l’entreprise « a décidé de ne pas suspendre la production tant que le mazout est livré », tout en espérant que le Liban « aille mieux » et règle ses dus, alors que le pays traverse depuis plusieurs mois une crise économique et financière, doublée d’une dévaluation de sa monnaie de plus de 80 %, et est endetté de 92,9 milliards de dollars à fin avril.

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Les propriétaires de générateurs se disent contraints de rationner leur production

Comme si cela ne suffisait pas, les Libanais subissent également le rationnement imposé par les propriétaires de générateurs privés, qui se plaignent de ne pas avoir suffisamment de mazout pour faire tourner leurs générateurs pendant les heures de coupure d’EDL. Ils se sont d’ailleurs mobilisés lundi afin de demander l’achat de mazout au taux officiel (autour de 1 507,5 livres pour un dollar), la mise en place d’un « mécanisme transparent » pour la distribution, ou encore une majoration des tarifs imposés par le ministère de l’Énergie. Ils ont également menacé d’arrêter de distribuer du courant à partir du 5 août si leurs demandes n’étaient pas entendues, avant de suspendre cette décision suite à une réunion mardi entre le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, et une délégation des propriétaires de générateurs. Le ministre de l’Énergie s’est contenté de souligner que les propriétaires de générateurs avaient suffisamment de mazout et que leur démarche consistait à faire pression pour obtenir une hausse des tarifs, qu’ils ont finalement obtenue hier (voir encadré).

Plusieurs sources concordantes se sont étonnées de voir émerger, ces dernières semaines, un marché noir du mazout, où le carburant est vendu sur la base d’un dollar à 8 000 livres environ, soit le taux pratiqué par les agents de change illégaux. Elles soupçonnent une partie des sociétés et des propriétaires de générateurs qui se fournissent auprès de la direction des installations pétrolières situées à Zahrani et à Tripoli – qui approvisionnement environ 40 % du marché du carburant utilisé par les générateurs, le reste étant assuré par les importateurs privés – d’être impliqués dans ce marché noir.

Le prix du kWh des générateurs privés en hausse en juillet

Les propriétaires de générateurs privés doivent facturer 591 livres libanaises le kilowattheure (0,39 dollar selon le taux de change officiel de 1 507,5 livres libanaises pour un dollar) fourni à leurs clients en juillet pendant les heures de coupure, qui ont augmenté ces derniers temps, a indiqué hier le ministère de l’Énergie et de l’Eau. Le ministère fixe chaque mois ces tarifs en fonction des coûts des exploitants ainsi que du prix du mazout sur la période (15 690 livres, soit 10,41 dollars les 20 litres). Le prix du kWh était fixé à 497 livres en juin, et était à 293 livres en avril, le prix le plus bas de cette année en raison de la baisse du prix du brut sur les marchés internationaux suite à la baisse de la demande liée aux mesures de confinement pour lutter contre le coronavirus.

À ce nouveau tarif, qui doit être multiplié par la consommation réelle mesurée par les compteurs individuels des usagers, obligatoires depuis le 1er octobre 2018, s’ajoute un forfait variant en fonction de l’intensité maximale délivrée en ampères (A), qui a augmenté par rapport à juin : 20 000 livres pour 5 A (contre 15 000 livres en juin), 30 000 livres pour 10 A (contre 23 000 livres) et 40 000 livres pour 15 A (contre 30 000 livres). Un supplément de 5 000 livres est appliqué pour chaque tranche supplémentaire de 5 A. Une majoration de 10 % peut être appliquée dans les zones peu urbanisées.

