Rechercher
Rechercher

Politique - Rencontre

Marie-Claude Najm : Je continuerai à élever la voix pour que les lois sur la lutte contre la corruption soient adoptées

Marie-Claude Najm : Je continuerai à élever la voix pour que les lois sur la lutte contre la corruption soient adoptées

Les membres du conseil de l’ordre des journalistes en discussion avec la ministre de la Justice Marie-Claude Najm. Photo DR

Ministre de la Justice ou professeure à l’USJ, Marie-Claude Najm est la même : déterminée, franche. Recevant le conseil de l’ordre des journalistes présidé par Joseph Kossayfi, elle commence par adresser un message d’espoir aux Libanais, avant de répondre à toutes les questions. Les pieds sur terre, elle est consciente des reproches de lenteur adressés au gouvernement. Mais elle se contente de dire : « Je mise sur le temps et je réponds à ces reproches en travaillant encore plus. L’heure de vérité sonnera lorsque le projet de loi sur l’indépendance de la justice sera soumis au vote du Parlement. » Ce projet de loi occupe d’ailleurs une grande partie de son temps et elle tient à assister personnellement aux réunions de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice présidée par Georges Adwan. Marie-Claude Najm est convaincue que si ce projet est adopté, ce sera un premier pas sérieux vers plus de transparence et plus d’indépendance du pouvoir judiciaire. En réponse à une question sur l’absence de réalisations concrètes du gouvernement après la « période de grâce des cent jours », la ministre de la Justice répond qu’elle ne croit pas à cette période et qu’elle partage l’impatience des citoyens. Elle ajoute avec humour qu’elle ne peut pas ignorer les demandes des gens, puisque sa propre mère les lui lance régulièrement à la figure.

Au-delà de la boutade, elle rappelle qu’en dépit des reproches qui sont faits au gouvernement, celui-ci a « plus fait en cinq mois que beaucoup de ses prédécesseurs en plusieurs années ». Mais il est certain que face à la crise sans précédent, les gens sont plus exigeants. Elle a ainsi nommé les dix membres de l’Inspection judiciaire dans le but de la dynamiser et elle s’apprête à procéder aux nominations de l’Institut des études judiciaires qui, selon elle, est primordial dans la formation des juges. Dans ce cadre, elle a décidé d’ouvrir les candidatures à tous les magistrats, puis de mener elle-même des entretiens avec les candidats.

« Un grand pas »

En même temps, la ministre de la Justice estime que la désignation par le gouvernement d’un cabinet, en l’occurrence la société Alvarez & Marsal, pour effectuer le forensic audit de la Banque centrale est « un grand pas dans la lutte contre la corruption ». Cet audit devrait permettre de définir les responsabilités dans les dépenses publiques. Elle annonce ainsi que des dispositions ont été prises pour calmer les craintes de ceux qui redoutaient que les informations ne soient transmises à des parties étrangères. « Les informations seront réservées au seul usage de l’État libanais. Toute personne qui entravera cet audit commettra un crime contre le peuple et je compte la dénoncer à travers les médias », assure-t-elle. Aux questions sur l’existence d’un certain cafouillage dans l’exercice de la justice, à travers notamment l’affaire du juge Mohammad Mazeh (qui avait pris une décision d’interdire aux médias libanais d’interviewer l’ambassadrice des États-Unis) et celle du juge Fayçal Makki (qui avait ordonné une saisie des biens du gouverneur de la Banque centrale avant que cette décision ne soit contestée par la juge de mise en exécution à Beyrouth Najate Itani), Marie-Claude Najm répond que toute décision judiciaire peut être contestée selon la loi et les règles, et que la procédure est donc normale. Au sujet du cas du juge Mazeh, elle rappelle que la décision du juge a provoqué une polémique enflammée. C’est ce qui l’a poussé à réagir pour tenter de ramener les choses dans leur cadre légal. Elle précise que le fait d’être déféré devant l’Inspection judiciaire « n’est pas nécessairement une condamnation », mais le juge a préféré présenter sa démission et elle a été acceptée. Au sujet de la seconde affaire, elle précise qu’elle est en cours. Pour elle, ce qui compte, ce n’est pas la décision finale, mais le respect des procédures légales.

