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Société - France / Liban

Le Drian : Nous ne laisserons pas la jeunesse libanaise seule face à la crise

Le ministre français des Affaires étrangères annonce une aide d'une valeur de près de 15 millions d'euros à destination du secteur éducatif libanais. 

Le Drian : Nous ne laisserons pas la jeunesse libanaise seule face à la crise

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse en présence de Mère Antoinette Awit, le 24 juillet 2020 à l'école du Carmel Saint-Joseph de Mechref, dans le Chouf. Photo AFP/ANWAR AMRO

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en visite officielle au Liban depuis mercredi soir, a déclaré vendredi que Paris "ne laissera pas la jeunesse libanaise seule face à cette crise", ni "les écoles françaises et francophones du Liban s'effondrer". M. Le Drian a annoncé lors d'une conférence de presse à l'école du Carmel Saint-Joseph de Mechref (Chouf) que dans ce cadre, quinze millions d'euros seraient mis à disposition du secteur éducatif libanais.

"Nous devons tout faire pour approfondir le partenariat" entre les écoles francophones et la France et le "renforcer", a déclaré M. Le Drian, après une réunion sur l'éducation francophone avec les chefs des établissements des écoles francophones homologuées et les représentants des écoles chrétiennes. Il a justifié l'importance de ce partenariat par la "lutte de valeurs" actuelle, qui doit passer par l'éducation, saluant le "modèle unique" franco-libanais de ces écoles, "qui continue de faire du Liban la première puissance éducative de la région", et est un modèle "d'éducation citoyenne et de respect de la diversité".

Point de vue

La lumière des écoles francophones du Liban ne doit pas s’éteindre


Le chef du Quai d'Orsay a encore soulevé les "dangers" auxquels doit faire face l'enseignement au Liban, alors que, dans un contexte de crise économique et financière aiguë, les parents d'élèves peinent à payer les écolages et les écoles peinent à payer les enseignants. "Nous ne laisserons pas le réseau des écoles françaises et francophones du Liban s'effondrer", a-t-il lancé sur ce plan. "Nous ne laisserons pas la jeunesse libanaise seule face à cette crise, ce serait un drame pour la stabilité du pays et de la région et un immense gâchis pour la francophonie, et nous ne l'accepterons pas", a-t-il ajouté. M. Le Drian a rappelé le plan d'urgence mis en place depuis le début de la crise sanitaire, qui vise à aider autant les parents d'élèves que les établissements scolaires.

Quinze millions d'euros
Affirmant la "qualité éducative dans laquelle réside la force du Liban", Jean-Yves Le Drian a annoncé la mobilisation de "près de 15 millions d'euros mis à disposition du secteur éducatif libanais". Il a souligné que cela représentait un dixième des fonds prévus en soutien à l'enseignement dans le monde entier. "Parallèlement, nous avons fait en sorte que soit mis en oeuvre rapidement des projets de la fondation d'Orient pour le soutien au secteur de l'enseignement dans la région, a indiqué le chef du Quai d'Orsay. Dans ce cadre, deux millions d'euros seront consacrés aux établissements de la région, dont une large partie ira aux écoles du Liban", a-t-il précisé. 

"Ce pays est au bord de l'abîme, mais il y a sur la table les moyens de le redresser et l'espoir", a déclaré le ministre français, affirmant que la jeunesse qui se mobilise depuis des mois pour "réclamer des changements" représente l'espoir du pays. 

Le secteur éducatif est frappé de plein fouet par les répercussions de la crise économique et financière. Pour y faire face, le gouvernement a approuvé il y a plusieurs semaines un projet de loi prévoyant l'octroi de 500 milliards de livres libanaises de subventions au secteur éducatif. Près de 150 milliards de livres seront versés aux écoles et instituts publics, tandis que les écoles privées percevront 350 milliards de livres afin de payer les salaires des enseignants et du personnel administratif.

Dans la matinée, le chef du Quai d'Orsay s'est rendu à l'hôpital universitaire Rafic Hariri, à Jnah au sud de Beyrouth. Cet établissement se trouve aux avant-postes de la lutte contre le coronavirus depuis l'apparition de la pandémie au Liban en février. 

La visite officielle de deux jours qu'effectue M. Le Drian intervient dans un contexte explosif au Liban, qui vit une crise marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une flambée des prix, des licenciements à grande échelle et des restrictions bancaires sur les retraits et les transferts à l'étranger. Près de la moitié de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté et 35% de la population active est au chômage, selon des statistiques officielles. Le ras-le-bol a déclenché en octobre 2019 un soulèvement populaire inédit contre l'intégralité d'une classe politique accusée de corruption et d'incompétence, quasi inchangée depuis des décennies. Le pays, en défaut de paiement depuis début mars, a adopté un plan de relance fin avril et promis des réformes. Toutefois, des négociations initiées à la mi-mai avec le Fonds Monétaire international (FMI) pour obtenir une aide financière sont toujours au point mort.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères s'était entretenu avec son homologue libanais Nassif Hitti et avec le président Michel Aoun, le Premier ministre Hassane Diab et le président du Parlement, Nabih Berry. Lors d'un point presse au palais Boustros, le chef de la diplomatie française avait réitéré son appel, précédemment lancé au Sénat le 8 juillet, dans lequel il avait appelé les responsables libanais à agir au niveau des réformes afin de débloquer les aides internationales. 

