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Politique - Liban-Israël

Les développements à la frontière apportent de l’eau au moulin de la neutralité positive

L’escalade à la frontière est une illustration de ce que le Liban souhaite éviter en réclamant pour lui un statut de neutralité, estiment des sources de l’Église maronite.

Les développements à la frontière apportent de l’eau au moulin de la neutralité positive

Un poste de la Finul le long de la ligne bleue. Jalaa Marey/AFP

« La nécessité d’un statut de neutralité pour le Liban réclamée par le patriarcat maronite est illustrée de façon éclatante par l’incident frontalier qui oppose en ce moment le Hezbollah et l’armée israélienne. Voilà un pays tout entier contraint de vivre la tension propre à un risque de guerre, alors qu’il est tout à fait étranger à l’incident qui l’a provoqué, à savoir la mort d’un combattant du Hezbollah dans le bombardement israélien d’un objectif militaire proche de Damas (le 20 juillet dernier, NDLR) », assurent des sources proches de Bkerké qui demandent à ne pas être nommément citées, mais qui se félicitent néanmoins de l’occasion qui leur est accordée de clarifier les positions du siège patriarcal maronite. Ces sources font référence aux tensions et bombardements qui ont eu lieu, hier, à la frontière libano-israélienne, au niveau des fermes de Chebaa. L’armée israélienne a en effet indiqué hier avoir déjoué « une tentative d’infiltration d’une cellule terroriste » et ouvert le feu sur des hommes armés, juste après qu’ils ont franchi la frontière nord avec le Liban. Le Hezbollah a, pour sa part, réfuté toute tentative d’incursion.

« Cet incident montre clairement ce que le patriarcat maronite entend par neutralité positive du Liban vis-à-vis des axes et conflits régionaux. Le Liban n’a pas à assumer les conséquences d’un conflit auquel il n’est pas partie, mais où il est entraîné malgré lui par un parti armé qui prend ses ordres de Téhéran », poursuivent ces sources.

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« La tension créée par cet incident est l’exemple type de ce que le Liban souhaite éviter en réclamant pour lui, de la communauté internationale, un statut de neutralité, expliquent ces sources. L’opération (qui a eu lieu aujourd’hui, NDLR) n’a rien d’une attaque libanaise destinée à libérer une parcelle de territoire libanais, elle est tout juste une riposte en partie psychologique à une attaque israélienne en Syrie » auquel le Hezbollah s’est engagé à répondre et dont il fait payer le prix à toute la population.

Cette montée des tensions entre l’État hébreu et le parti chiite intervient alors que, le 20 juillet, Israël avait mené des frappes près de Damas, en Syrie, au cours desquelles un combattant du Hezbollah, Ali Kamel Mohsen, a été tué, selon le parti chiite.

La résistance perd sa raison d’être

« L’implication en Syrie est en train de faire perdre à la résistance sa raison d’être », affirme de son côté une source ecclésiastique proche de la société civile. Et d’ajouter en substance que « nul n’a le droit d’engager la population libanaise à vivre des journées d’un suspense lié à la possibilité d’une agression israélienne, encore moins de l’impliquer dans un conflit géopolitique qui ne le concerne pas ».

Prié de commenter la visite que l’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Mohammad Jalal Firouznia, a effectuée hier à Dar el-Fatwa, la source a affirmé : « Le diplomate a affirmé que la neutralité du Liban est “une affaire libanaise”, mais que “toute les idées évoquées doivent servir à consolider l’unité nationale libanaise”. Or, justement, la présence du Hezbollah en Syrie ne sert pas à consolider l’unité nationale libanaise, bien au contraire. »

C’est cette « défectuosité logique » que relève aussi l’universitaire Mona Fayad, membre fondateur du Renouveau démocratique, qui, après avoir dénoncé « le caractère bassement insultant » de certaines attaques lancées contre le patriarche, s’étonne de ce que les milieux du Hezbollah exigent que la demande de neutralité du Liban soit unanime, sans penser un seul instant que leurs actes divisent profondément le peuple libanais. « Que fait le Hezbollah en Syrie ? » s’interroge-t-elle, notant qu’un nombre de plus en plus grand de Libanais de toutes les confessions se posent la même question et sont las des arguments que leur sert le parti pro-iranien. Et Mme Fayad de comparer la présence du Hezbollah en Syrie, sur ordre de Téhéran, à la présence de combattants syriens en Libye, sur ordre d’Istanbul, pour en faire ressortir le caractère pleinement régional.