Un dossier interne

En réponse à une question sur le sort des nominations judiciaires, Mme Najm commence par préciser que ce dossier ne relève pas de la responsabilité du gouvernement, mais de celle du ministre concerné. Elle rappelle ensuite sa position initiale qui est de considérer que certains critères n’ont pas été respectés. Pour elle, « il ne s’agit pas de déplacer un juge, ni d’une question de personnes ». Elle précise qu’il y a « des points positifs » dans le projet présenté par le CSM mais que ses remarques sont « de principe ». Elle a malgré tout signé le projet pour ne pas être une entrave, mais, aujourd’hui, il est bloqué à la présidence de la République. « Il n’y a pas d’impasse, chacun travaillera selon ses prérogatives pour faire avancer les choses », assure la ministre. En réponse à une question, elle précise que le chef de l’État ne lui a pas demandé de réagir au projet, se contentant de lui dire de faire ce qu’elle juge bon, et elle-même ne se permet pas d’intervenir au sujet d’un nom en particulier. Marie-Claude Najm ajoute que l’indépendance de la justice ne se résume pas aux nominations judiciaires, qui ne sont pas non plus une question de prérogatives entre le CSM et le ministre concerné. Elle a un éventail bien plus large qui concerne le travail des juges. Son souci est donc de protéger ces derniers. Les nominations judiciaires sont-elles évoquées avec les diplomates étrangers ? Najm refuse la question. Pour elle, « il s’agit d’un dossier interne libanais ». Elle dénonce dans la foulée ce que le Pr Georges Corm appelle « la culture des consuls », qui permettait aux « consuls » d’intervenir dans les affaires internes libanaises, rappelant qu’en ce qui la concerne, elle n’a pas cette culture-là.

La lutte contre la corruption

La ministre reconnaît, par ailleurs, que l’état des palais de justice est « souvent désastreux », ajoutant qu’il n’y a pas actuellement de fonds pour la réhabilitation des lieux. « De grandes sommes ont été dépensées depuis les années 90, mais pas assez pour les palais de justice, dit-elle. La justice à distance pratiquée pendant le confinement a dévoilé une grande misère. » « Mais grâce à ce procédé, 350 interrogatoires ont été réalisés et 1 600 détenus ont été relâchés, dont 1 300 grâce à des procédures allégées », ajoute-t-elle.Tout en répétant qu’elle est consciente du fait que les gens attendent des décisions qui touchent plus directement leur quotidien, Mme Najm rappelle que ce gouvernement est né « dans un système que tout le monde connaît ». « Il se bat sur tous les fronts à la fois et le problème est bien plus profond qu’on ne le croie. C’est une question structurelle », indique la ministre. Elle est toutefois convaincue qu’une nouvelle époque va commencer avec un système qui ne devrait plus permettre les blocages confessionnels, clientélistes et communautaires, à travers l’adoption d’un État civil, où les citoyens sont égaux. En ce qui la concerne, elle s’est engagée à défendre les libertés et en premier celle de manifester et de s’exprimer. Elle dit ainsi avoir « suivi minute par minute » les détails de l’agression contre l’activiste Wassef Haraké. Les agresseurs de M. Haraké avaient avoué être liés au ministère et au Parti démocratique libanais (PDL) de Talal Arslane, auquel appartient le ministre du Tourisme et des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé.

Elle compte aussi travailler pour que les journalistes ne soient plus convoqués devant la police judiciaire. Enfin, elle a dès le premier jour de son arrivée à la tête de ce ministère promis de faire des réformes visant à renforcer l’indépendance de la justice, son efficacité et sa transparence. « Je continuerai à élever la voix en Conseil des ministres et au Parlement pour que les lois sur la lutte contre la corruption dans les secteurs public et privé soient adoptées et appliquées », affirme-t-elle.

Ministre de la Justice ou professeure à l’USJ, Marie-Claude Najm est la même : déterminée, franche. Recevant le conseil de l’ordre des journalistes présidé par Joseph Kossayfi, elle commence par adresser un message d’espoir aux Libanais, avant de répondre à toutes les questions. Les pieds sur terre, elle est consciente des reproches de lenteur adressés au gouvernement. Mais...

commentaires (9)

Chère Mme Najm, avec tout le respect que je vous dois quand on est choisie par le CPL et son chef on ne peut pas prétendre lutter contre la corruption. Je sais que vous n’êtes pas naïve. Il serait donc temps de démissionner et de ne pas, vous et d’autres ministres technocrates mais non indépendants, donner votre caution à ceux qui sont au minimum résponsables de la décrépitude des secteur énergétique et de communication du pays depuis 15 ans et du détournement à leur profits de toutes les aides et subventions a ce secteur. La farce de Selaata doit vous avoir enlever vos dernier doutes si vous en aviez.