Comme un symbole, comme une énième illustration de la grande dégringolade que vit le Liban : le rationnement sévère du courant dans tout le pays a provoqué hier une série de défaillances dans le centre-ville de Beyrouth, suite à l’arrêt des générateurs du central d’Ogero située au niveau de la place Riad el-Solh.Dans la nuit, ces générateurs privés qui, rationnement...

commentaires (6)

Pour pallier aux pannes électriques les libanais se sont dépêchés d’aller s’approvisionner en bougies. Que feront ils le jour où ils n’auront plus de téléphone ni d’internet pour parler avec leurs rejetons dispersés dans le monde, et comment les élèvent continueront leurs études via internet? Le piège se referment sur eux puisque les médias seront naturellement censurés. Plus de diffusion sauf par le biais des vendus qui transmettront leurs balivernes en direct et ainsi la boucle sera bouclée et  la dictature s’installera tranquillement mais sûrement. Le fait de ne pas payer les factures colossales du service de communication est voulu et approuvé pour arriver à contrôler ce qui reste de la liberté des citoyens à savoir, les médias, les réseaux sociaux, what’s up etc... BON COURAGE, RESTEZ CHEZ VOUS ET CONTINUER À SUBIR CAR CE QUI VOUS ATTEND DEPASSE DE LOIN VOS CAUCHEMARS LES PLUS FOUS.

Sissi zayyat

12 h 14, le 30 juillet 2020

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Commentaires (6)

  • Pour pallier aux pannes électriques les libanais se sont dépêchés d’aller s’approvisionner en bougies. Que feront ils le jour où ils n’auront plus de téléphone ni d’internet pour parler avec leurs rejetons dispersés dans le monde, et comment les élèvent continueront leurs études via internet? Le piège se referment sur eux puisque les médias seront naturellement censurés. Plus de diffusion sauf par le biais des vendus qui transmettront leurs balivernes en direct et ainsi la boucle sera bouclée et  la dictature s’installera tranquillement mais sûrement. Le fait de ne pas payer les factures colossales du service de communication est voulu et approuvé pour arriver à contrôler ce qui reste de la liberté des citoyens à savoir, les médias, les réseaux sociaux, what’s up etc... BON COURAGE, RESTEZ CHEZ VOUS ET CONTINUER À SUBIR CAR CE QUI VOUS ATTEND DEPASSE DE LOIN VOS CAUCHEMARS LES PLUS FOUS.

    Sissi zayyat

    12 h 14, le 30 juillet 2020

  • Mais vendez cette EdL à 1 piastre. Licenciez cette bande d’ignares en commençant par sa direction. Assurez du mazout au pays en arrêtant sa contrebande vers la Syrie et les libanais se débrouilleront comme ils ont du toujours le faire. Mais attention, plus aucune nouvelle facture EdL, quant aux anciennes vous pourrez toujours les recycler en papier toilette. Ce n’est pas tellement compliqué, même un technocrate comme notre fabuleux ministre de l’énergie saurait faire

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 13, le 30 juillet 2020

  • Pays devenu méprisable, gouvernement méprisable et peuple encore plus méprisable que son gouvernement. Un peuple qui continue à lécher les bottes de ses dirigeants tout en acceptant ce qui lui arrive. Les libanais ont toujours été racistes envers les travailleurs étrangers, continuent de l'être. Un peuple d'une arrogance sans égal qui se fait avoir tout en redemandant plus. Un peuple de grands parleurs et de petits faiseurs. Un échec total de sens civique et de dignité. Des révolutionnaires de salon, bientôt des révolutionnaires de tentes.

    Ludovic MARTY / INTERNATIONAL COLLEGE - IC

    09 h 16, le 30 juillet 2020

  • Heureusement que nous avons un gouvernement de technocrates et que nous vivons dans un État dont le Prestige est sacré. Même durant l’Occupation Ottomane, le pays n’était pas tombé aussi bas. Mesdames et Messieurs les dits gouvernants, s’il vous reste un gramme de dignité, démissionnez tout de suite et que le Liban soit mis sous tutelle de l’ONU

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 32, le 30 juillet 2020

  • LE BORDEL DANS TOUTE SON OPULENCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 29, le 30 juillet 2020

  • Au debut de votre article en page 1 vous dites que le salut est entre les mains des responsables. Etes vous sure qu'ils faut les appeler ainsi? Ce sont plutot des "irresponsables" helas....

    Le Herisson

    05 h 59, le 30 juillet 2020

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