Il a réitéré cet appel vendredi, à l'issue de sa réunion avec les représentants du milieu éducatif. Le chef de la diplomatie française a souligné être venu au Liban "avec deux messages" : un d'exigence et un autre de solidarité. Concernant le premier de ces messages, il a souligné que "le pays est au bord de l'abîme et si des actions ne sont pas entreprises, il risque de devenir un pays à la dérive". "Tout le monde connait le chemin qu'il faut prendre et la France est prête à accompagner sur ce chemin, sous réserve que des actions soient menées par les responsables". Répondant à une question, il a réitéré les trois grandes "exigences de la France" pour débloquer l'aide internationale, à savoir, l'audit de la Banque du Liban, le secteur de l'électricité et les lois sur la transparence et l'indépendance de la justice. "Ce sont les exigences de la France et je crois avoir été entendu", a déclaré M. Le Drian. 

Interrogé en outre par des journalistes au sujet de son entretien jeudi avec le chef de l'Eglise maronite, Béchara Raï, et l'appel de ce dernier à la neutralité du Liban par rapport aux conflits de la région, M. Le Drian a dit : "J’ai rencontré le patriarche hier. Ça me paraissait un déplacement indispensable tant sa personnalité est forte dans le pays. J’ai entendu ses propos. Finalement, lorsqu’il parle de neutralité, je considère qu’il parle d’une neutralité positive. La neutralité positive, ça veut dire, pour moi - et c’est le message que la France répète régulièrement - la distanciation, la souveraineté et l’intégrité du Liban par rapport aux conflits qui existent dans la région et l’affirmation du Liban dans son intégrité, sa force, son identité. Ce message-là nous le partageons totalement avec le patriarche".

Le chef de la diplomatie française est enfin revenu sur son entretien hier avec le chef de l'Etat, Michel Aoun : "J’ai entendu le président Aoun faire des déclarations très fortes sur sa volonté de lutter implacablement contre la corruption et je souhaite que l’ensemble des acteurs soit à ce rendez-vous", a-t-il conclu, lors de son échange avec les journalistes.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en visite officielle au Liban depuis mercredi soir, a déclaré vendredi que Paris "ne laissera pas la jeunesse libanaise seule face à cette crise", ni "les écoles françaises et francophones du Liban s'effondrer". M. Le Drian a annoncé lors d'une conférence de presse à l'école du Carmel Saint-Joseph de Mechref (Chouf) que...

commentaires (5)

Monsieur Le Drian sait bien qu'il s'adresse à des sphinx nombreux. Mieux vaut n' en plus parler, ou s'adresser autrement.. Il faut agir en dehors de ces statuts immuables et figées.

Esber

19 h 41, le 24 juillet 2020

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Commentaires (5)

  • Monsieur Le Drian sait bien qu'il s'adresse à des sphinx nombreux. Mieux vaut n' en plus parler, ou s'adresser autrement.. Il faut agir en dehors de ces statuts immuables et figées.

    Esber

    19 h 41, le 24 juillet 2020

  • ""Affirmant la "qualité éducative dans laquelle réside la force du Liban"" C’est de l’aveu du Ministre qui vante la qualité de l’enseignement au Liban. Nous ne risquons pas d’être à la dérive, nous sommes déjà à la dérive et si l’heure est grave, comment faire pour qu’elle ne soit pas désespérée M. le Ministre. Aidez-nous.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    13 h 46, le 24 juillet 2020

  • "Paris ne laissera pas les jeunes seuls face à la crise" ça veut dire que la crise va durer et qu'il n'était pas venu pour apporter des choix et des options politiques pour résoudre les problèmes. 15 millions, c’est "cacahuètes" comme l'on dit en anglais. Pourquoi il ne fait pas un appel pour que Israël qui Cheb'a? ça coûte moins que 15 millions et ça a le mérite de donner l'impression que Paris fait quelques chose de sérieux.

    Shou fi

    13 h 08, le 24 juillet 2020

  • Ce montant d'aide pourrait être, à priori, aux yeux de certains, considéré comme insignifiant .. d'autant que notre guide suprême préconisait la nécessité de se tourner vers l’Est et de procéder à des échanges commerciaux avec certains pays, voisins ou non.. Qu'en est il de leur aide de ces pays "de l'est" ? d'autres diront que les15 millions d'euros à destination du secteur éducatif libanais ne sont que la poudre aux yeux, mais ils ont le mérite d'exister.. On attend toujours de notre guide suprême qu'il sollicite des pays "de l'Est" avec lesquels il veut renforcer la coopération afin de verser une obole en faveur du Liban ou à défaut en faveur des autres écoles privilégiant le persan, langue unanimement reconnue à la société des nations comme officielle.

    C…

    12 h 45, le 24 juillet 2020

  • Enfin un brin d'espoir pour la jeunesse libanaise qui ne sait plus quoi faire face à la crise partir ou rester ?

    Antoine Sabbagha

    12 h 45, le 24 juillet 2020

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