Contre la résurgence de la concomitance des deux volets

Par ailleurs, la proposition patriarcale de demander pour le Liban un statut de neutralité continue de recevoir des appuis politiques locaux. Ceux-ci sont venus hier du parti de Walid Joumblatt, du Parti national libéral et de l’ancien ministre Michel Pharaon.

La délégation du PSP, qui comptait Marwan Hamadé et Henry Hélou, a remis au patriarche, qui l’a reçue à Dimane, copie du mémorandum remis par Taymour Joumblatt à la conférence de dialogue qui s’est tenue récemment à Baabda. « Nous nous sommes entendus avec le patriarche pour reprendre le débat sur une stratégie de défense nationale et l’application de la résolution 1701. Nous nous sommes entendus aussi pour redonner vie aux résolutions du dialogue national convoqué par Nabih Berry en 2006. Hormis la résolution sur la création d’un tribunal international pour faire la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri, ces décisions sont restées lettre morte. Dans le mémorandum remis aujourd’hui, nous rejetons la tentative de ressusciter ce qu’on appelle la concomitance des deux volets et demandons que des mesures strictes soient prises pour surveiller la frontière et que la contrebande prenne fin », explique M. Hamadé. Au sujet de la proposition patriarcale, M. Hamadé dit : « Nous avons toujours été en faveur d’une neutralité positive qui redonne à l’État sa solidité, son unité interne et la santé de ses relations extérieures, et la liberté de sa décision souveraine de paix et de guerre, avec le respect des causes nationales justes, et en premier lieu la cause et les droits du peuple palestinien. »

L'édito de Michel Touma

La preuve par neuf

Le patriarche Raï a également reçu le chef du PNL, Dory Chamoun, et l’ancien ministre Michel Pharaon. Ce dernier a rappelé que la neutralité est inscrite dans les gênes du Liban qui, en 1943, a demandé à la Ligue arabe de voter à l’unanimité qu’aucun pays arabe n’exerce son hégémonie sur l’autre. Pour M. Pharaon, il est nécessaire que le Liban élabore une stratégie spéciale pour sa partie méridionale, mais à condition qu’elle soit sous le commandement de l’armée, et pour que le Liban reste fidèle à son environnement arabe. Nous considérons qu’il est de l’intérêt du Liban qu’il y ait un appui international à la neutralité. La proposition patriarcale a un horizon économique : elle restituera le Liban aux investisseurs libanais et me paraît aussi importante, sinon plus que n’importe quel accord avec le FMI. »

« La nécessité d’un statut de neutralité pour le Liban réclamée par le patriarcat maronite est illustrée de façon éclatante par l’incident frontalier qui oppose en ce moment le Hezbollah et l’armée israélienne. Voilà un pays tout entier contraint de vivre la tension propre à un risque de guerre, alors qu’il est tout à fait étranger à l’incident qui l’a provoqué,...

commentaires (5)

Neutralité comme avant que les Palestiniens ne foulent notre sol et transforment le sud du pays en base arrière pour récupérer leur Palestine. Neutralité puisque le Liban n'a absolument aucun ennemi tant que les syriens, palestiniens et iraniens ne viennent provoquer toujours à nos frontières préférant détruire notre pays plutôt que d’affronter Israël depuis leur sol. Ils sont tous résistants mais aucun ne veut résister en prenant des risques démesurés depuis son pays, pour son pays. Ils préfèrent tous prendre notre pays et ses citoyens comme bouclier et utiliser des vendus qui un jour ont proclamé que le Liban est menacé et que seule, leur présence armée le sauvera, en évinçant son armée, alors qu’ils sont la cause même de la déstabilisation généralisée qui règne depuis leur existence. Signons la paix avec Israël comme certains pays arabes avant nous l’ont fait et voyons à quoi serviront les vendus HB & cie. Pour ça il nous faut un HOMME FORT À LA TÊTE DE L’ÉTAT.

