Le président de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), Fadlo Khuri, a qualifié samedi l'équipe ministérielle de Hassane Diab de "pire gouvernement de l'histoire du Liban" pour ce qui a trait au soutien qui devrait être apporté à l'enseignement supérieur, alors que ce secteur, à l'instar de tous les autres, est frappé par les répercussions de la profonde crise économique et financière que traverse le pays.
"En ce qui concerne la compréhension de l'importance de l'enseignement supérieur et le soutien à ce secteur, le gouvernement actuel est le pire de l'histoire du Liban", a lancé M. Khuri lors d'un webinaire organisé avec le groupe de réflexion Middle East Institute, basé à Washington, et diffusé sur la chaîne al-Arabiya. "Le secteur est en danger", a-t-il dénoncé. Il a indiqué que si l'AUB pouvait s'en sortir, grâce notamment à ses ressources se trouvant à l'étranger, ce n'est pas le cas d'autres universités libanaises. Il a notamment cité le cas de l'Université arabe de Beyrouth, "une des rares très bonnes universités du pays", dont le président a estimé, lors d'une réunion de responsables académiques avec le gouvernement, qu'elle pourrait encore tenir le coup un an dans la situation actuelle, mais pas plus. Mais "ce gouvernement ne se soucie pas du tout de l'enseignement supérieur, a-t-il déclaré. Et s'il ne s'en soucie pas, cela signifie qu'il ne se soucie pas non plus de l'enseignement en général et donc de notre pays".
"De vrais technocrates"
Le cabinet devrait continuer à soutenir l'AUB et les autres universités libanaises afin de produire "de vrais technocrates, éduqués et capables", a encore lancé le président de l'AUB, estimant que le gouvernement actuel n'est pas composé de technocrates indépendants, contrairement à ce qu'avait promis Hassane Diab, avant de former une équipe ministérielle soutenue par plusieurs grandes formations politiques comme le Courant patriotique libre (aouniste), le Hezbollah et le mouvement Amal.
Le président de l'AUB a encore appelé le gouvernement à "discuter" avec son établissement afin de fournir un calendrier de paiement des subventions dues par l'Etat, qui s'élèvent à plus de 150 millions de dollars.
Sans se référer explicitement aux propos de M. Khuri, le ministre de l'Education et de l'Enseignement supérieur, Tarek Majzoub, a affirmé dans un tweet, publié dans l'après-midi, que le gouvernement "a commencé à trouver des solutions à des problèmes chroniques pour lesquels les étudiants ont payé le prix pendant des années".
Alors que l’Université américaine de Beyrouth (AUB) connaît une crise financière sans précédent, l’obligeant à licencier près de 25 % de son personnel, Hassane Diab mène une action en justice contre la prestigieuse institution en vue d’obtenir une compensation financière. Nommé Premier ministre en décembre 2019, il était professeur à la faculté de génie et ancien vice-président des programmes externes régionaux à l'université. Une source à l’AUB a confirmé cette information à L’Orient-Le Jour, soulignant que M. Diab "a présenté un recours il y a deux jours devant le juge des référés de Beyrouth". Les avocats de M. Diab ont toutefois affirmé que "ce qui est mentionné dans l'information (d'al-Arabiya, ndlr) est incorrect dans les faits, ne tient pas la route sur le plan du droit, et ne correspond sûrement pas au recours présenté par notre client devant le juge des référés de Beyrouth (...)".
commentaires (17)
Un jugement trop hâtif venant d'une prestigieuse université.
Khalil
20 h 04, le 12 juillet 2020