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Politique - Liban

Démission de Bifani : le gouvernement temporise

Le cabinet donne son accord de principe au plan du ministre des Affaires sociales pour le retour des réfugiés syriens. 

Démission de Bifani : le gouvernement temporise

Le gouvernement libanais réuni le 14 juillet 2020 au palais présidentiel de Baabda. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement libanais, réuni au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’État Michel Aoun, a décidé de surseoir mardi à son approbation de la démission du directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, présentée par ce dernier il y a plus de deux semaines. Au cours de la séance, les ministres ont également évoqué les questions du retour des réfugiés et certaines lois de clôture des comptes financiers de l’État. 

Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, le Conseil des ministres a décidé à la majorité des deux tiers de différer sa décision concernant la démission d'Alain Bifani. Ce dernier s'est exprimé, devant le gouvernement réuni, sur les raisons de son départ. Réagissant à la décision du cabinet au micro de la chaîne locale d'informations LBCI, le responsable démissionnaire a par la suite affirmé qu'il "n'avait pas présenté sa démission pour ensuite revenir dessus" et que sa décision était "définitive". 

M. Bifani avait présenté fin juin sa démission, non seulement de la direction générale du ministère, mais aussi de ses fonctions de négociateur avec le Fonds monétaire international afin de dénoncer le manque de volonté des dirigeants libanais de se pencher sur les réformes nécessaires pour redresser le pays. Le FMI, auquel Beyrouth a fait appel pour obtenir des aides financières afin de sortir le pays d'une crise économique et financière aiguë, avait d'ailleurs mis en garde lundi le Liban contre le coût du retard dans l'adoption de réformes et les tergiversations qui font piétiner les négociations depuis deux mois.

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Le cabinet a également évoqué la question de la clôture des comptes budgétaires pour l'année 2018 ainsi que pour les années entre 1997 et 2003. Selon l’article 87 de la Constitution, le budget prévisionnel d’une année ne peut être publié avant que la loi de règlement (clôture des comptes budgétaires) de l’année précédente ne soit votée par le Parlement. La dernière loi de règlement adoptée en 2005 par le Parlement est celle de 2003.

Lors de son intervention devant le gouvernement, M. Bifani a affirmé que les fonctionnaires du ministère des Finances travaillent d'arrache-pied pour reconstituer les bilans manquants pour ces années et il s'est interrogé sur le fait que les bilans pour les années 2004 à 2017 ne sont pas inclus dans le travail de reconstitution des comptes.

Les réfugiés syriens
Le cabinet a en outre donné son accord de principe au plan préparé par le ministre des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé, exposant la politique à suivre dans la perspective d’un retour chez eux des réfugiés syriens, a annoncé la porte-parole du cabinet, la ministre de l'Information Manal Abdel Samad. Ce texte préconise notamment "une collaboration" avec le régime de Damas. En mettant ce plan sur les rails, le Liban officiel tente d’adresser un message fort à la communauté internationale, pour réaffirmer son attachement à un retour des réfugiés syriens chez eux, le plus rapidement possible, indépendamment d’une solution politique à la crise syrienne. Les milieux hostiles au pouvoir en place craignent que le texte proposé ne serve d’instrument pour un rétablissement du dialogue avec le régime de Bachar el-Assad.

Selon les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l'ONU, 980 000 Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis le début de la guerre dans leur pays en 2011. Les autorités libanaises évoquent toutefois le chiffre de 1,5 millions de réfugiés. Ces autorités, et notamment le président Aoun, estiment régulièrement que cet afflux de réfugiés syriens est responsable de la crise que subit le Liban et déplorent que la communauté internationale ne veuille pas parrainer de retours "volontaires" des réfugiés en Syrie. Jusqu'à avant l'arrivée de l'épidémie de coronavirus, la Sûreté générale libanaise organisait toutefois des opérations de rapatriement des réfugiés, en coopération avec le régime de Damas.

