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Sport - Arts martiaux

Le judo se décline aussi en médecine alternative

Le judo se décline aussi en médecine alternative

Une statue grandeur nature de Jigoro Kano, le fondateur du judo (1860-1938), pour qui la dimension spirituelle de son art martial était tout aussi importante que sa dimension sportive. Le judo combine à la fois une « méthode pour tuer » (sappo) et une « méthode pour soigner » (kappo), et la judo-thérapie est très répandue au Japon. Yasuyoshi Chiba/AFP

Si le judo est avant tout un sport de combat, il a aussi une autre facette, largement méconnue hors du Japon : la judo-thérapie, une discipline mêlant ostéopathie et prévention en santé pour les seniors.

Né au Japon à la fin du XIXe siècle, cet art martial a hérité de la double dimension de son ancêtre, le ju-jitsu: il est à la fois une « méthode pour tuer » (sappo) et une « méthode pour soigner » (kappo). Les judokas apprennent les mouvements des membres, des articulations et des muscles pour mieux battre leurs adversaires. Mais dans le « kappo », ces connaissances servent précisément au contraire : faciliter la régénération naturelle du corps. « Nous sommes spécialistes des fractures, des luxations, des contusions et des foulures », explique Hiroyuki Mitsuhashi, un responsable de l’Association japonaise de judo-thérapie. « Plutôt que de faire appel à la chirurgie orthopédique, nous soignons avec nos mains », ajoute-t-il.

Il existe au Japon près de 73 000 judo-thérapeutes diplômés, œuvrant dans quelque 50 000 cabinets à travers l’archipel. Cette médecine alternative, remboursée par la Sécurité sociale au Japon, est notamment populaire auprès des sportifs étudiants et de ceux qui souffrent de douleurs chroniques liées à des blessures anciennes et négligées par les médecins conventionnels.

Centrés sur le patient

« Je me sens beaucoup plus à l’aise ici. Je ressens moins la douleur », confie Yoshie Takahashi, une patiente de M. Mitsuhashi qui s’était cassé le poignet droit début janvier. Cette employée d’une agence de voyages de 59 ans est d’abord allée à l’hôpital, mais une radiographie a révélé plus tard que son traitement n’avait pas correctement réduit sa fracture. Elle a alors décidé de consulter M. Mitsuhashi, qui utilise des méthodes de judo-thérapie pour manipuler les articulations et réaligner les os. Il lui a appliqué divers traitements, comme tremper son poignet dans un bain d’eau chaude à ultrasons, une méthode censée accélérer la guérison. Les judo-thérapeutes « sont davantage centrés sur le patient, je pense. Ils sont bien formés et expliquent les choses de bout en bout, jusqu’à ce que vous compreniez », estime cette patiente.

Les judo-thérapeutes sont aussi présents sur le créneau très porteur de la prévention santé chez les seniors, alors que plus de 28 % de la population japonaise est âgée de 65 ans et plus. De nombreux judo-thérapeutes proposent ainsi des ateliers d’exercices physiques de faible intensité, inspirés de leur art martial, pour rendre les personnes âgées plus alertes et plus résistantes aux chutes. « Utilisez votre corps avec efficacité. Cela facilite votre métabolisme et stabilise votre état mental », explique Taisuke Kasuya à cinq retraités dans une petite pièce à tatamis d’une maison de quartier à Tokyo.

Ce judo-thérapeute enseigne depuis trois décennies des exercices de santé avec des mouvements lents et utilisant une technique de respiration proche de celle de la pratique chinoise du tai-chi. Mais la base de sa méthode provient des enseignements de Jigoro Kano, le fondateur du judo (1860-1938), pour qui la dimension spirituelle de son art martial était tout aussi importante que sa dimension sportive. « Je sens que c’est différent d’autres exercices. Je sens que mes articulations deviennent plus souples », témoigne Yasue Ikezumi, une pharmacienne à la retraite suivant les leçons de M. Kasuya depuis 15 ans pour apaiser ses douleurs chroniques. « J’avais tellement mal entre mes 60 et 70 ans. Mais maintenant, je vais bientôt avoir 80 ans et je suis capable d’entretenir ma forme. C’est comme si j’étais capable de réparer mon corps », se félicite-t-elle.

Tomber sans se faire mal

Sans être un judo-thérapeute diplômé, le maître judoka Koichi Haramaki donne aussi un cours hebdomadaire à des seniors pour leur apprendre à tomber sans se faire mal, dans son dojo de la région de Wakayama, à l’ouest du Japon. Pratiquer des mouvements de judo et des roulés-boulés entraîne les canaux semi-circulaires, partie de l’oreille interne essentielle pour l’équilibre. Cela stimule aussi le cervelet, structure du cerveau jouant un rôle important dans le contrôle moteur, explique-t-il. « Si vous apprenez à tomber, à la fin vous ne tombez plus. Votre sens de l’équilibre s’améliore », assure-t-il.

Hiroshi HIYAMA/AFP

Si le judo est avant tout un sport de combat, il a aussi une autre facette, largement méconnue hors du Japon : la judo-thérapie, une discipline mêlant ostéopathie et prévention en santé pour les seniors.Né au Japon à la fin du XIXe siècle, cet art martial a hérité de la double dimension de son ancêtre, le ju-jitsu: il est à la fois une « méthode pour tuer » (sappo)...

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