Liban Libre

14 h 33, le 23 juillet 2020

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Chère Mme Najm, avec tout le respect que je vous dois quand on est choisie par le CPL et son chef on ne peut pas prétendre lutter contre la corruption. Je sais que vous n’êtes pas naïve. Il serait donc temps de démissionner et de ne pas, vous et d’autres ministres technocrates mais non indépendants, donner votre caution à ceux qui sont au minimum résponsables de la décrépitude des secteur énergétique et de communication du pays depuis 15 ans et du détournement à leur profits de toutes les aides et subventions a ce secteur. La farce de Selaata doit vous avoir enlever vos dernier doutes si vous en aviez.

    Liban Libre

    14 h 33, le 23 juillet 2020

  • SERVIR JOURNALIEREMENT DES BALIVERNES EST L,EXPERTISE DE MADAME HADDAD.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 28, le 23 juillet 2020

  • ON LA CROIT SUR PAROLES ET ON VOIT DÉJÀ LES RÉSULTATS DE SON ACHARNEMENT. ELLE ACCOMPLIT LA TÂCHE QUI LUI A ÉTÉ IMPOSÉE ET MENACE D’ÉLEVER LA VOIX. MAMAN J’AI PEUR. COMBIEN DE CORROMPU ONT ÉTÉ INTERPELLÉS DEPUIS QU’ELLE OCCUPE SON POSTE. Z E R O COMBIEN DE DÉCLARATION DE BONNE FOI? AU MOINS UNE VINGTAINE. DONC NOUS N’AVONS AUCUN DOUTE SUR SA TRANSPARENCE ET SUR GRATITUDE ENVERS CEUX QUI L’ONT NOMMÉ. TRÊVE DE COMÉDIE. NOUS NE SOMMES PAS TOMBÉS DE LA DERNIÈRE PLUIE.

    Sissi zayyat

    12 h 16, le 23 juillet 2020

  • LOOOOOOOOOLLLLLLLL SH a frappé fort encore Allez la prochaine fois ca sera avec d'autres personnes appartenant au clan décrié par le peuple LOOOL

    LE FRANCOPHONE

    11 h 56, le 23 juillet 2020

  • UNE VENDEUSE DES PAROLES VIDES. "J'AI ASSISTÉ PERSONNELLEMENT......JE CONTINUERAI À ÉLEVER LA VOIX......." WOW COMME SI ELLE POSSÈDE LE POUVOIR DE DÉCIDER.

    Gebran Eid

    11 h 38, le 23 juillet 2020

  • J’ai arrêté de lire l’article à partir du paragraphe où Mme La Ministre déclare que ce gouvernement a réalisé en 5 mois plus que tous ses prédécesseurs. Je crains qu’elle n’habite le même pays que nous, qu’elle ne va pas au supermarché, qu’elle n’a aucun problème d’eau ou d’électricité, qu’elle n’achète pas de nouveaux habits, qu’elle ne répare pas sa voiture, qu’elle ne paye pas de scolarités.... alors de grâce arrêtez ces belles phrases qui ne sont que de la poudre de perlimpinpin

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 28, le 23 juillet 2020

  • LES VOIX SONT NULLES. IL FAUT DES ACTIONS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 11, le 23 juillet 2020

  • peut etre mme najm a toutes les bonnes intentions du monde, quoique c'est mal parti, mais bon passons. mme najm aura bon tout essayer, n'y arrivera jamais. pour 2 raisons majeures: l'une est que les textes on n'en a que trop et qui ne pechent que par une chose: LEUR APPLICATION-ex, la loi sur le mecanisme de nominations des fonctionnaires-rejetee illico presto par raspoutine de baabda salim bey. la 2e raison etant que le peuple libanais dans une tres grande proportion DOIT etre eduque non pas a l'ecole mais par justement crainte des lois. IMPOSSIBLE avec ce la classe poilitque passee et presente.

    Gaby SIOUFI

    08 h 28, le 23 juillet 2020

  • Si elle va continuer à élever la voix tout en misant sur le temps, elle va finir par la perdre cette voix... Faut faire gaffe.

    Fadi Chami

    07 h 43, le 23 juillet 2020

Retour en haut