Le cabinet a par ailleurs approuvé la nomination de candidats ayant passé depuis plusieurs années l'examen nécessaire à l'entrée au service des douanes, mais qui n'avaient pas encore été désignés. Ces candidats manifestaient régulièrement depuis plusieurs années pour réclamer cette titularisation. A sa sortie de la réunion, le ministre de l'Industrie, Imad Hobballah (Hezbollah), a annoncé qu'il s'était opposé à ces nominations qui, selon lui, devraient "uniquement se baser sur les résultats du concours et les compétences des candidats et non sur la parité".

Diab hausse le ton
Au début de la réunion gouvernementale, le président Michel Aoun a insisté sur l'importance de mettre en application les différentes mesures prévues dans le plan de relance économique et financière, approuvé fin avril par le cabinet, et notamment les points de ce plan concernant les réformes et la baisse du déficit financier. Le chef de l’État a commenté l'explosion de cas de coronavirus enregistrée ces derniers jours, estimant que ce regain de l'épidémie "oblige à reconsidérer certaines mesures de prévention et à faire preuve de plus de sévérité dans l'application d'autres mesures". 

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De son côté, le Premier ministre, Hassane Diab, a souligné que "les défis grossissent et les difficultés s'accumulent" pour le pays, dénonçant les "falsifications de la vérité et des faits" par certaines parties. Il a accusé des formations, qu'il n'a pas nommées, de vouloir "faire obstacle" à l'obtention d'aides financières. Il a affirmé qu'il poursuivrait ses efforts "jusqu'à que ce que le poids de la crise diminue", déplorant toutefois que certains "font tout pour aggraver les souffrances des Libanais". Il a dans ce cadre accusé de "trahison" un responsable "dont le seul intérêt est d'empêcher l'arrivée des aides. Et de souligner qu'il dispose d'informations concernant le contenu de discussions "honteuses" entre certains responsables politiques libanais et les pays arabes, ainsi que des "rapports" prouvant l'existence d'un plan visant à "saboter le gouvernement de l'intérieur". Le président du Conseil a par ailleurs indiqué que les contacts établis avec l'Irak, le Koweït et le Qatar, ainsi que d'autres pays pouvant soutenir le Liban, connaissent "des avancées positives et encourageantes". Cette déclaration intervient alors que le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, a effectué récemment une tournée dans ces pays.

Le rationnement de l'électricité
Le ministre de l’Énergie, Raymond Ghajar, a de son côté souligné que, lors de la visite du général Ibrahim au Koweït, la question du contrat entre l’État et la société Koweït Petroleum pour l'importation de produits dérivés du pétrole a été examinée. Il a affirmé que ce contrat expire à la fin de l'année et que Beyrouth souhaite augmenter les quantités de carburant fournies par cette entreprise lors du renouvellement du contrat. Le ministre a souligné que les discussions du directeur de la SG à ce sujet au Koweït ont été caractérisées par "une atmosphère positive", soulignant toutefois "ne pas savoir comment cela se traduira" concrètement. 

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Raymond Ghajar a en outre commenté le rationnement de l'électricité imposé au pays depuis plusieurs semaines, en raison de la pénurie de mazout. "L'approvisionnement en courant a augmenté de deux heures et demie, dans tout le Liban", a-t-il affirmé. Il a ajouté qu'un navire de carburant devrait arriver mercredi afin d'approvisionner les centrales de Zouk Mosbeh et Jiyeh, une opération qui nécessitera quatre jours, selon lui. "Les améliorations se feront ressentir à partir de jeudi soir", a-t-il indiqué. Enfin, M. Ghajar a annoncé que l’État allait acheter 90.000 tonnes de mazout.

Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, a commenté l'interdiction faite jusqu'à présent aux Libanais de se rendre dans les pays de l'Union européenne en raison de la pandémie de coronavirus. "Cette décision change toutes les quinze jours", a-t-il souligné. Il a par ailleurs annoncé que son homologue français, Jean-Yves Le Drian, arrivera à Beyrouth "en milieu de semaine prochaine".

Le gouvernement libanais, réuni au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’État Michel Aoun, a décidé de surseoir mardi à son approbation de la démission du directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, présentée par ce dernier il y a plus de deux semaines. Au cours de la séance, les ministres ont également évoqué les questions du retour des réfugiés et...

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