Sissi zayyat

17 h 47, le 28 juillet 2020

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Commentaires (5)

  • Neutralité comme avant que les Palestiniens ne foulent notre sol et transforment le sud du pays en base arrière pour récupérer leur Palestine. Neutralité puisque le Liban n'a absolument aucun ennemi tant que les syriens, palestiniens et iraniens ne viennent provoquer toujours à nos frontières préférant détruire notre pays plutôt que d’affronter Israël depuis leur sol. Ils sont tous résistants mais aucun ne veut résister en prenant des risques démesurés depuis son pays, pour son pays. Ils préfèrent tous prendre notre pays et ses citoyens comme bouclier et utiliser des vendus qui un jour ont proclamé que le Liban est menacé et que seule, leur présence armée le sauvera, en évinçant son armée, alors qu’ils sont la cause même de la déstabilisation généralisée qui règne depuis leur existence. Signons la paix avec Israël comme certains pays arabes avant nous l’ont fait et voyons à quoi serviront les vendus HB & cie. Pour ça il nous faut un HOMME FORT À LA TÊTE DE L’ÉTAT.

    Sissi zayyat

    17 h 47, le 28 juillet 2020

  • L’armée israélienne a en effet indiqué hier avoir déjoué « une tentative d’infiltration d’une cellule terroriste » et ouvert le feu sur des hommes armés, juste après qu’ils ont franchi la frontière nord avec le Liban. Le Hezbollah a, pour sa part, réfuté toute tentative d’incursion. c est pas la première fois qu israel raconte des mensonges sous pretexte d intervenir, ni le hezbollah , cest classique dans tous les états de guerre , le liban veut etre neutre et il dit qu il est en état de guerre avec israel pourquoi pas demander la paix dans ce cas sinon il faut se préparer à la guerre ou resister

    youssef barada

    14 h 57, le 28 juillet 2020

  • Le Liban est un Etat semblable à tous les autres. L'unité et la souveraineté font partie de sa nature, comme de celle de tout Etat. Le Liban n'est pas qu'une fabrication artificielle. C'est le propre de tout Etat, jacobin, multicommunautaire et multiconfessionnel ou fédéral d'avoir une neutralité interne de sa population. Mais ce ne peut être un assemblage artificiel fondé sur un simple équilibre démographique, la volonté des gouvernants. Tout Etat digne de ce nom a besoin de neutralité, mais la neutralité n'est pas ce qui constitue la nature de chacun d'eux, En attendant un gouvernement mondial. L'Etat libanais ne peut se fonder sur sa neutralité, si pluraliste soit-t-il, pas plus qu'aucun Etat, pas plus que la Suisse, la Suède, ou la Finlande. La neutralité n'est pas leur valeur suprême, même si elle est éminemment souhaitable.

    dintilhac bernard

    11 h 21, le 28 juillet 2020

  • Mais ca consiste en quoi la neutralité dite positive? J'espère qu'il ne s'agit pas de tendre la joue gauche en cas de gifle sur sur la joue droite. Sinon j'appelle cela de la "faiblesse négative"... Car honnêtement je lis le terme neutralité. Puis neutralité positive. Et je n'ai pas compris le concept exact.

    Sybille S. Hneine

    07 h 41, le 28 juillet 2020

  • "LA PREUVE PAR NEUF" et "LES DEVELOPPEMENTS A LA FRONTIERE APPORTENT DE L’EAU AU MOULIN DE LA NEUTRALITE POSITIVE"............................................. Je le dis tout de go, je suis pour la neutralité, pour la politique de la main tendue, surtout quand elle vient du Patriarche, et dans mon dictionnaire, la neutralité libanaise veut dire la neutralisation de l’arsenal militaire du Hezb, et surtout la fin des guerres, des harcèlements presque quotidiens des Israéliens. MAIS l’actualité récente ou ancienne nous rappelle que la neutralité ne protège de rien, et on sait bien où la neutralité libanaise a mené le Liban, quand des voix par le passé s’élevaient pour traiter les partisans de la neutralité de réactionnaires ou pire d’isolationnistes. Nous ne sommes pas la Suisse, coffre-fort de l’Europe et du monde, même les nazis n’ont pas touché pour cacher leurs butins, quand les dollars syriens quittent les banques libanaises pour que le régime syrien se desserre de l’effet de l’embargo. Nous ne sommes pas l’Autriche pour que la neutralité la sauve de la partition, alors que nous vivons dans un archipel de zones, souvent de non-droit. Nous n’avons aucun "parapluie", même l’ONU, pour garantir cette neutralité. Alors comment faire pour se "confiner" de tous les axes régionaux, des conflits ? En "coinçant" le Hezb ? Non, bien sûr, la neutralité, la main tendue sera vers lui, pour le rassurer et le convaincre. Bonne journée.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    07 h 23, le 28 juillet 2020

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