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Raï : L'identité du Liban réside dans sa "neutralité positive et constructive"

Raï : L'identité du Liban réside dans sa

Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï recevant le leader maronite Sleiman Frangié (à droite du patriarche) mardi à Dimane. Photo Ani

Le patriarche maronite, Béchara Raï, a réaffirmé mardi que l'identité du Liban résidait dans sa "neutralité positive et constructive", regrettant que le pays soit désormais "isolé du reste du monde". Le dignitaire multiplie, depuis plus d'une semaine, les appels à la neutralité et les critiques implicites à l'encontre de la majorité au pouvoir, notamment au Hezbollah, dans des prises de positions saluées par les figures politiques d'opposition et plusieurs chancelleries, alors que le Liban fait face à la pire crise économique de son histoire.

"Le Liban est le pays de la neutralité, de l'Etat civil, de la rencontre, de la diversité et du vivre-ensemble", a déclaré Mgr Raï à des journalistes depuis le siège estival du patriarcat à Dimane (Nord). Selon lui, le pays était dans les années 50 et 60, "ouvert sur le monde entier, Ouest et Est, à l'exception d'Israël qui a occupé ses terres", mais aujourd'hui, le Liban est devenu "isolé du reste du monde". Cet isolement "ne représente pas notre identité", a-t-il souligné, affirmant que l'identité libanaise repose dans la "neutralité positive et constructive". Le patriarche a encore souligné que cette neutralité était une demande "internationale, européenne et arabe", qui requiert notamment "le respect de la paix, de la justice et des droits de l'homme".  "Nous ne voulons être lié à personne", a-t-il lancé, appelant tous les Libanais à "lutter pour que le Liban reste un message et un modèle". 

Plus tard dans la journée, Mgr Raï a reçu le chef des Marada, le leader maronite de Zghorta Sleiman Frangié. "Nous sommes venus écouter les craintes du patriarche que partagent tous ceux qui sont attachés au Liban, a affirmé M. Frangié à l'issue de la rencontre. Nous nous tenons à ses côtés car nous aussi sommes inquiets pour l’avenir du Liban". Rappelant l'urgence de sortir de la crise, il a rejeté les attitudes "vindicatives" et ceux "qui rejettent la faute sur les autres". "La crise économique est une responsabilité nationale, et chacun doit prendre ses responsabilités pour que reviennent la confiance et les investissements", a-t-il insisté, se disant "prêt à participer à toute rencontre pour le salut du Liban, pourvu qu’elle propose une vision claire pour sortir de cette situation".

Le 5 juillet, le patriarche maronite avait prononcé une homélie dans laquelle il avait lancé une charge virulente contre les responsables politiques, appelant à la neutralité du Liban par rapport aux conflits de la région, estimant que celle-ci est "seule garante de l’avenir". Au cours de cette homélie, il avait pressé le président de la République Michel Aoun de "briser le siège imposé à la libre décision nationale". Depuis, Mgr Raï multiplie ses prises de position dans ce sens et s'attire le soutien de nombreux responsables politiques. 

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L'ancien ministre Nohad Machnouk a affirmé dans la matinée, à l'issue d'une visite à Dar el-Fatwa, que les prises de position et propositions du patriarche "sont à la base du dialogue national et fédérateur". "Alors que le monde entier parle de nous, asseyons-nous ensemble et dialoguons sur les bases" édictées par le patriarche Raï : "neutralité du Liban (…), pouvoir légitime libre et application des résolutions internationales relatives au Liban, a proposé Nouhad Machnouk. Il faut prendre "des décisions qui nous rouvrent les portes de la communauté internationale, en particulier les pays arabes qui sont en mesure de nous aider, mais avant tout, nous devons nous asseoir ensemble", a-t-il insisté.

Commentant lui aussi les propos du cardinal Raï, l'ancien Premier ministre et membre du courant du Futur, Fouad Siniora, a affirmé, à l'issue d'une rencontre avec le mufti de la République Abdellatif Deriane à Dar el-Fatwa, que "nous ne considérons pas l'appel du patriarche Raï comme un retour à la division au Liban, (...) mais comme une occasion de lancer un dialogue national en tant que nation et que pays-message". Il a rappelé que "tous les Libanais ont entendu les pays amis dans le monde se dire prêts à aider le Liban, mais il semble que le Liban, à travers son président et son gouvernement, n'est pas prêt à s'aider lui-même." "Les Libanais désirent un pays libre, indépendant et arabe qui protège tous ses enfants", a-t-il conclu.

Ces dernières semaines, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait appelé les autorités libanaises à se "tourner vers l'Est", en allusion à la Chine, l'Iran et même la Syrie, pour le commerce et la coopération, afin de faire face à la crise et barrer la route aux États-Unis, ennemi juré du parti chiite. Cet appel continue de diviser la classe politique et la population, le Liban entretenant des liens historiques avec de nombreuses puissances occidentales comme les États-Unis ou la France. Dans un discours mardi dernier, le leader chiite avait toutefois modéré sa position, estimant que se tourner "vers l'Est" ne signifiait pas se couper de l'Ouest et appelant à coopérer avec tous les pays, à l'exception de l'Etat hébreu. 

Le patriarche maronite, Béchara Raï, a réaffirmé mardi que l'identité du Liban résidait dans sa "neutralité positive et constructive", regrettant que le pays soit désormais "isolé du reste du monde". Le dignitaire multiplie, depuis plus d'une semaine, les appels à la neutralité et les critiques implicites à l'encontre de la majorité au pouvoir, notamment au Hezbollah, dans des prises...