Lors du sit-in organisé vendredi devant l’ambassade des États-Unis à Aoukar, pourtant destiné à dénoncer « l’ingérence américaine dans les affaires intérieures du Liban », des dizaines de manifestants du Parti syrien national social (PSNS) se sont mis à proférer des insultes contre le souvenir du président assassiné Bachir Gemayel. Ces insultes ont entraîné une vive réaction de partisans du parti Kataëb, dont Bachir Gemayel était l’une des figures les plus influentes jusqu’à son assassinat, le 14 septembre 1982, trois semaines après son élection à la tête de l’État.
Brandissant les drapeaux noirs frappés de l’emblème rouge du PSNS, aux côtés de partisans du Hezbollah qui scandaient des slogans en hommage au secrétaire général Hassan Nasrallah et au fondateur de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Ruhollah Khomeyni, les partisans du PSNS ont entonné des slogans insultant la mémoire du président assassiné. « Sioniste, sioniste », « Bachir, ta tête a sauté », ont-ils notamment repris en chœur, y ajoutant des menaces contre son frère Amine Gemayel, qui lui avait succédé à la tête de l’État jusqu’en 1988 : « Amine, ton tour arrivera. » Parallèlement, ils ont salué Habib Chartouni et Nabil Alam, respectivement exécutant et instigateur de l’attentat contre Bachir Gemayel. Habib Chartouni avait été condamné et détenu, avant d’être libéré par les forces syriennes lorsque celles-ci avaient attaqué les zones chrétiennes en 1990. La réaction de nombreux partisans du parti Kataëb ne s’est pas fait attendre. Samedi matin, ils se sont rassemblés devant une permanence du PSNS à Jdeidé pour exprimer leur colère contre l’atteinte à celui qu’ils considèrent un mythe. Plus tôt dans la matinée, un communiqué du parti Kataëb avait affirmé que « les slogans mesquins n’auront pas raison de l’opinion des Libanais sur le projet souverainiste et réformiste pour lequel Bachir Gemayel est tombé en martyr. Quiconque s’enorgueillit du fait que ses armes et son argent proviennent d’Iran (…), et quiconque rejette le Liban comme entité définitive, indépendante et souveraine (…), doit faire l’objet d’une reddition de comptes pour menace à la paix civile, à la sécurité et la stabilité du Liban ».
En réponse, le PSNS a dénoncé quelques heures plus tard, dans un contre-communiqué, le rassemblement devant sa permanence comme « une provocation inscrite dans un plan de discorde qui vise la paix civile ». Hier, Nadim Gemayel, député Kataëb, a accusé sur son compte Twitter ceux qui ont participé à la manifestation de vendredi de « s’être vendus et d’avoir vendu le Liban à l’Iran et à la Syrie ». « Trente-huit ans après, le nom et la pensée de Bachir Gemayel les effraient. L’idée d’un État fort les effraie. » À L’Orient-Le Jour, il a assuré que « ces gens-là ne croient pas au Liban et à sa souveraineté ». « Ils ont voulu nous donner des leçons de patriotisme, alors que les portraits qu’ils ont brandis sont ceux d’un monde d’oppression, à savoir celui de Ali Khamenei (le guide suprême iranien), Gamal Abdel Nasser (l’ancien président égyptien) et Bachar el-Assad (le président syrien). » L’État doit intervenir, mais malheureusement il n’existe pas. S’il existait vraiment, ces gens-là n’auraient pas existé «, lâche-t-il.
Pour Élias Hankache, joint par L’OLJ, il s’agit de « tentatives vaines de détruire le rêve, les sacrifices et l’espoir que Bachir représentait ».
commentaires (12)
A ce que je vois ,la vie au Liban devient dangereuse ! Les esprits sont surexcités depuis cette lamentable pseudo-révolution qui a sorti tous les démons endormis de la funeste guerre civile ! On est en train de vider le pays de sa substance ! MUltiethnique , multireligieux , pays de la tolérance ? Il ne fallait vraiment pas declencher cette affreuse révolution !
Chucri Abboud
18 h 59, le 13 juillet 2020